Comment est la vie en Argentine ? Si vous préparez votre premier voyage en Argentine, quelle que soit la raison (tourisme, études, PVT, etc.), vous vous posez certainement beaucoup de questions. Argent, communication, logement, transports : les articles thématiques proposés sur ce site vous apporteront certainement de nombreuses réponses.
Cependant, en raison de ma longue expérience en Argentine, il m’est parfois difficile de me mettre dans la peau de quelqu’un qui découvre ce pays avec un regard neuf. En complément, j’ai donc recueilli les témoignages de Thomas, mon neveu, et de son pote Clovis.
Tous 2 y ont vécu 3 mois, de septembre à décembre 2024. Ils séjournaient pour la première fois en Argentine. Désireux de sortir des circuits touristiques traditionnels et de découvrir la manière de vivre, au quotidien, en Argentine, ils ont passé l’intégralité de leur temps à Buenos Aires et Córdoba, les 2 plus grandes villes du pays. Leur retour d’expérience sur la vie en Argentine est donc riche d’enseignements.
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Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- Sympathiques, patients, avenants, gentils, curieux, souriants, conviviaux, expressifs, chambreurs, accueillants : tels sont quelques-uns des mots employés par Thomas et Clovis lorsqu’ils parlent des Argentins. Leur passion pour le football les a également marqués.
- Selon Thomas et Clovis, l’Argentine est un pays sûr. Certes, des précautions doivent être prises (notamment, la nuit) et des sollicitations peuvent être déroutantes.
- Il est aisé de gérer son budget en changeant des euros en pesos argentins ou en s’envoyant de l’argent à soi-même via Western Union.
- Sans surprise, ne pas parler espagnol est un frein, même si, une fois sur place, on apprend vite. En attendant, communiquer en anglais est possible, notamment avec les jeunes.
- À leurs yeux, le fait de vivre tard, la grande importance accordée aux interactions sociales, le goût pour la fête ou l’habitude de passer le dimanche en famille sont quelques traits culturels marquants.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cette interview :
- Thomas et Clovis : un voyage en Argentine entre amis
- Premières impressions de l’Argentine
- Découverte de Buenos Aires
- Découverte de Córdoba
- Vie quotidienne et logistique (argent, sécurité, logement, transport)
- Différences culturelles et apprentissages
- Défis, surprises et moments mémorables
- Conseils aux futurs voyageurs
- En conclusion : résumé de l’expérience et projets de voyage
- Un mot sur l’auteur
Thomas et Clovis : un voyage en Argentine entre amis
Salut Thomas ! Salut Clovis ! Un grand merci d’avoir accepté cette interview. Avant d’entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs et expliquer ce qui vous a motivé à voyager en Argentine ?
Thomas : Je m’appelle Thomas. J’ai 24 ans. J’habite en France à Devèze, un village des Hautes-Pyrénées. J’ai un BTS Management commercial opérationnel (MCO) et actuellement je suis en reconversion en tant que téléconseiller en immobilier. Dans la vie, mes passions sont le sport (foot, cyclisme, basket, tennis…). J’aime également les jeux vidéo.
Ce qui m’a motivé à partir en Argentine est principalement la découverte d’un pays loin de la France, pour la première fois hors de l’Europe. J’avais déjà voyagé, mais uniquement en Europe. Je voulais aussi découvrir la culture sud-américaine.
Clovis : Je m’appelle Clovis. J’ai 23 ans. Je vis dans un petit village de la campagne en Haute-Garonne à 45 min de Toulouse. Je travaille dans le secteur de la comptabilité. J’aime la campagne, la nature, les animaux en général, aller boire des coups dans des bars avec mes amis, les jeux vidéo et la pop culture japonaise.
Thomas m’a proposé ce voyage lors d’une période pendant laquelle je n’avais rien à faire. Comme j’avais prévu de voyager hors de France, j’ai saisi cette occasion. Je dis rarement non à une proposition qui change ma routine tant qu’elle est un minimum planifiée.
J’avais déjà voyagé hors de l’Europe plusieurs fois au Canada et une fois à Miami, mais jamais en Amérique latine.
Merci d’avoir accepté cet « exercice » qui n’est jamais simple. Lorsqu’on se prépare à partir pour une nouvelle destination, aussi lointaine, on peut avoir de nombreuses attentes. Était-ce votre cas ?
Clovis : Pas spécialement, à part en matière de nourriture. En effet, j’ai beau aimer beaucoup de choses, en général, j’attends d’un voyage qu’il me fasse regretter de rentrer chez moi à cause de la nourriture locale. Sinon je n’avais pas spécialement d’attente.
Thomas : Avant de partir en voyage, je n’avais aucune attente particulière. Je voulais juste partir à la découverte et me laisser guider au jour le jour.
Premières impressions de l’Argentine
Justement, puisque vous n’aviez pas spécialement d’attentes (en dehors des découvertes gastronomiques pour Clovis), je suis curieux – et je pense que les lecteurs le seront aussi – de savoir comment vous avez vécu votre arrivée sur place. Pouvez-vous me dire quelles ont été vos premières impressions en arrivant en Argentine ?
Thomas : Quand je suis arrivé en Argentine, j’ai été surpris, car j’avais l’impression d’être dans un pays d’Europe. En effet, les paysages, les personnes me faisaient penser à l’Europe.
Clovis : Moi aussi, j’ai été étonné par l’influence européenne en général du pays. Pas forcément les gens, mais plus une ambiance dans les villes qui me faisait ressentir cela.
Quand j’y suis allé pour la première fois en 2001, j’ai eu exactement la même impression que vous. Et je pense que tel est le cas pour la plupart des Français qui foulent le sol argentin pour la première fois. Et qu’avez-vous pensé des premiers échanges avec les Argentins ? De leur sens de l’accueil ?
Clovis : J’ai trouvé l’accueil très sympathique. Surtout, j’ai trouvé que les Argentins étaient patients avec moi. Personnellement, je ne parle pas espagnol. Et ils avaient la patience de me comprendre.
Thomas : Lors de ce voyage, tu nous as accompagné Jérôme. De ce fait, tu nous as présentés à plusieurs de tes amis argentins lors d’une sortie dans un bar [NDLR : à Mundo Lingo, le lendemain de leur arrivée en Argentine]. Ce sont les premières personnes vivant là-bas que j’ai rencontrées durant ce voyage. J’ai été agréablement surpris, car ils ont été très avenants et très gentils avec nous. De plus, lors de cette sortie, dans ce bar, nous avons pu parler avec d’autres Argentins en dehors de ton cercle d’amis. Ils ont été intrigués, car nous étions Français et nous avons beaucoup parlé avec eux. C’était très intéressant.
Dans plusieurs articles, j’ai écrit que les Argentins sont accueillants et ont le goût de l’échange. Ce que vous dites le confirme. Et puis, Clovis, c’est sûr qu’on a plus de chance de tomber sur quelqu’un qui a la patience de comprendre un étranger à Buenos Aires qu’à Paris. La probabilité est plus haute, ce qui ne veut pas dire que tous les Argentins sont de bons samaritains. Justement, puisque j’évoque la capitale, j’aimerais avoir votre avis sur Buenos Aires.
Découverte de Buenos Aires
Quels lieux et/ou activités à Buenos Aires avez-vous particulièrement appréciés ? Et pourquoi ?
Thomas : Mon lieu préféré de Buenos Aires, en tant que fan de foot, a été la visite de la maison de Diego Maradona et également d’un petit musée avec des informations autour de celui-ci. C’était vraiment ma visite préférée. J’ai pu aussi comprendre pourquoi les Argentins le voient comme un dieu.
Clovis : Pour Buenos Aires, je dirais simplement qu’on y sent l’histoire argentine à travers les monuments, le nom des parcs et des places de la ville.
Comment décririez-vous l’ambiance de la ville et ses habitants ?
Thomas : Cette ville m’a beaucoup fait penser à Paris. C’est une ville immense avec une forte population. Les habitants sont souriants.
Mais, je pense que la nuit, Buenos Aires est assez dangereux. Bien sûr, tout dépend de là où l’on se trouve. Une fois, je marchais avec Clovis vers 20 h 30/21 h et plus le temps passait plus nous nous baladions et plus l’ambiance devenait lourde et glauque.
Découverte de Córdoba
Vous étiez hébergés dans le Microcentro, en allant vers Retiro. Dans ce secteur, les petites rues sont quasi désertes la nuit, surtout en semaine. L’atmosphère n’est pas très sécurisante après le crépuscule, c’est sûr. À présent, je vous propose de parler de Córdoba, 2e ville de l’Argentine (1,5 million d’habitants), où vous avez passé une bonne partie de votre temps lors de ce voyage. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué là-bas ?
Thomas : Ce qui m’a le plus marqué, un peu comme à Buenos Aires, est que cette ville m’a fait penser à une ville d’Europe. De plus, c’est une ville étudiante. Il y a beaucoup de jeunes.
Effectivement, les universités de la province de Córdoba comptent plus de 300 000 étudiants. Dans cette ville, on se rend bien compte que la population argentine est nettement plus jeune que la population française (32 ans d’âge médian contre 42 ans en France). Quels endroits et/ou activités recommanderiez-vous aux voyageurs qui ont prévu de se rendre à Córdoba ?
Thomas : Si vous voyagez à Córdoba, je vous conseille d’aller à la Torre Capitalinas, c’est le plus haut bâtiment de la ville. Au dernier étage, où il est possible de consommer, on a une vue exceptionnelle sur la ville et les montagnes environnantes.
Je conseille également d’aller à Río Ceballos [NDLR : une ville à une trentaine de km de Córdoba]. On peut y faire une randonnée qui conduit à une cascade où il est possible de se baigner. C’est un peu physique, mais ça en vaut la peine. Le paysage est sublime.
Clovis : Pour ma part, je conseille de sortir dans des bars, notamment à l’occasion de matchs de foot locaux ou de l’équipe nationale, puis de finir tard dans la nuit.
Thomas : J’ajoute que lorsqu’on va voir des matchs de la sélection argentine dans des bars, l’ambiance est folle. On peut clairement voir que l’Argentine est un pays de foot où chaque match est vécu avec une énorme passion. Puisque nous parlons de sorties nocturnes, je recommande d’aller à Mundo Lingo. Cet événement se déroule dans des bars. Lorsqu’on arrive, on colle sur notre t-shirt un drapeau qui correspond à la langue qu’on parle ; il est possible d’en mettre plusieurs évidemment. Cela facilite l’échange avec les autres. En général, lors des sorties dans les bars, les ambiances sont conviviales.
C’est sûr que la passion des Argentins pour le football est mondialement connue. Les jours de victoires de l’équipe nationale, ils se ressemblent en masse : à Buenos Aires, c’est à l’Obelisco ; à Córdoba, c’est devant le Patio Olmos, un centre commercial au cœur de la ville. Vu que vous avez vécu à Córdoba et à Buenos Aires, selon vous, qu’est-ce qui différencie ces 2 villes ?
Thomas : Personnellement, j’ai préféré l’ambiance de Córdoba à celle de Buenos Aires. C’est une ville avec moins de gens et aussi les rues sont beaucoup plus petites. Pour moi, c’était plus agréable de se balader dans Córdoba qu’à Buenos Aires où les pâtés de maisons sont immenses.
Clovis : Mon ressenti est assez similaire. La capitale a un grand centre-ville, étendu et très actif, alors que Córdoba a un plus petit centre-ville. Quand on va vers l’extérieur, on voit que la ville a des moments de repos. Je dirais que les Cordobeses sont assez lents, mais pas dans un sens péjoratif. Dans le sens où ils prennent le temps de discuter avant de passer à l’action.
Merci pour vos retours sur Buenos Aires et Córdoba, agrémentées de quelques conseils pour les voyageurs. Puisqu’on parle d’informations utiles pour les Français qui s’apprêtent à visiter l’Argentine, je vous propose qu’on aborde des aspects plus pratiques de la vie quotidienne.
Vie quotidienne et logistique (argent, sécurité, logement, transport)
Tout d’abord, qu’avez-vous pensé du coût de la vie en Argentine ? Correspond-il à ce que vous imaginiez ?
Clovis : Pour le coût de la vie quotidienne, j’ai ressenti une différence assez forte au début. La nourriture était plus abordable, même sans trop faire attention au prix.
Thomas : Personnellement, je n’ai pas été surpris par le coût de la vie. J’en avais discuté avec toi et je savais déjà à quoi m’attendre.
C’est sûr qu’il est possible de manger en Argentine à l’extérieur pour moins de 10 euros (même si le cas de la Patagonie est particulier, car tout y est bien plus cher qu’ailleurs). Entre l’inflation et la multiplicité des taux de change, avez-vous rencontré des difficultés pour gérer votre budget ou changer de l’argent ?
Thomas : Si vous avez des euros, ce n’est pas un souci de les échanger contre des pesos argentins. Il y a beaucoup de possibilités. Nous avons utilisé 2 techniques. Au début, comme nous avions des euros en liquide, nous les échangions contre des pesos au taux blue. Quand nous n’en avons plus eu, nous avons utilisé l’application Western Union : on peut s’envoyer de l’argent à soi-même depuis notre compte en banque français et on le récupère sur place en pesos argentins. Il y a beaucoup d’agences Western Union dans les grandes villes. À Córdoba, je recommande celle du Patio Olmos qui est ouverte même le samedi.
Clovis : Nous n’avons eu aucun problème pour récupérer des pesos argentins à un bon taux de change avec Western Union. Nous pouvions le faire par nous-mêmes facilement. La seule difficulté c’était que le type de billet donné par Western Union pouvait être un peu plus contraignant : au moment de récupérer les pesos argentins, on avait parfois les poches pleines de billets le temps de revenir à l’appartement.
Effectivement, il n’est pas rare de récupérer 300 000 pesos argentins en coupures de 500 ou de 1 000. Ça fait beaucoup de liasses à transporter ou plutôt à camoufler, pour éviter tout ennui. Pour en finir avec le thème de l’argent, quels conseils donneriez-vous aux voyageurs concernant l’utilisation du peso argentin ?
Thomas : Si je peux donner un conseil aux futurs voyageurs, c’est le suivant : sortez toujours avec une bonne somme d’argent en poche, car même si vous avez l’impression que vous avez beaucoup de billets en poche, ils partent vite ! Au début, il nous arrivait souvent d’être à court d’argent, car nous n’en avions pas pris assez. N’hésitez pas à en prendre beaucoup, quitte à en ramener.
Très bon conseil, Thomas. C’est vrai qu’au début on a du mal à évaluer la quantité d’argent à emporter. Il vaut mieux en avoir trop que pas assez. Sinon, on se met à payer par carte bancaire, ce qui est bien moins avantageux, en général, en Argentine. Avoir beaucoup de liquide sur soi, ça peut faire un peu peur. On peut penser qu’on deviendra une proie facile pour un voleur à la tire ou un pickpocket. Vous êtes-vous senti en sécurité en Argentine ? Quels sont les principaux dangers auxquels vous avez été exposé ?
Thomas : Personnellement, je me suis senti en sécurité en Argentine. Il y a eu juste 2 cas ou j’ai été exposé à des dangers, mais c’était très minime. La première fois, je portais un maillot de foot de l’Argentine et une personne m’a interpellé et m’a dit : « Enlève ça et mets le maillot de la Bolivie ! » Je n’ai pas trop compris vu que j’étais en Argentine. Mais je n’ai rien dit et j’ai passé mon chemin, car il insistait. La deuxième fois, nous étions assis sur un banc avec Clovis et 2 petits Argentins sont venus nous accoster et nous ont demandé de l’argent. Nous avons dit non et ils ont beaucoup insisté. Ils nous ont fait croire qu’ils avaient un pistolet dans la poche. Comme ils avaient 10 ans environ, je n’avais pas forcément peur, donc j’étais plutôt serein. Ensuite, ils sont partis, car ils ont compris qu’ils n’allaient pas avoir d’argent.
Une dernière chose : les voitures ! En France, les piétons sont beaucoup plus respectés.
Je confirme qu’on est régulièrement abordé en Argentine par des personnes qui demandent de l’argent ou qui demandent à manger. Pas étonnant dans un pays où 60 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. En général, en cas de refus, ces personnes ne sont pas insistantes. Dans le métro de Buenos Aires, par exemple, à chaque trajet ou presque, quelqu’un à bord demande de l’argent ou vous propose d’acheter quelque chose. En parlant du métro, venons-en aux transports, si vous voulez bien. Comment avez-vous trouvé les transports en Argentine ? Sont-ils faciles à utiliser ?
Thomas : Utiliser les transports en Argentine est facile. Il y a beaucoup de bus, énormément de taxis toujours prêts pour vous. Dans chaque ville, il y a des gares routières d’où l’on peut prendre un bus pour des voyages plus longs, par exemple pour relier Buenos Aires et Córdoba.
Effectivement, les trajets longue distance se font en avion ou en bus en Argentine. Les lignes de train sont bien moins nombreuses qu’en France. Un dernier aspect pratique qui pourrait intéresser les internautes est votre expérience en matière de logement. Quels types d’hébergements avez-vous choisis et lesquels recommanderiez-vous ?
Thomas : Durant notre voyage, nous avons loué un appartement meublé. Faites attention, car au début nous avions un appartement soi-disant « bien situé ». Or, une fois sur place, il était situé au-dessus d’une boîte de nuit et, du coup, il était bruyant toute la nuit, 5 jours sur 7. Nous avons donc changé et pris un autre appartement. Une fois là-bas, tout était bien, un calme parfait et un super emplacement.
Différences culturelles et apprentissages
Vous m’avez dit, en me parlant de votre arrivée, que dans les villes argentines vous aviez l’impression d’être en Europe. Une première impression est une chose, mais un avis après avoir passé 3 mois dans un pays en est une autre. Je suis donc curieux de savoir comment vous avez trouvé la culture argentine en général. Quelles différences culturelles majeures avez-vous remarquées entre l’Argentine et la France ?
Thomas : Une des différences marquantes en tant que Français c’est la bise. Pour se dire bonjour en Argentine, c’est une seule, à gauche. Au début, c’est assez perturbant.
De plus, en Argentine, les commerces sont ouverts très tard. C’est un pays où l’on vit beaucoup plus tard la nuit. Par exemple, des coiffeurs et des boulangeries sont ouverts à 22 h. Les Argentins dînent beaucoup beaucoup plus tard qu’en France.
Une autre différence majeure entre l’Argentine et la France c’est le dimanche. Ce jour-là, en Argentine, nous avions l’impression que la ville était « morte ». Il n’y a personne dans les rues, car le dimanche est un jour que les Argentins, pour la plupart d’entre eux, passent en famille. En France, c’est également le cas, mais beaucoup moins.
Par ailleurs, pour moi, en Argentine, les personnes sont beaucoup plus expressives qu’en France.
Enfin, je ne sais pas si c’est dans la culture argentine, mais les Argentins sont presque tous en retard.
Je te rejoins sur de nombreux points. Pour l’anecdote, étant ponctuel, je suis régulièrement qualifié de « estructurado » (structuré), ce qui n’est pas vraiment un compliment dans la bouche d’un Argentin. Quand on a rendez-vous avec quelqu’un, on sait qu’il faut prendre son mal en patience et anticiper le très probable retard de l’autre (en amenant un bouquin, par exemple, histoire de ne pas être désœuvré pendant qu’on attend). Mais, même s’ils arrivent en retard, ils arrivent, ce qui donne l’occasion d’échanger. Justement, parlez-nous de vos rencontres et de vos discussions avec des locaux. Qu’avez-vous appris de ces interactions ?
Clovis : Bien que je ne parle pas espagnol, j’ai pu discuter avec des locaux. Le plus que j’ai pu parler c’est avec des étudiants. Nous avons pu échanger en anglais. Je dirais que les étudiants sont plutôt curieux et parlent beaucoup de politique par rapport à la situation de leur pays.
Thomas : Durant les différentes sorties le soir, nous avons pu parler avec de nombreux locaux. Personnellement, mon principal sujet de discussion avec eux était le foot. Je voulais vraiment savoir comment les Argentins percevaient Messi, car, pour moi, c’est le meilleur joueur de tous les temps. Et j’ai été surpris, car, pour beaucoup d’entre eux, Maradona reste indétrônable. J’ai également été soumis à quelques chambrages vu que je suis français. Les Argentins, avec humour, me rappelaient que la France avait perdu la finale de la coupe du monde de foot en 2022. Des fois, sans même avoir parlé de foot, juste en disant que je suis français, leur premier réflexe était de me dire ça. Je me suis rendu compte que le foot était vraiment comme une religion pour eux.
Thomas, tu es trop jeune pour avoir vu jouer Maradona. C’est pour ça ! Pas de chance d’être né en l’an 2000 [rires]. Moi, j’ai la chance d’être un vieux et donc de pouvoir sortir des dictons poussiéreux. L’un d’eux dit que les voyages forment la jeunesse. Qu’avez-vous appris sur vous-mêmes en voyageant hors d’Europe pour la première fois ?
Thomas : Personnellement, ce voyage m’a énormément fait mûrir et grandir, je devais me débrouiller par moi-même. Heureusement, si j’avais un problème, tu étais là pour nous aider. Mais j’ai beaucoup appris à me débrouiller, lors des sorties, avec une langue que je ne maîtrise pas trop. J’ai su m’en sortir. Plus le temps passait plus je me débrouillais et plus je devenais à l’aise. Et j’ai également appris que c’était ce genre de pays qu’il me fallait pour être plus heureux.
Ce n’est pas moi qui vais te contredire… Lors de mon premier voyage, il m’a fallu 3 mois pour arriver à communiquer correctement. Tu as été bien plus rapide que moi. Et pour compléter ta réponse, peux-tu me dire en quoi ce voyage a changé ta perception de l’Argentine ?
Thomas : Ce voyage a changé mon point de vue sur l’Argentine. Tout d’abord, en France, beaucoup de personnes pensent que les Argentins sont racistes, via les chants envers les Français ou autres, mais ce n’est pas du tout le cas. De plus, avant de partir j’avais le préjugé « pays d’Amérique du Sud = pays très dangereux ». Or, ce n’est pas du tout le cas. C’est un pays très accueillant avec des personnes très souriantes.
Défis, surprises et moments mémorables
Thomas, si l’on t’écoute, les adeptes des conclusions hâtives vont finir par croire que l’Argentine est le paradis sur terre. Vous avez forcément rencontré des défis ou des difficultés pendant votre voyage. Pouvez-vous nous en parler et nous dire comment vous les avez surmontés ?
Clovis : La langue a été le plus gros défi pour moi, comme dit précédemment. Je ne parle pas espagnol. La prochaine fois, j’irai en ayant appris un minimum pour pouvoir discuter dans la langue locale. Google traduction m’a bien aidé en général.
Thomas : Pour moi aussi, la seule difficulté rencontrée dans ce voyage était la barrière de la langue. Mais, avec le temps, nous apprenions de plus en plus de mots et c’était plus facile. Sinon nous n’avons pas eu beaucoup de difficulté.
Compte tenu de cette difficulté par rapport à la langue, je suppose que vous avez été confrontés à des incompréhensions, des imprévus ou des découvertes inattendues.
Thomas : Lors de ce voyage, chaque fois que nous le pouvions, nous faisions la fête. D’un coup, nous avons découvert un bar très proche de notre appartement. Ce fut une réelle découverte, car, après, nous y allions très souvent avec une super ambiance et des serveurs très gentils. Les personnes dans le bar également étaient très avenantes.
Le caractère avenant des Argentins revient souvent dans vos propos. Avez-vous fait des rencontres qui vous ont particulièrement marqué ?
Thomas : Personnellement, j’ai fait une rencontre très inattendue. J’étais dans un bar avec mes amis et une personne m’a accosté. Nous avons parlé durant tout ce moment où j’étais au bar. J’en ai presque oublié mes amis sur le moment. Puis, nous avons gardé contact tout le séjour. C’était vraiment une rencontre inattendue, car je venais juste m’amuser avec mes amis.
Ces propos éveilleront la curiosité de nos lecteurs. Mais, ici, ce n’est pas Voici ou Gala, et ça ne le sera jamais, alors je respecterai ton jardin secret et nous n’en dirons pas plus. En dehors de cette rencontre d’exception, pouvez-vous partager un moment particulièrement mémorable de votre voyage ?
Thomas : Un moment mémorable de notre voyage est, je pense, notre première sortie dans un bar. Avec mes amis, nous avions beaucoup fait la fête. Nous étions tellement lancés que nous avons mis de la musique française dans un bar bondé. Tout le monde nous regardait sans comprendre ce qu’il se passait !
Conseils aux futurs voyageurs
Avant de conclure, vu qu’un premier voyage en Argentine peut être source d’appréhension, quels conseils donneriez-vous à un Français qui prévoit de voyager pour la première fois en Argentine ?
Clovis : Je dirais qu’il faut y aller avec un minimum de connaissance de la langue, surtout pour ne pas se perdre. Je trouve que le reste se fait assez facilement.
Thomas : Un conseil que je peux donner est d’y aller sans a priori et sans stress. C’est un pays très accueillant. Bien sûr, il faut faire tout de même attention à ses affaires. Faire attention, par exemple, au vol de téléphone dans les rues. Un autre conseil, c’est d’aller dans des bars ou dans des endroits propices aux rencontres : les Argentins n’ont pas peur de venir vous accoster, comme nous l’avons nous Français !
En conclusion : résumé de l’expérience et projets de voyage
Cet entretien était riche et instructif. Si vous deviez résumer votre voyage en Argentine en 3 mots positifs et 3 mots négatifs, lesquels choisiriez-vous et pourquoi ?
Thomas : Pour moi, les 3 mots positifs sont :
- Rencontre, car j’ai rencontré une personne incroyable.
- Soleil, car l’été arrivait là-bas et j’adore le soleil et la chaleur.
- Amis, car j’ai passé 3 mois à vivre avec mes amis et ça nous a rapprochés.
Et je retiens 2 mots négatifs qui sont :
- Pauvreté, car c’est un pays très pauvre avec un salaire moyen très faible.
- Court, car c’est passé trop vite.
Clovis : Mes 3 mots positifs sont :
- Nourriture : simple mais délicieuse.
- Climat : chaud et ensoleillé, sympa pour sortir bronzer au parc en hiver.
- Accueil : les habitants sont ouverts et chaleureux dans les échanges.
Et mes 3 mots négatifs :
- Chaleur : il fait parfois trop chaud pour moi.
- Trajets : les distances peuvent être très longues et fatigantes.
- Imprévisibilité : certains jours, les villes sont animées tandis que d’autres, les rues sont désertes et les commerces fermés.
Il est temps de conclure. Merci encore de m’avoir accordé de votre temps. Pour finir, avez-vous des projets de retourner en Argentine ou de visiter d’autres pays d’Amérique du Sud ?
Clovis : Je prévois de retourner en Argentine pour découvrir davantage le pays et de visiter d’autres pays d’Amérique du Sud.
Thomas : Personnellement, j’ai pour projet de retourner en Argentine et de visiter toute l’Amérique du Sud.
Merci encore à tous les 2. Ravi de savoir que cette expérience vous a plu et que vous envisagez d’y donner une suite. J’espère que ces projets se concrétiseront rapidement.