Elles sont partout, nous toisent et barrent l’horizon… Qui ça ? Les immenses tours, bien sûr, immanquablement associées à Puerto Madero.
Elles tranchent radicalement avec les demeures coloniales de San Telmo, les maisons bariolées de La Boca ou encore les édifices de style haussmannien de l’Avenida Alvear à Recoleta.
Situé le long du Rio de la Plata, ce quartier a fait l’objet d’une rénovation spectaculaire à partir de 1991. Ce port industriel en déclin est devenu le symbole du renouveau urbain de Buenos Aires : les buildings étincelants côtoient les entrepôts réaménagés, devenus des restaurants chics ou des galeries d’art avant-gardistes.
Si vous êtes à la recherche d’une balade romantique et/ou instructive (car l’un n’empêche pas l’autre), les quais, parcs et musées de ce quartier méritent toute votre attention.
▶ Tous nos Guides touristiques ◀
⏳ Temps de lecture 24 minutes ⏳
Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- Les colossales tours sont incontournables, même si elles vous laisseront gentiment vous faufiler entre leurs pieds. Certes, ces gratte-ciels font figure de nains si on les compare aux édifices d’1 km de haut qui poussent au Moyen-Orient ou en Asie. Mais, ils ajoutent une touche d’éclectisme à Buenos Aires, cette ville d’une diversité architecturale remarquable.
- La tentation de traverser le Puente de la Mujer sera difficilement résistible si vous vous baladez sur les quais. Avec ses courbures étonnantes, plus qu’un pont, il s’agit d’un monument en l’honneur du tango.
- Le Parque Micaela Bastidas et, SURTOUT, la Reserva Ecológica Costanera Sur sont les poumons verts de ce quartier où tout n’est pas béton, acier et verre. Ils raviront les voyageurs en mal de nature.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
- Un peu d’histoire pour les nuls (dont je fais partie)
- Carte des lieux à visiter à Puerto Madero
- Gratte-ciels : une vingtaine de tours dominent la ville
- Puente de la Mujer | Pont de la Femme
- Reserva Ecológica Costanera Sur | Réserve Écologique Costanera Sur
- Fuente de Las Nereidas | Fontaine des Néréides
- Patio Gastronómico de Rodrigo Bueno
- Parque Micaela Bastidas | Parc Micaela Bastidas
- Paseo de la Gloria | Promenade de la Gloire
- Colección de Arte Amalia Lacroze de Fortabat | Collection d’Art Amalia Lacroze de Fortabat
- Hotel de los Inmigrantes (Museo de la Inmigración) | Hôtel des Immigrants (Musée de l’Immigration)
- Buques Museos | Bateaux-musées
- Museo de Calcos Ernesto de La Cárcova | Musée des Moulages Ernesto de La Cárcova
- Museo de la Imaginación y el Juego (MIJU) | Musée de l’Imagination et du Jeu (MIJU)
- Monumento al Tango (El Virulazo) | Monument au Tango (Le Virulazo)
- Faena Arts Center
- Hôtel Hilton
- Dársena Norte | Darse Nord
- Yacht Club Argentino
- En conclusion
Un peu d’histoire pour les nuls (dont je fais partie)
Ce quartier, dont la configuration actuelle date d’une trentaine d’années, est le plus jeune de la ville.
Lors de la fondation de Buenos Aires, le port naturel était le Riachuelo (dans l’actuel quartier de La Boca). Il était utilisé pour l’entrée et la sortie des navires, tant de marchandises que de passagers.
Toute la rive de ce qu’est aujourd’hui Puerto Madero était alors marécageuse. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, plusieurs projets de construction d’un port ont été envisagés, mais sont restés lettre morte.
En 1881, Luis Augusto Huergo a présenté un projet consistant en la construction d’une série de bassins, comme les dents d’un peigne, disposées en oblique, couvrant la côte de Buenos Aires, depuis l’embouchure du Riachuelo jusqu’au nord. Premier ingénieur civil diplômé du pays, il était très réputé et était l’auteur de nombreux ouvrages d’art. De plus, en 1876, il avait dirigé les travaux pour que le Riachuelo puisse accueillir des navires de grand tirant d’eau.
Cependant, l’année suivante, l’influent commerçant Eduardo Madero (neveu du vice-président de la République) a proposé un projet concurrent : la construction de quais fermés, reliés par des ponts. Au final 4 bassins, avec 2 canaux, 1 au nord et 1 au sud, seraient tracés.
Après de longues sessions au parlement, le projet de Madero a été approuvé. Les protestations de Huergo soulignant les insuffisances techniques du projet de Madero ont été ignorées.
Le 28 janvier 1889, le bassin sud, qui reçut le nom de Puerto Madero, a été inauguré.
D’emblée, confronté à un double défi (l’augmentation des exportations liée à la prospérité économique et l’arrivée de navires de plus en plus grands), le nouveau port ne parvenait pas à satisfaire les besoins. Les anciennes installations du Riachuelo, vétustes et endommagées, ont dû être réhabilitées pour servir de port alternatif. Et en 1911, Huergo a été chargé de construire le Puerto Nuevo, dans le quartier de Retiro, qui est encore de nos jours la principale zone portuaire de Buenos Aires.
Les grands dépôts de briques apparentes de Puerto Madero, utilisés pour le stockage de céréales et de marchandises destinées à l’étranger, ont peu à peu été abandonnés. Pendant des décennies, les seuls centres d’intérêt de Puerto Madero étaient les bains municipaux (à l’époque où l’on pouvait encore faire trempette dans le Río de la Plata) et les brasseries.
Le 15 novembre 1989, une société anonyme a été chargée de la réhabilitation du quartier et de la commercialisation de ses 170 hectares. Le projet architectural a abouti à la construction – à partir de 1991 – de la vingtaine buildings que l’on connait aujourd’hui. Ils abritent des bureaux, appartements, hôtels, restaurants, etc. Sans surprise, le prix du mètre carré s’est envolé (il a quintuplé), transformant le visage sociologique du quartier.
En guise de réconciliation posthume, Huergo et Madero sont commémorés par des avenues, qui n’en sont qu’une : l’Avenida Huergo devient l’Avenida Madero au niveau du Parque Colón juste derrière la Casa Rosada. Tout un symbole !
Carte des lieux à visiter à Puerto Madero
J’ai fait le choix de ne pas signaler les tours. Il vous suffira de lever la tête pour les apercevoir. En revanche, les autres sites d’intérêt mentionnés par la suite, parfois un plus difficile à localiser, y figurent.
Gratte-ciels : une vingtaine de tours dominent la ville
Ces imposantes constructions sont, bien entendu, l’élément le plus caractéristique du quartier. À défaut de les visiter, vous les observerez, depuis le plancher des vaches, si vous vous promenez dans le quartier. Alors, autant les présenter.
Alvear Icon Hotel, Alvear Tower, Art Maria, Torre Macro, Torre del Boulevard, Château Puerto Madero Residence, Torre del Parque, Torre del Río, Torres El Faro, Torres El Mirador, Harbour Tower, Torre Madero Office, Torres Mulieris, Torres Renoir, Torres River View, Edificio Telecom, Torres del Yacht, Torre YPF : voici les doux noms de ces colosses à la peau de verre.
Le contraste est saisissant avec le reste de la ville. L’architecture de Puerto Madero n’a rien à voir avec celles des autres quartiers.
En moyenne, les tours de Puerto Madero atteignent une altitude de 150 m. La plus haute, l’Alvear Tower, culmine à 239 m :
D’autres, comme la Harbour Tower, sont encore en construction à l’heure où sont écrites ces lignes (août 2024) :
Puente de la Mujer | Pont de la Femme
Pont ROUGE sur la carte
Puerto Madero est un quartier mettant à l’honneur les femmes (et pas seulement, car le mot « tour », en français comme en espagnol – mais évidemment pas en anglais – est du genre féminin). 12 rues ont été baptisées en l’honneur d’une trentaine de grandes figures de l’histoire argentine telles que :
- Azucena Villaflor de Devicenti (initiatrice du mouvement des Mères de la Plaza de Mayo, lâchement enlevée et assassinée sur ordre de la dictature en décembre 1977)
- Cecilia Grierson (première Argentine à être devenue docteur en médecine et à qui le billet de 2 000 pesos rend hommage)
- Victoria Ocampo (qui, avec sa sœur Silvina, est l’une des plus illustres figures de la littérature argentine)
Dès lors, pouvoir y emprunter le Puente de la Mujer n’a rien d’étonnant.
Ce pont, inauguré en 2001, représente l’image d’un couple dansant le tango : le mât blanc symbolise l’homme et la silhouette courbe du pont, la femme. L’obélisque incliné de 39 mètres de hauteur, soutenu par plusieurs tendeurs, lui donne la forme d’une grande harpe. Logique, car il n’y a pas de tango sans musique.
Œuvre avant-gardiste de l’architecte espagnol Santiago Calatrava, ce pont piétonnier, long de 160 m, est également un projet d’ingénierie astucieux : grâce à un mécanisme de rotation, il s’ouvre pour laisser passer les voiliers naviguant sur les bassins de Puerto Madero.
En 2022, le Puente de la Mujer a été rénové. Les planches en bois usées ont été remplacées par des lames durables fabriquées en plastique recyclé issu de quelque 100 000 bouteilles (l’équivalent de 2 piscines olympiques remplies d’emballages).
Comme au Pont des Arts à Paris, les couples ont l’habitude de laisser des cadenas accrochés aux rambardes afin d’immortaliser leur union. Et comme pour le Pont des Arts, le poids et la rouille pouvant endommager la structure, une grande quantité de métal est régulièrement retirée. Définitivement, les histoires d’amour (même platoniques ou symboliques) finissent mal… en général.
Reserva Ecológica Costanera Sur | Réserve Écologique Costanera Sur
Arbre VERT clair sur la carte
Avec ses 350 hectares, la Reserva Ecológica Costanera Sur est (de loin) le plus grand espace vert de Buenos Aires. Les porteños s’y promènent, y font du vélo et de la trottinette, y pique-niquent, y passer la journée en famille pendant le week-end ou encore s’y bécotent tendrement sur les bancs publics.
Finalement, la Vénus de Lola Mora (dont il sera question un peu plus tard), hymne architectural à l’amour, est peut-être mieux à sa place à l’entrée sud du parc.
En tout cas, il n’y a pas mieux que la Reserva Ecológica pour découvrir la flore et la faune natives en pleine ville. Forêts, prairies, lagunes et marais font partie de cet espace unique, déclaré en 2005 site Ramsar pour son importance mondiale en tant que zone humide. La Reserva Ecológica fait également partie de l’Écoroute du Río de la Plata, un circuit de 100 km qui relie les espaces verts et les zones protégées de l’aire métropolitaine de Buenos Aires (le Grand Buenos Aires) et ses environs.
Depuis 2023, de nouvelles passerelles interprétatives s’étendent au-dessus des anciens sentiers pédestres, garantissant un parcours sécurisé pour que les personnes âgées et/ou handicapées et les enfants puissent profiter des lieux et du spectacle qu’ils offrent.
En effet, plus de 2 000 espèces (faune et flore confondues) sont visibles en parcourant ses six sentiers. Rien que pour les oiseaux, environ 340 espèces ont été répertoriées. Il suffirait de 2 h d’observation pour en découvrir une cinquantaine. Rien d’étonnant à ce que des ornithologues et photographes du monde entier viennent visiter Reserva Ecológica. Je ne peux que vous conseiller de leur emboiter le pas.
Fuente de Las Nereidas | Fontaine des Néréides
Fontaine BLEU clair sur la carte
Construite en marbre blanc de Carrare, d’inspiration Renaissance et de textures baroques, la fontaine représente la naissance de Vénus. Elle a la forme d’une grande coquille de mollusque d’où émergent 3 tritons avec leurs chevaux. Au centre, 2 néréides soutiennent une plus petite coquille d’où surgit, triomphante, Vénus.
Cette œuvre, inaugurée en 1903, a été créée par la sculptrice argentine Lola Mora. Son histoire est intéressante (ou plutôt affligeante… question de point de vue).
Initialement conçue pour la Plaza de Mayo, elle a fait polémique, étant jugée indécente par le clergé et les Tartuffes de tout poil. Certains s’indignaient même de voir Lola Mora habillée en pantalons, le temps des travaux, pour mieux se déplacer sur les échafaudages. Trop habillé ou trop nu, il était alors facile (à son corps défendant) de porter atteinte à la moralité.
La fontaine a donc été installée au Parque Colón, derrière la Casa Rosada, à l’intersection de ce qui était alors le Paseo de Julio (aujourd’hui Avenida Leandro N. Alem) et la rue Cangallo (actuelle Juan Domingo Perón). En dehors de Lola Mora, aucune femme (quelle que soit sa tenue…) n’a été autorisée à assister à l’inauguration.
En 1918, toujours sous la pression des moralistes de café-tabac, elle a été déplacée à un endroit plus éloigné, sur la Costanera Sur. Là, où il est possible de l’admirer aujourd’hui, en face de l’entrée sud de la Reserva Ecológica.
La valeur artistique de la fontaine a fini par faire l’unanimité. En 1971, un nouveau déplacement a été envisagé pour l’installer à l’intersection très fréquentée de l’Avenida Santa Fe et de l’Avenida 9 de Julio. Mais la base étant fissurée, le projet a été abandonné. Enfin, en 1997, un décret l’a déclarée Bien d’intérêt historique national.
Patio Gastronómico de Rodrigo Bueno
Couteau et cuillère JAUNE sur la carte
Le Patio Rodrigo Bueno est né en 2019 pour renforcer les entreprises gastronomiques locales et le développement économique des familles qui les animent.
Les cuisiniers, pour la plupart originaires du quartier, vous accueillent dans des stands aux allures de guinguette ou de foodtrucks. Ils proposent des spécialités péruviennes, paraguayennes, brésiliennes, chiliennes, mais aussi des plats du nord argentin. Bien entendu, choripán, hamburger et pizzas sont de la partie.
Bref, si vous allez visiter la Reserva Ecológica Costanera Sur (et que vous avez oublié votre pique-nique) ou que vous voulez goûter un ceviche aux couleurs argentines, vous savez où aller.
Parque Micaela Bastidas | Parc Micaela Bastidas
Arbre VERT foncé sur la carte
Fruit d’un concours lancé en 1996, ce parc a été conçu par le cabinet d’architectes Néstor Magariños, Irene Joselevich et Graciela Novoa. Inauguré en janvier 2003, il occupe une superficie d’environ 6 hectares.
Le parc est conçu sur 2 niveaux, reliés par des chemins, rampes et escaliers. La partie haute est divisée en 3 zones :
- la Plaza de los Niños et son aire de jeux
- la Plaza Central (roseraie du sud) et ses 3 800 rosiers arbustifs :
- la Plaza del Sol est ses grands bancs en bois de 2×2 m ou il est possible de s’allonger au soleil).
La végétation est abondante : les 40 000 arbres et arbustes, de 150 espèces différentes (pour la plupart natives), créent une grande masse verte.
Curiosité : des cercles de chaises ont été installés, comme une invitation à partager un maté entre amis (mais les Argentins n’ont pas vraiment besoin de ça, s’assoir sur la pelouse leur suffit).
Paseo de la Gloria | Promenade de la Gloire
Coureur VIOLET sur la carte
Le Paseo de la Gloria a été créé dans le cadre des Jeux olympiques de la Jeunesse qui ont eu lieu à Buenos Aires en 2018. Il débute à l’intersection entre l’Avenida Dr. Tristán Achaval Rodríguez et le Boulevard Azucena Villaflor.
Selon ses concepteurs, ce parcours de sculptures met en avant les valeurs qui représentent la passion des Argentins et qui unissent les générations à travers les sportifs devenus des héros de la nation.
Ils ne croyaient pas si bien dire ! Il a suffi d’1 ou 2 excités (pardon, je voulais écrire 1 ou 2 passionnés) pour que la statue qui rend hommage à Lionel Messi soit vandalisée. Elle l’a déjà été à 2 reprises : coupée en 2 après une première installation, puis volée (à l’exception de ses pieds !) juste avant le quart de finale du mondial 2022 :
Outre Messi (désormais porté disparu, même si son retour est annoncé), Luciana Aymar (hockey), Oscar « Ringo » Bonavena (boxe), Roberto De Vicenzo (golf), Juan Manuel Fangio (automobile), Manu Ginóbili (basket-ball), José Meolans (natation), Marcos Milinkovic (volley-ball), Pascual Pérez (boxe)n Hugo Porta (rugby), Gabriela Sabatini (tennis), Sergio « Cachito » Vigil (hockey) et Guillermo Vilas (tennis) sont mis à l’honneur.
Les plus célèbres en France sont certainement :
- Manu Ginóbili. Le plus grand joueur argentin de basketball de tous les temps est le symbole de la génération dorée qui a remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004.
- Guillermo Vilas. Le tennisman a remporté 62 tournois ATP, dont 4 grands chelems. En 1977, il a gagné 130 matchs sur une saison.
- Gabriela Sabatini. Ayant débuté sur le circuit professionnel à l’âge de 14 ans, elle a remporté 27 titres en simple et 14 en double :
- Juan Manuel Fangio. L’un des pilotes automobiles les plus célèbres de l’histoire. Il a obtenu 24 victoires et 35 podiums au cours de sa carrière. Il demeure le seul à avoir remporté des championnats de Formule 1 avec 4 écuries différentes.
Colección de Arte Amalia Lacroze de Fortabat | Collection d’Art Amalia Lacroze de Fortabat
Musée GRIS foncé sur la carte
Ce musée doit son nom à une entrepreneuse et collectionneuse d’art argentine. Cette dernière a décidé de créer un musée pour y exposer sa collection privée composée d’environ 150 œuvres d’artistes internationaux et argentins.
Inauguré en 2008, ce musée prend place dans un bâtiment original de 7 000 m² et 15 m de haut. Conçu par l’architecte uruguayen Rafael Viñoly, il ressemble à un bateau et reflète le contexte maritime de Puerto Madero.
La toiture est une voûte en berceau couvrant le rez-de-chaussée et les salles situées sur des mezzanines, avec des nervures en acier qui supportent la surface vitrée ainsi que des panneaux superposés fonctionnant comme des pare-soleil.
Selon le moment de la journée et les conditions météorologiques, ces panneaux, contrôlés par ordinateur, peuvent être positionnés de différentes manières pour offrir de l’ombre à la galerie, l’ouvrir partiellement au ciel ou permettre l’entrée de lumière diffuse.
La nuit, les pare-soleil peuvent être entièrement ouverts : de l’extérieur, les passants peuvent voir les galeries ; de l’intérieur, les visiteurs ont une vue spectaculaire sur la ville.
La collection vous accueille avec des œuvres de maîtres internationaux de différentes époques, parmi lesquels se distinguent des tableaux du Flamand Pieter Brueghel II et de l’Anglais William Turner Des objets de l’Antiquité classique égyptienne et grecque – rares en Argentine – y sont également exposés.
Le parcours national, au sous-sol, donne un bon aperçu de l’art argentin des XIXe et XXe siècles. Parmi les peintures du XIXe siècle se distinguent celles dePrilidiano Pueyrredón.
Celles du XXe siècle (dont des tableaux d’Emilio Pettoruti et d’Antonio Berni) donnent à voir les affrontements entre artistes traditionnels et rénovateurs, 2 courants qui cherchaient à occuper la position dominante dans le champ artistique national.
Hotel de los Inmigrantes (Museo de la Inmigración) | Hôtel des Immigrants (Musée de l’Immigration)
Musée NOIR sur la carte
L’Hôtel des Immigrants est un complexe de pavillons construit en 1906 pour héberger les milliers d’immigrants arrivant en Argentine, depuis l’Europe, l’Asie et l’Afrique, pendant leurs premiers jours dans le pays.
Il a fonctionné comme tel entre 1911 et 1953. Désormais, il est un lieu de réflexion et de célébration pour ceux qui continuent d’arriver à Buenos Aires depuis divers points de la région et du monde.
Ce lieu souligne l’importance historique, culturelle, sociale et économique de l’immigration. Il présente au public les différentes étapes de l’expérience migratoire : le voyage, l’arrivée, l’insertion et l’héritage.
Vous y trouverez beaucoup de documents historiques, de photographies, de films, de témoignages contemporains et de reliques.
Les registres de tous les immigrants sont certainement les pièces les plus remarquables de son patrimoine. Dans ses bases de données, vous pouvez rechercher des ancêtres qui sont arrivés par bateau.
Un jour, il faudra que je m’arme de patience et que je voie si je peux y trouver la trace de mes arrière-grands-parents maternels.
Buques Museos | Bateaux-musées
Ces 2 élégants bateaux-musées, amarrés sur les quais de Puerto Madero, non loin du Puente de la Mujer, donnent l’occasion d’expérimenter (tout du moins de comprendre) la vie d’un marin (cabines, espaces de vie collectifs, salles des machines, etc.) en faisant l’économie du mal de mer.
Fragata Sarmiento | Frégate Sarmiento
Voilier VIOLET sur la carte
Cette frégate, mise à l’eau en 1897, était l’une des plus avancées de son époque. Elle possède une coque en acier recouverte de bois et de plaques de cuivre ainsi que 3 mâts et 1 figure de proue imposante représentant la République argentine.
Elle a été baptisée en l’honneur du président de la République et fondateur de l’École navale argentine, Domingo Faustino Sarmiento.
Jusqu’en 1938, elle a effectué 37 voyages autour du monde, puis a servi de navire-école dans les eaux nationales jusqu’en 1960. 2 ans plus tard, elle a été déclarée monument historique national, avant de devenir un musée.
La Fragata Sarmiento a représenté l’Argentine lors de nombreux événements protocolaires, tels que le couronnement d’Édouard VII du Royaume-Uni en 1902, l’inauguration de la statue du général San Martín à Boulogne-sur-Mer en 1909, les célébrations du centenaire de l’indépendance du Mexique en 1910 ou encore l’ouverture du canal de Panama en 1914.
Corbeta Uruguay | Corvette Uruguay
Voilier BLEU clair sur la carte
La Corbeta Uruguay est le navire argentin le plus ancien encore à flot (même s’il joue désormais la carte de l’immobilité).
Il a été construit en Angleterre en 1874 et sa coque en acier est recouverte de bois.
Entre 1877 et 1880, avant que la Fragata Sarmiento la remplace, il a été navire-école de la marine argentine. Les 3 premières promotions de l’École navale y ont été formées.
L’année 1903 est celle de son principal fait de gloire : sous le commandement du capitaine Julián Irízar, affrontant de terribles tempêtes, l’équipage de la Corbeta Uruguay est parti sauver les membres de l’expédition suédoise emmenée par Otto Nordenskjöld. Le bateau scandinave, l’Antartic, avait fait naufrage dans les glaces du pôle Sud.
En 1960, la Corbeta Uruguay est devenue un musée, et des années plus tard, à l’instar de sa comparse, la Fragata Sarmiento, elle a été déclarée monument historique national.
Museo de Calcos Ernesto de La Cárcova | Musée des Moulages Ernesto de La Cárcova
Musée MARRON sur la carte
Inauguré en 1928, le Museo de Calcos Ernesto de La Cárcova propose une collection de moulages – des reproductions exactes en plâtre d’originaux – de chefs d’œuvres de la sculpture exposées dans des musées tels que le Louvre de Paris, le British Museum de Londres, le Musée national d’anthropologie de Mexico ou l’Académie de Florence.
Le fonds (qui comprend actuellement plus de 700 sculptures) a initialement été constitué à des fins didactiques : l’École Supérieure des Beaux-Arts de la Nation est également installée dans cette enceinte.
L’exposition permanente couvre plus de 4 000 ans d’histoire avec des parcours à travers l’art égyptien, mésopotamien, asiatique, indien, grec, romain, roman, gothique, Renaissance, maniériste, mésoaméricain et andin.
Museo de la Imaginación y el Juego (MIJU) | Musée de l’Imagination et du Jeu (MIJU)
Musée JAUNE sur la carte
Le Musée de l’Imagination et du Jeu (MIJU) est un espace ludique pensé et conçu pour garantir aux enfants le droit au jeu, et ce, quel que soit leur âge.
Prenant place dans l’ancien bâtiment de la brasserie Munich, emblématique de la Costanera Sur, le MIJU vise à stimuler l’imagination, la créativité et la découverte, et à agir en faveur du développement moteur et cognitif. Chacun des 3 étages est destiné à un groupe d’âge différent : les 0 à 3 ans, les 4 à 7 ans et les 8 à 12 ans.
Si jamais vous voyagez avec vos enfants et qu’une visite vous intéresse, sachez qu’il faut réserver. À la date et à l’heure choisies, une visite d’une durée d’environ 1 heure sera organisée.
Pendant toute l’expérience, chaque enfant doit être accompagné d’un adulte. Seuls les enfants paient l’entrée, les accompagnateurs entrent gratuitement. Sauf le mercredi : le jour des enfants est également celui de la gratuité pour tous (toujours sur réservation).
Monumento al Tango (El Virulazo) | Monument au Tango (Le Virulazo)
Note de musique ROUGE sur la carte
Ce monument, œuvre de la sculptrice Estela Trebino et de son fils, l’ingénieur Alejandro Coria, rend un hommage silencieux au tango, le genre musical le plus emblématique de Buenos Aires.
Il a été inauguré en 2007, très exactement le 22 novembre qui est en Argentine (n’en déplaise à Jack Lang), le jour de la musique.
Cette figure abstraite en fer de 3,5 m de haut ressemble à un bandonéon, instrument indispensable à l’interprétation du tango et dont Astor Piazzolla a été l’ambassadeur mondial.
Malgré son poids (2 tonnes), elle a une légèreté dans sa forme. Elle rappelle le mouvement des jambes des danseurs, mais aussi la mélodie nostalgique et les textes poétiques qui, comme s’ils avaient jailli du Río de la Plata, se sont, un beau jour, emparés de la ville.
Cette œuvre est également appelée El Virulazo. Tel était le nom de scène de Jorge Martín Orcaizaguirre, un danseur et chorégraphe dont le spectacle Tango Argentino, lancé à Paris, a eu un succès mondial dans les années 1980. Il a été joué à Broadway et nominé aux Tony Awards.
La sculpture a été répliquée. On peut en voir des copies dans le sud de l’Argentine (Rio Gallegos et Viedma), au Brésil (São Paulo) ou encore en France (Tarbes). L’une d’elles se situe à l’aéroport Enrique Olaya Herrera de Medellín (Colombie) près de l’endroit où Carlos Gardel est mort dans un accident d’avion en 1935.
Faena Arts Center
Musée BLEU foncé sur la carte
Datant de 1908, cet édifice est l’un des premiers grands moulins à farine construits en Argentine.
Depuis 2011, il a été transformé en espace artistique au service de toutes les expressions d’art contemporain.
L’ancienne salle des machines de ce bâtiment historique accueille des spectacles et expositions, qui entendent s’ouvrir aux idées futuristes.
Pour autant, il conserve la hauteur des plafonds, les arcs en plein cintre, les fenêtres et ses caractéristiques industrielles de l’époque.
Hôtel Hilton
Hôtel NOIR sur la carte
Après le parallèle entre le Puente de la Mujer et le Pont des Arts, voici un autre point commun ente Puerto Madero et la capitale française… Un hôtel 5 étoiles de la chaîne (Paris) Hilton y a vu le jour en 2000.
Il compte plus de 400 chambres et un grand hall vitré de 600 m² :
En outre, il dispose d’un centre de conventions de 4 000 m², répartis entre un salon d’exposition et une série de salles de conférence. Des événements prestigieux s’y tiennent régulièrement.
Par exemple, il a été le siège de la 125e session du Comité international olympique, du 7 au 10 septembre 2013. À cette occasion, il a été décidé que Tokyo serait la ville hôte des Jeux olympiques de 2020 (qui se sont finalement tenus en 2021, comme chacun le sait).
Dársena Norte | Darse Nord
Ancre BLEU foncé sur la carte
Quadrilatère irrégulier de 1 100 x 1 400 m, la Darse nord a été inaugurée en 1897, au beau milieu des polémiques sur l’inefficacité du projet de port proposé par le commerçant Eduardo Madero.
Initialement, elle était dotée d’entrepôts sur ses quais sud, est et ouest. Le nord, quant à lui, était destiné à l’embarquement et au débarquement des passagers.
Actuellement, il ne reste qu’un entrepôt sur le quai sud appartenant à l’entreprise Buquebus (qui effectue des liaisons fluviales entre l’Argentine et l’Uruguay). À l’autre extrémité se trouve le siège social du Yacht Club Argentino (dont il sera question juste après) et, juste à côté, la Torre Madero avec ses 28 étages et ses 140 m.
Yacht Club Argentino
Yacht MARRON sur la carte
Fondé le 2 juillet 1883, le Yacht Club Argentino (YCA) est le principal club nautique du pays dédié à la navigation de plaisance. Depuis la première régate océanique Buenos Aires-Mar del Plata, organisée en 1932, et la Buenos Aires-Rio de Janeiro de 1947, le YCA a organisé une multitude de compétitions.
Après avoir eu plusieurs sièges « flottants », le YCA a décidé de s’installer sur l’un des appontements de la Darse Nord. Conçu par l’architecte français Eduardo Le Monnier, le bâtiment a été inauguré le 23 décembre 1915.
Les caractéristiques éclectiques de son architecture rompent avec les lignes classiques de l’époque. Son volume particulier, totalement asymétrique, se termine par une tour qui ressemble à un phare.
En conclusion
Entre fleuve et béton, entre nature et culture, Puerto Madero ne se réduit pas aux immenses édifices modernes qui ont changé sa topographie et sa sociologie depuis une trentaine d’années.
Cet article en aura donné la preuve en listant une quinzaine de sites d’intérêts, qui témoignent de l’insoupçonnée diversité de ce quartier.