Article mis à jour le 22 janvier 2025 | Pour convertir les prix en €, utilisez notre calculatrice de taux de change.
Si vous êtes amateur d’art et que vous voulez profiter de votre séjour dans la capitale argentine pour vous offrir un bain de culture (à défaut d’aller à Buenos Aires plage), sachez que près d’une centaine de musées sont répertoriés par les services culturels de la ville.
Dans les années 1930, les musées à Buenos Aires se comptaient sur les doigts d’une main (et même sur les doigts de la main gauche de Django Reinhardt pour le dire à la façon de Pierre Desproges). Désormais, il est difficile de faire le tri.
J’ai donc tâché de lister les musées les plus emblématiques (non sans une certaine touche de subjectivité) en mettant en avant leur localisation et leurs caractéristiques principales. 2 critères, à mon sens, qui vous aideront à faire votre choix.
Comme vous le verrez, il y en a pour tous les goûts. Qui que vous soyez, vous trouverez forcément votre bonheur.
J’ai agrémenté cette liste de cartes qui vous aideront à mieux localiser les musées et à appréhender les distances. Muni de la carte SUBE à Buenos Aires, vous pourrez trouver, au moyen de Google Maps, le meilleur itinéraire pour vous y rendre en transport en commun.
⏳ Temps de lecture 30 minutes ⏳
Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- Le Museo Nacional de Bellas Artes (MNBA) est certainement le plus emblématique de la ville. Selon la Secretaría de Cultura de la Nación, il a accueilli 800 000 visiteurs en 2024. Le Louvre argentin en quelque sorte. Regorgeant de toiles et sculptures de grands maitres, ce musée est gratuit (officiellement tout du moins, car les visiteurs sont désormais fortement incités à laisser une contribution volontaire de 3 000 ARS). Une visite est donc vivement conseillée, même si vous risquez d’en sortir lessivé (autre point commun avec le Louvre).
- Le Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires (MALBA) est proche du précédent, si bien que les 2 visites peuvent être combinées. Il vous immergera dans l’art argentin et, plus généralement, latino-américain. N’est-ce pas pour dévorer un morceau d’Amérique du Sud que vous êtes parti aux antipodes ?
- Le Museo Benito Quinquela Martín est mon coup de cœur. Tout autant que le Caminito, avec ses couleurs éclatantes, il est emblématique du quartier de La Boca. Loin de l’art pour l’art, l’expression artistique y est imbriquée dans la vie quotidienne et ses enjeux.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
- Les meilleurs musées de Palermo et de Recoleta
- Les meilleurs musées du Microcentro et de Puerto Madero
- Les meilleurs musées de San Telmo
- Les meilleurs musées de La Boca
- Les meilleurs musées dans d’autres quartiers de la ville
- Tableau récapitulatif des meilleurs musées de Buenos Aires
- En conclusion
- Un mot sur l’auteur
Les meilleurs musées de Palermo et de Recoleta
Cementerio de la Recoleta
Junín 1760 | point A sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis adepte des musées en plein air et du tourisme funéraire.
Comment ça ? Un cimetière dans une liste de musées !!!
Rien de plus logique : le Cementerio de la Recoleta, lieu emblématique du quartier du même nom, est le plus fameux des musées à ciel ouvert de Buenos Aires.
90 mausolées sont classés monument historique national. Tout est dit… ou presque.
Le mausolée de la famille Duarte où repose Evita est le plus célèbre. Il fait l’objet d’un éternel pèlerinage. Mais, le Cementerio de la Recoleta est la dernière demeure de bien d’autres stars :
- Rufina Cambaceres qui aurait été enterrée vivante à l’insu de son plein gré (et surtout après une effroyable méprise). Une statue, à l’entrée de la tombe, la représente en train de sortir pour retourner à la vie :
- Liliana Crociati de Szaszak morte à cause d’une avalanche (une autre manière d’être enterré vivant… décidément !) et représentée en train de caresser son chien (non secouriste) :
- Salvador María del Carril et Tiburcia Domínguez, un couple qui se tourne le dos à jamais. Disons que des différends financiers ont eu raison de leur passion… Les Rita Mistouko nous ont prévenus : même éternelles, les histoires d’amour finissent mal… en général :
- la famille Dorrego Ortiz Basualdo, très très très riches propriétaires terriens, dont le mausolée est un peu le Burj Khalifa ou l’Empire State Building du cimetière :
Accéder au Cementerio de la Recoleta est désormais payant (et pas qu’un peu, l’entrée est bien plus couteuse que celle de l’immense majorité des musées listés dans cet article). Une raison de plus de considérer ce cimetière comme un musée.
- Entrée : 17 620 ARS – non vous ne rêvez pas, la mort devient un luxe – pour les touristes non résidents
- Ouvert tous les jours
- Visites guidées incluses (uniquement en espagnol) les vendredis et samedis après-midi. Idéal pour comprendre ce lieu qui regorge d’histoires étonnantes. Si les vendredis et samedis ce n’est pas permis ou si vous êtes fâché avec la langue de Cervantes, d’autres options de qualité sont heureusement accessibles.
Museo Nacional de Bellas Artes (MNBA)
Avenida del Libertador 1473 | point B sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis un esthète fauché, mais exigeant : entrée gratuite (officiellement en tout cas…) et collection d’une qualité et d’une diversité impressionnantes !
Les 12 000 pièces (peintures, sculptures, dessins, gravures, textiles, mobilier, etc.) du Museo Nacional de Bellas Artes, inauguré en 1895, datent du XVe siècle à nos jours.
Aux côtés de Cézanne, Chagall, Degas, El Greco, Goya, Manet, Picasso, Rembrandt, Renoir, Rodin, Rubens, Van Gogh, Vasarely, etc., les artistes argentins (Cándido López, Lino Enea Spilimbergo, Prilidiano Pueyrredón, Fernando Fader, Benito Quinquela Martín, Xul Solar, Antonio Berni, Carlos Alonso y Antonio Seguí, etc.) ne sont pas en reste.
Des paysages romantiques du XIXe siècle aux mouvements avant-gardistes du XXe siècle en passant par le maniérisme, le baroque ou l’art andin précolombien (une salle y est dédiée) : il y en a vraiment pour tous les goûts !
Si vous hésitez malgré tout, explorez la collection numérique du musée : plus de 2 500 œuvres, avec des images haute définition accompagnées de fiches techniques, sont accessibles en quelques clics.
- Gratuit, en théorie, mais, 3 000 ARS, en pratique. En effet, depuis mi-novembre 2024, les vigiles à l’entrée invitent les visiteurs à former une file qui les conduit à passer devant des automates. Une fois devant la machine, chacun est invité à faire une contribution volontaire :
Le montant suggéré par l’appareil est de 3 000 ARS. Sachant qu’il est possible d’ajuster ce chiffre à la hausse ou à la baisse. Rien n’interdit d’opter pour 0 ARS, car officiellement l’entrée au musée est gratuite. Mais si vous faites ce choix (celui du 0 + 0 = la tête à Toto), il faudra l’assumer : on aura vite fait de vous prendre pour un pingre et non pour un défenseur du financement de l’accès à la culture par la solidarité collective.
On se demande bien pourquoi le musée a fait ce choix. Il aurait été tellement plus simple de décider que l’entrée coûtait désormais 3 000 ARS. Quand on voit qu’il faut désormais payer (et pas qu’un peu !) pour entrer au cimetière de la Recoleta, personne n’aurait crié au scandale. J’aime à dire que l’Argentine est bien plus exotique qu’on ne le pense, en voilà une nouvelle preuve.
Pour payer votre contribution, ce sera par carte bancaire (ou autre moyen de paiement électronique). Les machines n’acceptent pas les espèces.
- Fermé le lundi
- Visites guidées incluses (uniquement en espagnol) les vendredis et samedis après-midi
Museo Nacional de Arte Decorativo
Avenida del Libertador 1902 | point C sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis un aficionado du bon goût et que je n’en peux plus du style Ikea.
Conçu entre 1911 et 1917 par René Sergent, architecte français en vogue à la Belle époque, ce palais mérite d’être mentionné dans cette liste et pas seulement si vous êtes en quête d’idées pour embellir votre intérieur (ah, la fameuse beauté intérieure).
Le Museo Nacional de Arte Decorativo est le témoin du mode de vie de l’oligarchie latino-américaine du début du XXe siècle : Josefina de Alvear et Matías Errázuriz Ortúzar, couple argentino-chilien, et ses 2 enfants étaient servis par 33 personnes.
En 1935, à la mort de son épouse, Matías Errázuriz Ortúzar, diplomate chilien, décida de rentrer dans son pays. Il légua la bâtisse et l’ensemble du patrimoine mobilier à l’État à condition qu’elle soit transformée en musée public d’art décoratif.
L’exposition permanente est composée d’objets artistiques d’usage quotidien du XIVe au XXe siècle : meubles, sculptures, porcelaines, verres, céramiques, pièces d’orfèvrerie, livres de collection et tapis européens et orientaux. Le salon principal d’une taille imposante impressionne : il a été conçu de sorte que les murs soient suffisamment grands pour accueillir d’immenses tapisseries de la manufacture de Bruxelles qui datent du XVe siècle :
Chaque pièce est un tableau d’élégance, conçu avec un raffinement que n’aurait pas renié Nadine de Rothschild.
Attention méticuleuse aux détails et mariage harmonieux de l’art et de la fonctionnalité font de cette célébration des arts décoratifs un véritable festin.
- Gratuit
- Visites guidées du mercredi au samedi à 16h
- Fermé le lundi et le mardi
Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires (MALBA)
Avenida Figueroa Alcorta 3415 | point D sur la carte
C’est pour moi si…
J’ai traversé l’Atlantique pour embrasser les artistes latino-américains.
Le Musée d’Art Latino-américain (MALBA) a ouvert ses portes au public en 2021. Il expose la collection d’art de la Fondation Costantini. Elle comprend environ 400 œuvres (peintures, sculptures, gravures, photographies et objets) d’artistes latino-américains du XXe siècle.
Le bâtiment moderne, revêtu de calcaire et doté de larges surfaces de verre et d’acier, a été réalisé à la suite d’un concours public international (plus de 450 projets étaient en lice !). Dès l’entrée, le design épuré et élégant séduit.
Un peu comme la Mona Lisa au Louvre, Frida Kahlo et Diego Rivera sont les stars du MALBA. Mais, il serait dommage de bouder Joaquín Torres-García, Antonio Berni, Jorge de la Vega, Tarsila do Amaral, Pedro Figari, Lygia Clark, Guillermo Kuitca, Fernando Botero, etc.
Grâce au MALBA et à Nadia, ma meilleure amie porteña, je suis tombé amoureux de l’œuvre de Berni, artiste engagé et grand témoin des injustices de son temps. Son tableau Manifestacion est poignant :
Sa série d’œuvres autour du personnage de Juanito Laguna ne laisse pas indifférents :
La collection permanente vous attend au 1er étage. Le 2e étage, quant à lui, est dédié à des expositions temporaires qui s’ouvrent à des artistes internationaux.
Séances de cinéma, présentation de livres (Carlos Fuentes et Paul Auster y ont animé des séminaires), conférences données par des universitaires complètent la programmation.
Le MALBA est un musée dont on ressort émerveillé, stimulé, mais certainement pas fatigué. Sa taille humaine et ses espaces aérés y sont pour beaucoup.
- Entrée : 8 000 ARS
- Demi-tarif le mercredi
- Gratuit tous les jours pour les moins de 5 ans)
- Fermé le mardi
Museo Evita
Lafinur 2988 | point E sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis membre du fan club international d’Evita (et que j’ai revendu ma VHS du film d’Alan Parker pour me payer le voyage à Buenos Aires).
Une halte incontournable pour découvrir la vie et l’œuvre politico-sociale d’une des figures les plus importantes de l’histoire argentine : Eva Duarte de Perón.
Et pour essayer de comprendre le péronisme (un courant politique qui déchaine autant de passion en Argentine que la rivalité footballistique entre Boca Juniors et River Plate, c’est dire !).
Du vivant d’Evita, ce lieu a été acquis par la fondation portant son nom, puis transformé en refuge pour femmes, ce qui en dit déjà long sur l’icône argentine, le sens de sa vie et de ses combats. Pour le 50e anniversaire de sa mort, il est devenu un musée.
S’appuyant sur des expositions immersives et des technologies interactives, le musée propose un parcours à travers la vie d’Eva Perón en utilisant des photographies, vidéos, documents et objets d’époque (vêtements, objets personnels, matériel graphique, souvenirs familiaux, décorations, mobilier, etc.). Idéal pour comprendre le contexte dans lequel Evita a grandi et évolué.
- Entrée : 9 000 ARS pour les étrangers non résidents (6 600 ARS pour les étudiants étrangers)
- Audioguide inclus (en anglais, espagnol ou portugais) dans le prix d’entrée
- Fermé le lundi
Museo de Artes Plásticas Eduardo Sívori
Avenida Infanta Isabel 555 | point F sur la carte
⚠ | Le Museo Sívori a réouvert ses portes, après avoir été fermé pour travaux de rénovation une bonne partie de l’année 2024.
C’est pour moi si…
Je veux découvrir l’art argentin moderne et contemporain.
Créé dans les années 30 du siècle passé, le Museo de Artes Plásticas Eduardo Sívori a connu plusieurs adresses avant de s’établir (définitivement ?) en 1996 à son emplacement actuel : un magnifique bâtiment historique au cœur du plus grand poumon vert de la ville.
On peut y accéder depuis le Rosedal (la roseraie du Parque Tres de Febrero) en empruntant le Puente Griego. D’ailleurs, certaines salles ressemblent à des serres. Pourtant, on ne s’y sent pas enserré.
Ce musée doit son nom à un peintre argentin qui joua un rôle important dans la défense et l’organisation des artistes de son pays. Fort d’un patrimoine de plus de 4 000 œuvres d’art argentin des XXe et XXIe siècles, il offre un aperçu de la scène artistique passée et actuelle du pays.
Cet héritage perdure, chaque année, lors du Salón de Artes Plásticas Manuel Belgrano (68e édition en 2024). À cette occasion, le musée décerne des prix (peinture, sculpture, dessin, gravure, etc.).
- Entrée : 5 000 ARS pour les étrangers non résidents
- Gratuit le mercredi (et tous les jours pour les moins de 12 ans)
- Fermé le mardi
Les meilleurs musées du Microcentro et de Puerto Madero
Buque Museo ARA Fragata Sarmiento
Alicia Moreau de Justo 980 | point A sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis amateur d’art et, surtout, marin d’eau douce.
Ce bateau-musée, grand témoin d’un autre temps, a beaucoup de choses à raconter après avoir parcouru le monde. Voilà une halte culturelle originale !
Conçue à la toute fin du XIXe siècle pour former les cadets de l’école navale militaire, la frégate Sarmiento a effectué 37 voyages aux longs cours.
Sorte d’ambassadrice de l’Argentine, elle était présente lors du centenaire de l’indépendance du Mexique, lors de l’ouverture du canal de Panama ou lors de l’inauguration de statues des héros de la guerre d’indépendance argentine : celle de José de San Matin à Boulogne-sur-Mer et celle de Manuel Belgrano à Gênes. C’est dire si elle a vu du pays.
Lassée des longs voyages, pressentant (qui sait ?) la Deuxième Guerre mondiale, à partir de 1939, elle s’est contentée de naviguer dans les eaux du Río de la Plata et des fleuves Paraná et Uruguay.
Ayant définitivement jeté l’ancre à Puerto Madero au début des années 1960, la frégate Sarmiento s’est transformée en musée. Outre les souvenirs de ses voyages, on y découvrira les conditions de vie des marins (cantine, salle des machines, cabines, salons, etc.) et… de leurs animaux de compagnie.
- Entrée : 500 ARS (gratuit pour les moins de 5 ans)
- Fermé du lundi au mercredi
Museo Histórico y Numismático Héctor Carlos Janson (Museo del Banco Central)
San Martín 216 | point B sur la carte
C’est pour moi si…
J’essaie désespérément de comprendre la passion des Argentins pour le dollar et/ou si je suis numismate.
Fruit des liaisons dangereuses voire incestueuses entre la culture et la finance, ce musée est dédié à l’histoire de la monnaie du pays et de tous les moyens de paiement qui ont circulé sur ce territoire depuis les peuples autochtones jusqu’à nos jours.
Comme les Français, les Argentins ne manquent pas de créativité lorsqu’il s’agit de désigner l’argent : guita, mosca, mango, gamba, palo, luca, tela, morlacos, chirolas, etc.
L’observation des 20 000 pièces de monnaie qui font partie de la collection du musée devrait être une source d’inspiration supplémentaire !
Inauguré en 1941, le musée a été rebaptisé en 2017. Il a pris le nom de Héctor Carlos Janson, l’un des principaux experts en numismatique du pays, à la suite de la donation de sa collection.
Le bâtiment de style néoclassique, déclaré monument historique national en 2005, vaut le coup d’œil. Construit au milieu du XIXe siècle pour accueillir la Bourse de commerce de Buenos Aires, il a ensuite été cédé à la Banque centrale.
- Gratuit
- Fermé le samedi et le dimanche
ex-Centro Cultural Kirchner (CCK) | Palacio Libertad
Sarmiento 151 | point C sur la carte
C’est pour moi si…
Je veux me perdre dans 100 000 m² de culture et (qui sait ?) ne jamais me retrouver.
L’ex-CCK est un espace moderne et (extrêmement) vaste dédié à diverses manifestations artistiques : concerts, récitals, arts visuels, événements littéraires, poésie, arts du spectacle, nouvelles technologies, ateliers, festivals, projections, hommages, foires, programmation spécifique pour les enfants, etc.
Siège de la direction centrale des postes et télégraphes pendant 80 ans, le bâtiment a fait l’objet d’une vaste restauration. En 2015, il a réouvert au public en tant que centre culturel.
Ses 100 000 m² en font le plus grand lieu culturel d’Amérique latine. 5 auditoriums, 18 halls pour l’événementiel et la lecture de poésie, 40 espaces d’arts et galeries, 16 salles et 2 terrasses. Les chiffres donnent le vertige… une fois arrivé au 9e étage.
Mais le plus spectaculaire est sans doute la Ballena Azul (baleine bleue), la grande salle de concert (1 950 places) à l’acoustique d’excellence où se produit l’orchestre symphonique national d’Argentine.
Bref, il s’y passe toujours quelque chose au Centro Culturel Kirchner. Pour preuve, l’actuel président a décidé de changer son nom. Le 12 octobre 2024, il a été rebaptisé Palacio Libertad Domingo F. Sarmiento.
Pour la petite histoire : en 1928, le bâtiment abritait, entre autres, une école pour les enfants des employés des postes, un salon de coiffure, une pharmacie et un laboratoire d’analyses médicales. Malgré son changement d’affectation, il reste un lieu éclectique.
- Gratuit…
- …mais avec retrait de ticket sur place pour les concerts et les activités à la capacité d’accueil limitée
- Fermé le lundi et le mardi
Colección de Arte Amalia Lacroze de Fortabat
Olga Cossettini 141 | point D sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis à la recherche d’une expérience éclectique dans un lieu incitant à la contemplation.
La Colección de Arte Amalia Lacroze de Fortabat (souvent appelée Museo Fortabat tout court), du nom de la femme d’affaires argentine ayant décidé d’y exposer son impressionnante collection, comprend des peintures et sculptures d’une qualité exceptionnelle.
Inaugurée en 2008, elle expose plus de 150 œuvres d’artistes internationaux renommés tels que Blanes, Brueghel le Jeune, Dalí, Rodin, Turner ou Warhol. Ces derniers côtoient des artistes argentins tels que Berni, Quinquela Martín, Noé, Pérez Celis, Fader, Soldi et Xul Solar.
Le bâtiment (7000 m², 4 niveaux) est doté de stores mobiles en aluminium qui ajustent le niveau de luminosité naturelle pour mettre en valeur les travaux des artistes. Conçu par l’architecte uruguayen Rafael Viñoly, il offre une expérience esthétique dès l’extérieur.
L’intérieur est caractérisé par de longues salles. Elles font un peu penser au Musée d’Orsay à Paris et invitent à se laisser porter par ce qui attire notre regard au loin.
La vue panoramique sur Puerto Madero depuis les étages renforce cette atmosphère contemplative.
- Entrée : 4 000 ARS
- Demi-tarif le jeudi
- Gratuit pour les moins de 6 ans et uniquement le jeudi pour les moins de 12 ans
- Visites guidées incluses, uniquement en espagnol, les vendredis et samedis après-midi
- Fermé du lundi au mercredi
Les meilleurs musées de San Telmo
Museo de Arte Moderno de Buenos Aires (MAMBA)
Avenida San Juan 350 | point A sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis intéressé par une expérience immersive dans l’expression artistique contemporaine.
Avec sa façade en briques et végétalisée, le Museo de Arte Moderno de Buenos Aires ne passe pas inaperçu. Mais sa drôle d’histoire est tout aussi mémorable !
Officiellement créé en 1956, ce musée dédié à la promotion de l’art contemporain exista pendant de nombreuses années hors les murs. Autrement dit, il était nomade, sans aucun espace d’accueil attitré. La presse locale l’appela bientôt « le musée fantôme », ce à quoi Rafael Squirru, premier directeur et initiateur du projet, répondait (en français dans le texte) : « Le Musée c’est moi ! »
Puis, après moult pérégrinations, dans les années 1980, il prit place dans l’ancienne manufacture de tabac de la marque Piccardo. Les chiffres que l’on peut lire sur la façade correspondent à l’un des produits phares de l’entreprise : les cigarettes 43.
Rénové et agrandi à partir de 2015 (pour, notamment, le doter d’une boutique-café et de salles éducatives), puis réinauguré en 2018, cet espace de 11 000 m² entend faire en sorte que les œuvres exposées et les artistes soient les principaux protagonistes de l’expérience proposée aux visiteurs.
Outre son engagement éducatif, le Museo Moderno propose, à l’instar du Musée des Abattoirs à Toulouse, des expositions temporaires en prise avec des sujets de sociétés actuels.
- Entrée : 10 000 ARS pour les étrangers non résidents
- Gratuit le mercredi (et tous les jours pour les moins de 12 ans)
- Fermé le mardi
Museo Histórico Nacional
Defensa 1600 | point B sur la carte
C’est pour moi si…
Je m’intéresse à l’histoire de l’Argentine. Et si je veux épater Stéphane Bern à mon retour en France.
Le Museo Histórico Nacional est situé dans le beau Parque Lezama, au sud de San Telmo. La bâtisse appartenait à l’origine a un commerçant anglais qui avait coutume d’y hisser le drapeau de son pays.
Lorsqu’on connait la rivalité argentino-anglaise – dont la Guerre des Malouines et la Main de Dieu de Maradona sont les énièmes épisodes –, en avoir fait un espace culturel dédié à l’histoire de l’Argentine est plutôt ironique.
Ce musée abrite une riche collection d’objets liés à l’histoire du pays et, notamment, de la Guerre d’indépendance (canons, ponchos, uniformes, sabre… ben oui, l’indépendance n’a pas été conquise dans la joie et la bonne humeur).
Le musée propose, notamment, une réplique de la chambre à coucher de José de San Martin (héros de l’indépendance) dans sa dernière demeure de Boulogne-sur-Mer.
Par ailleurs, le drapeau historique qui, en 1812, accompagna Manuel Belgrano (autres héros de l’indépendance) lors des batailles de l’Alto Pérou y est exposé.
Pour la petite histoire (qui rejoint souvent la grande) : ce drapeau fut retrouvé par hasard dans une paroisse bolivienne où il avait été caché pour le préserver des ennemis. Puis, en 1896, le gouvernement bolivien céda le drapeau au Museo Histórico Nacional.
Je vous conseille l’exposition permanente Tiempo de Revolución qui porte sur la Révolution de Mai et la Guerre d’indépendance. Elle vous aidera sans doute à mieux comprendre le patriotisme (paradoxal) des Argentins.
- Gratuit
- Fermé le lundi et le mardi
Les meilleurs musées de La Boca
Museo Benito Quinquela Martín
Avenida Don Pedro de Mendoza 1835 | point A sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis convaincu que l’art a un rôle social à jouer.
À quelques mètres du Caminito, vous ne pourrez pas manquer ce bâtiment et sa façade aux couleurs vives dans le style le plus caractéristique de La Boca.
Construit sur un terrain acquis par le peintre autodidacte Benito Quinquela Martín, l’édifice a d’abord accueilli une école primaire au rez-de-chaussée. Ouverte en 1936, elle existe encore aujourd’hui. Puis, 2 ans plus tard, le musée a vu le jour.
Ces réalisations s’inscrivaient dans un projet de développement du quartier combinant jardin d’enfants, hôpital odontologique pour enfants, école d’art graphique, théâtre, etc.
Quinquela Martín, qui utilisait la spatule et non le pinceau pour brosser des scènes de la vie quotidienne portuaire, était très engagé dans la promotion du quartier de La Boca.
Musée exclusivement dédié à l’art figuratif, son fonds comprend environ 1 500 œuvres d’artistes argentins. Il comporte 12 salles aux murs colorés et 3 terrasses exposant des sculptures.
Rassemblées par Quinquela Martín en personne, les figures de proue – qui font penser à la collection de Pablo Neruda dans sa dernière demeure de l’Isla Negra au Chili – sont particulièrement marquantes.
Ayant découvert un peu par hasard et beaucoup par curiosité, l’œuvre de Quinquela Martin lors d’une rétrospective qui lui était consacrée à Córdoba en 2001, j’ai immédiatement été enchanté. Ce peintre et ce musée occupent donc une place particulière dans ma vie.
Parcourir ce lieu permet, qui plus est, de prendre de la hauteur. Depuis les terrasses, on devine, par-delà les façades colorées du Caminito, le quotidien bien moins éclatant des habitants du quartier. Malgré les efforts méritoires de Quinquela Martín et ses compagnons, La Boca demeure un quartier populaire qui ne semble pas appartenir tout à fait à la même ville que Palermo ou Recoleta.
- Entrée : 2 000 ARS
- Fermé le lundi
Fundación PROA
Avenida Don Pedro de Mendoza 1929 | point B sur la carte
C’est pour moi si…
Je suis à la recherche d’une expérience culturelle avant‑gardiste.
Bien que située à quelques pas du Caminito et du Museo Benito Quinquela Martin, la Fundación PROA, avec sa façade blanche et vitrée, tranche avec les tons bariolés de La Boca.
Ce centre d’art contemporain, sans collection permanente, accueille des expositions. Créé en 1996, il doit son nom (Proa) à la revue littéraire d’avant-garde créé par Jorge Luis Borges. La proa (proue en français) fait aussi écho à l’identité du quartier : les bateaux, le port et l’immigration (principalement italienne).
L’art y est en conversation constante avec l’architecture : l’espace intérieur et extérieur évolue constamment en fonction des œuvres exposées.
Les architectes milanais, conservant de nombreux éléments (dont les colonnes) du manoir d’origine (1895), ont veillé à créer de grandes salles blanches relativement austères et minimalistes de sorte que les œuvres exposées puissent les habiter à leur guise.
Ayant fait l’objet d’une rénovation-extension en 2008, la Fundación PROA s’est dotée d’un café, d’une libraire et d’une terrasse offrant une belle vue sur le port.
- Entrée : 4 000 ARS (gratuit pour les moins de 12 ans)
- Gratuit le mercredi pour tous
- Fermé le lundi et le mardi
Museo de la Pasión Boquense
Brandsen 805 | point C sur la carte
C’est pour moi si…
Je jure que le football est un art. Et si je suis passionné et nostalgique de Maradona et de son monde.
Situé sous l’une des tribunes du stade La Bombonera, le musée de Boca Juniors offre l’opportunité de revivre l’histoire centenaire du club : les victoires, les célébrations (un peu moins les défaites…), la rivalité avec River Plate (l’autre grand club de foot de Buenos Aires), mais aussi et surtout la passion.
La collection d’objets (maillots de toutes les époques ou trophées) et les hommages aux joueurs ayant porté la tunique bleue et or lors des matchs officiels depuis 1931, vous feront ressentir toute la ferveur boquense.
Dans l’auditorium, un spectacle audiovisuel retrace les exploits des plus grandes idoles de l’histoire du club : Juan Román Riquelme, Martín Palermo, Carlos Tevez ou encore Gabriel Batistuta.
Bien entendu, une place toute particulière est accordée à Diego Armando Maradona, le plus illustre des artistes ayant porté cette tunique.
- Entrée : 30 000 ARS (musée et stade) pour les touristes non-résidents et 27 000 ARS pour les moins de 10 ans. Sale époque ! Aller au stade devient vraiment un luxe (même quand il est vide). Notez qu’il existe une formule express (musée et vue du stade depuis un point panoramique) au prix de 20 000 ARS (18 000 ARS pour les moins de 10 ans). Si vous vous contentez du musée (sans le stade), ce sera 16 000 ARS (14 000 ARS pour les moins de 10 ans).
- Gratuit pour les moins de 4 ans.
- Ouvert tous les jours
Les meilleurs musées dans d’autres quartiers de la ville
Buenos Aires s’étendant sur 203 km² et comptant 48 quartiers, le classement des musées par zone géographique trouve rapidement ses limites. Dans cette section, j’ai donc listé des musées qui valent le coup d’œil à condition de s’éloigner des secteurs les plus touristiques.
Museo casa Carlos Gardel
Jean Jaurès 775 | Quartier : Balvanera
C’est pour moi si…
Je suis passionné de tango, genre musical et chorégraphique emblématique de l’Argentine
Si pour vous tango et Buenos Aires sont synonymes, la visite du Museo Casa Carlos Gardel, situé rue Jean Jaurès (étonnant non ?), est le meilleur moyen de comprendre l’histoire et l’évolution de cet art.
Carlos Gardel a acheté cette maison à sa mère en 1927. Ils y vécurent ensemble pendant 6 ans. Ce cadeau étant sans doute (hypothèse personnelle !) une façon de s’excuser de toutes ses fourberies : élève partisan de l’école buissonnière, mythomane professionnel et affabulateur de génie, le roi du tango est un personnage quasi légendaire. Si bien que trois pays (Argentine, Uruguay et France) revendiquent non pas sa paternité, mais le fait de l’avoir vu naitre.
Quoi qu’il en soit, depuis son ouverture en 2003, ce musée s’efforce de préserver, exposer et diffuser le patrimoine culturel lié à Gardel et à son époque.
Vous y découvrirez des objets personnels de l’artiste, des photographies, des instruments de musique, des partitions et des souvenirs de sa carrière. La liste des 893 chansons enregistrées par le maitre de 1912 à 1935, année de sa mort, impressionne tout particulièrement.
Vous pourrez également y écouter plusieurs de ses œuvres et visionner des extraits de ses films.
- Entrée : 6 000 ARS pour les étrangers non résidents
- Gratuit le mercredi (et tous les jours pour les moins de 12 ans)
- Fermé le mardi
- La maison est petite et la visite peut être pénible les jours de forte fréquentation. Si vous voyez les gens faire la queue sur le trottoir, allez manger une glace chez Luciano’s au centre commercial Abasto (entre autres plans B envisageables) et revenez un peu plus tard.
Espacio Memoria y Derechos Humanos (Ex-ESMA)
Avenida Del Libertador 8151 | Quartier : Nuñez
C’est pour moi si…
Je ne souffre pas d’amnésie volontaire et sélective (contrairement au président argentin actuel)
Certains diront que ce n’est pas un musée. Libre à eux.
Les musées n’ont pas nécessairement vocation à servir l’art pour l’art. Ils peuvent également donner à penser et à s’indigner.
Il y a 20 ans, l’Escuela de Mecánica de la Armada (ESMA), le plus tristement célèbre des centres clandestins de détention et de torture pendant la dernière dictature civico-militaire (1976-1983), est devenue l’Espacio Memoria y Derechos Humanos.
Le 19 septembre 2023, ce lieu a fait son entrée dans le patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Il donne à voir la terroriste réalité de cette dictature.
L’Espacio Memoria y Derechos Humanos mérite d’autant plus votre visite que l’élection de Javier Milei et de la vice-présidente Victoria Villarruel marque l’arrivée à la tête de l’exécutif argentin d’un personnel politique ouvertement négationniste.
Cela ne doit pas occulter le travail remarquable de mémoire réalisé par l’Argentine depuis une vingtaine d’années. Un travail dont la France (Vichy connait pas…) gagnerait à s’inspirer, même s’il ne saurait suffire à éviter que les nostalgiques des ordres noirs viennent exprimer leurs insanités médiatiques à des heures de grande écoute.
Les diverses expositions rendent hommage aux victimes de la dictature, mais aussi aux mères et grands-mères de la Place de mai qui, dès le printemps 1977, au péril de leurs vies, ont demandé des explications sur les disparitions de leurs enfants et petits-enfants.
- Gratuit
- Ouvert tous les jours
Cette visite peut utilement être complétée par celle du Parque de la Memoria (Monumento a las Víctimas del Terrorismo de Estado), situé non loin de là, sur les rives du Río de la Plata.
Tableau récapitulatif des meilleurs musées de Buenos Aires
Musée | Adresse | Prix (2025) | Horaires | Points forts |
Cementerio de la Recoleta | Junín 1760 | 17 620 ARS | Ouvert 7j/7 | 90 monuments historiques, tombe d’Evita (Eva Peron) |
Museo Nacional de Bellas Artes (MNBA) | Av. del Libertador 1473 | Gratuit (en théorie) 3 000 ARS (en pratique) | Fermé lundi | 12 000 œuvres, collection européenne et latino-américaine |
Museo Nacional de Arte Decorativo | Av. del Libertador 1902 | Gratuit | Fermé lundi/mardi | Objets artistiques d’usage quotidien (XIVe au XXe siècle) |
Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires (MALBA) | Av. Figueroa Alcorta 3415 | 8 000 ARS, ½ tarif mercredi | Fermé mardi | Art latino-américain, Frida Kahlo, Diego Rivera |
Museo Evita | Lafinur 2988 | 9 000 ARS | Fermé lundi | Vie et œuvre d’Eva Peron, objets personnels |
Museo de Artes Plásticas Eduardo Sívori | Av. Infanta Isabel 555 | 5 000 ARS | Fermé mardi | 4 000 œuvres argentines des XXe et XXIe siècles |
Fragata Sarmiento | Alicia Moreau de Justo 980 | 500 ARS | Fermé lundi au mercredi | Conditions de vie des marins |
Museo del Banco Central | San Martín 216 | Gratuit | Fermé samedi et dimanche | Histoire de la monnaie, 20 000 pièces |
ex-Centro Cultural Kirchner (CCK) | Sarmiento 151 | Gratuit | Fermé lundi/mardi | Plus grand centre culturel (100 000 m²) d’Amérique latine |
Colección de Arte Amalia Lacroze de Fortabat | Olga Cossettini 141 | 4 000 ARS, ½ tarif jeudi | Fermé lundi au mercredi | Bâtiment moderne et ingénieux, 150 œuvres d’artistes renommés |
Museo de Arte Moderno (MAMBA) | Av. San Juan 350 | 10 000 ARS, Gratuit mercredi | Fermé mardi | Art contemporain, 11 000 m² |
Museo Histórico Nacional | Defensa 1600 | Gratuité | Fermé lundi/mardi | Histoire de l’Argentine, Parque Lezama |
Museo Benito Quinquela Martín | Av. Don Pedro de Mendoza 1835 | 2 000 ARS | Fermé lundi | Art figuratif, vue sur La Boca |
Fundación PROA | Av. Don Pedro de Mendoza 1929 | 4 000 ARS, Gratuit mercredi | Fermé lundi/mardi | Art contemporain, vue sur le Riachuelo |
Museo de la Pasión Boquense | Brandsen 805 | 16 000 à 30 000 ARS (selon la visite) | Ouvert 7j/7 | Histoire de Boca Juniors, Maradona, Bombonera |
Museo Casa Carlos Gardel | Jean Jaurès 775 | 6 000 ARS, Gratuit mercredi | Fermé mardi | Histoire du tango, objets personnels |
Espacio Memoria (Ex-ESMA) | Av. del Libertador 8151 | Gratuit | Ouvert 7j/7 | Patrimoine UNESCO, mémoire de la dictature |
En conclusion
Toute liste de ce type est, par définition, subjective et lacunaire.
Toutefois, elle vous aura certainement convaincu que Buenos Aires propose une grande variété de musées, d’une qualité inestimable.
J’espère que ces quelques indications sur les meilleurs musées de Buenos Aires en 2024 vous aideront à faire votre choix et à vivre des expériences mémorables.