L’Argentine, pays de contrastes et d’immensité, est une destination prisée pour ses paysages variés, de la Patagonie aux chutes d’Iguazú. Pour explorer ce vaste territoire, voyager en bus en Argentine est une solution pratique, (relativement) économique et immersive.
Les bus longue distance, qui offrent confort et flexibilité aux voyageurs, sont une véritable institution dans le pays, comme en témoigne l’immense terminal de bus de Retiro à Buenos Aires. Ils sont généralement appelés « micro » pour les distinguer des « colectivos », ce dernier mot désignant les bus urbains qui circulent en ville. Dans cet article, découvrez tout ce qu’il faut savoir pour prendre un bus en Argentine.
⏳ Temps de lecture 22 minutes ⏳
Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- S’appuyant sur vaste réseau, le voyage en bus longue distance est très fréquent en Argentine. Une véritable institution.
- Difficile de voyager bon marché en Argentine, sur de longues distances, en 2025. Toutefois, le bus reste moins cher que l’avion surtout si vous achetez vos billets au guichet et que vous payez en espèces acquises au taux de change le plus favorable.
- Nos conseils d’expérience (modalités d’achat des billets, choix de l’étage, équipement à prévoir, précautions de sécurité, pourboires, etc.) vous aideront à préparer au mieux vos trajets.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
- Mon expérience en tant que voyageur en Argentine
- Pourquoi choisir le bus pour voyager en Argentine ?
- Les meilleures compagnies de bus en Argentine
- Réserver ses billets de bus : modalités et astuces
- Tableau récapitulatif des destinations touristiques au départ de Buenos Aires
- Conseils pour un voyage réussi
- En conclusion
- Un mot sur l’auteur
Mon expérience en tant que voyageur en Argentine
Depuis mon premier voyage en bus longue distance en mars 2001 (et un Buenos Aires-Córdoba, pris depuis la gare de Liniers) jusqu’à fin 2024 (un trajet de nuit de Córdoba au terminal de bus de Retiro) ; je ne compte plus les kilomètres parcourus en utilisant ce moyen de transport.
Mon record est certainement un Bariloche-Ushuaia avec un changement à Rio Gallegos et une pause bien involontaire d’une douzaine d’heures au niveau du détroit de Magellan (les bateaux assurant la traversée des véhicules ne pouvaient plus circuler à cause du vent !).
Je garde les billets comme des trésors. Et je commence à en avoir une quantité considérable. Cette collection est conservée bien à l’abri, car, pour allumer le feu, je préfère chanter avec Johnny Halliday.
Pourquoi choisir le bus pour voyager en Argentine ?
Pour parcourir l’Argentine, l’avion et le bus sont les 2 principales options envisageables.
La culture du bus longue distance étant nettement moins ancrée en France, voici quelques raisons d’opter pour ce moyen de transport.
Réseau de transport bien développé
Avec plus de 2,7 millions de km² (8e rang mondial), l’Argentine possède un réseau impressionnant de routes et d’autoroutes reliant ses grandes villes et ses attractions touristiques.
Contrairement au train, dont les lignes sont limitées à quelques grands axes, le bus est le moyen de transport privilégié des Argentins et, par conséquent, des touristes.
Alternative économique
Les vols intérieurs peuvent être coûteux, surtout si vous réservez à la dernière minute. Sauf si vous pouvez vous permettre d’anticiper vos réservations, les bus proposent des tarifs plus abordables que l’avion, même pour des trajets de plusieurs heures. De plus, les compagnies offrent souvent différentes catégories de sièges pour s’adapter à tous les budgets.
Toutefois, l’inflation (toujours soutenue) combinée à la politique d’« ajustement structurel » du président actuel a fait grimper les prix en flèche ces derniers mois.
Même si voyager en bus reste généralement plus économique que prendre l’avion, il faudra prévoir un budget conséquent, surtout pour des longues distances vers la Patagonie ou entre les principales destinations de Patagonie (plus de 200 000 pesos argentins pour un Bariloche-El Chaltén, il faudra que vos finances l’encaissent !).
Voyager à peu de frais en Argentine, sur de longues distances, est actuellement impossible. Sauf si vous optez pour l’autostop (ce qui fonctionne, mais, évidemment, ne conviendra pas à tout le monde).
Un tableau récapitulatif un peu plus loin donne un aperçu de quelques prix pratiqués à la date de rédaction de cet article (4 janvier 2025).
Véhicules confortables
Les bus longue distance en Argentine sont réputés pour leur confort. Ils disposent de sièges inclinables (généralement en cuir), d’air conditionné, de toilettes et d’écrans collectifs ou (bien plus rarement) individuels.
Voyager en bus peut ainsi devenir une expérience agréable, même pendant des heures. Ah, ce trajet inoubliable entre Bariloche et Rio Gallegos où la compagnie a eu la bonne idée de projeter successivement Rush Hour, Rush Hour 2 et Rush Hour 3 (avec l’infatigable duo Jackie Chan-Chris Tucker) avant d’enchainer avec Dumb et Dumber (un autre duo comique) ! Si l’on se lasse des plaines patagonnes ou des paysages andins (quelle idée !), on peut toujours réviser ses classiques cinématographiques.
Plus sérieusement, voici un aperçu des différents types de sièges proposés :
Común (ou regular)
C’est le service le plus basique, qui vous fera penser au ramassage scolaire de votre enfance et/ou adolescence. Les sièges ne s’inclinent quasiment pas. Et quand le bus est bondé, on prend place debout dans le couloir, entre les rangées.
Ce type de service est proposé sur les courtes ou moyennes distances, par exemple entre Córdoba et Villa Carlos Paz ou entre Purmamarca et Humahuaca. Lors d’un long trajet, les bus sont a minima équipés de sièges semicama et seuls les passagers ayant un siège attribué peuvent embarquer.
Semicama
Les sièges semicama (semi-couchettes), proposés par rangées de 2, sont inclinables à 140 degrés. Cette inclinaison est déjà significative. Ils offrent donc un bon compromis entre confort et prix. Ils sont idéaux pour les trajets de jour ou les moyennes distances.
D’ailleurs, si comme moi vous n’arrivez vraiment pas à dormir dans le bus, pourquoi ne pas opter pour un trajet de nuit en semicama ?
Cama ou cama ejecutivo
En toute franchise, je n’ai jamais vraiment compris la différence profonde entre les 2 catégories. Il s’agit certainement d’un effet d’affichage. Je suppose que le mot « ejecutivo » (qui peut renvoyer au monde du business) fait vendre… Allez savoir !
En pratique, les sièges cama s’inclinent à 160 degrés. Vous ne serez donc pas totalement allongé. Sachez-le, car le mot « cama » (« lit » en français) peut être trompeur, surtout si vous prenez un bus longue distance, de nuit, pour la première fois.
Ces sièges cama peuvent être proposés en rangées de 2 ou en rangée individuelle. Ils sont dotés d’appui-bras, appuis-jambes et repose-pieds. Pour les personnes ayant eu la mauvaise idée d’avoir de longues jambes (j’en fais partie), il sera malaisé de les étendre totalement.
Cette option de luxe propose des sièges entièrement inclinables à 180 degrés. Vous voyagez donc en mode couchette. Ces sièges reprennent toutes les caractéristiques des cama, en mieux !
Lorsque le bus comporte des rangées de 2 sièges, il existe généralement un rideau de séparation pour davantage d’intimité. En principe, des couvertures et des oreillers sont fournis.
Comme vous le verrez en allant sur les plateformes de réservation en ligne ou sur les sites des compagnies, les bus dotés de sièges cama suite sont bien plus rares que ceux proposant des cama.
Services à bord
Outre la climatisation et les WC (qui sont systématiquement prévus), les bus sont susceptibles d’offrir des services additionnels.
Les repas servis à bord et/ou l’autoservice de boissons (jus de fruits, café, eau chaude ou eau froide) étaient encore la norme il y a une dizaine d’années pour les trajets longue distance.
Ces services tendent à se raréfier, y compris lorsqu’on choisit les sièges les plus coûteux. Une manifestation, parmi d’autres, de 10 années consécutives d’inflation soutenue.
De même, le Wifi à bord demeure aléatoire, même si, par la force des choses, il tend à se développer.
Si vous comptez sur tout ou partie de ces services, ne vous ruez pas sur les sièges cama suite les yeux fermés. Vous pourriez être déçu !
Il vaut mieux se renseigner auprès de la compagnie avant de prendre un billet (une raison, parmi bien d’autres, de privilégier l’achat au guichet dans les terminaux, j’y reviendrai). Demandez-leur si le bus est « con servicio » (avec service). Si oui, votre interlocuteur devrait lister ce qui est inclus.
Si vous vous rendez compte, une fois à bord, que vous n’avez pas emporté votre casse-croûte et que rien ne vous sera servi par la compagnie, pas de panique !
Même si le trajet dure près de 24 h (par exemple, un Buenos Aires-San Salvador de Jujuy), il est improbable que vous mouriez de faim ou de soif. Ou alors c’est que vous l’aurez voulu (on dit que tous les goûts sont dans la nature…).
En effet, lors des arrêts, vous pourrez vous approvisionner dans les commerces des terminaux ou auprès des vendeurs ambulants qui montent dans le bus à ce moment-là.
À noter que les bus longue distance qui circulent en Patagonie ont tendance à marquer un arrêt dans un restaurant. Cela permet aux chauffeurs, qui plus est, de faire une pause bien méritée. Mais la halte au restaurant n’est pas forcément incluse dans le prix du billet. Sur ce point encore, le recueil d’information est nécessaire.
Ponctualité et fiabilité
En général, les Argentins ne sont pas ponctuels (euphémisme). Cependant, ne comptez pas sur cela pour arriver à la dernière minute au terminal de bus. Le temps de trouver le quai de départ, vous pourriez être confronté à une fâcheuse surprise : les bus partent à l’heure et tendent à arriver à l’heure. Ils n’attendent pas « ceux qui ne sont rien » (pour paraphraser l’inénarrable Emmanuel Micron). Peut-être qu’ils attendent les VIP, mais sur ce point on atteint mon niveau d’incompétence : ma qualité de simple mortel ne me permet pas d’en juger.
Sécurité
Les accidents de la circulation et les vols sont extrêmement rares.
Par exemple, je n’ai jamais eu à déplorer le moindre vol dans un bagage que j’avais laissé en soute. Ce qui ne veut pas dire que le risque n’existe pas.
Alors, si vous tenez particulièrement à un objet (un ordinateur portable, par exemple), il vaut mieux le garder avec vous et ne pas le placer en soute.
Les meilleures compagnies de bus en Argentine
Les entreprises sont très très très nombreuses. Bien malin celui qui se risquerait à établir un palmarès, d’autant plus que les services sont relativement standardisés (un peu comme quand on prend l’avion). De plus, des compagnies sont spécialisées sur certaines destinations et régions (telles que Marga Taqsa qui relie les grandes villes de Patagonie). Je me contenterai donc de lister les plus prisées, populaires et d’envergure nationale.
Andesmar
Proposant des trajets dans toute l’Argentine (d’Ushuaia à La Quiaca, ou presque) et se rendant au Chili, Andesmar est probablement l’entreprise argentine la plus réputée. La qualité des bus, modernes et confortables, est généralement irréprochable.
Une petite anecdote pour illustrer le prestige dont jouit cette compagnie :
Il y a quelques années, à Purmamarca, dans le nord-ouest du pays, j’ai déjeuné dans un restaurant où étaient attablées des personnes qui avaient toutes la particularité d’être vêtues d’une chemise blanche et d’un pantalon noir. Tout d’abord, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une réunion du fan-club international de Bernard-Henri Lévy. Puis, après une petite romanquête, j’ai découvert que ces personnes suivaient une formation pour intégrer la compagnie Andesmar. L’un d’eux, un jeune homme en quête de son premier emploi formel, m’a fait part de sa fierté d’intégrer une entreprise de renom, offrant des perspectives de carrière.
Via Bariloche
Contrairement à ce que son nom indique, tous les chemins de cette compagnie ne mèneront pas à Bariloche… bien que certains de ses bus s’y rendent avant de proposer une correspondance vers Puerto Montt au Chili.
Quasiment tous les plus grands sites touristiques peuvent être rejoints avec Via Bariloche excepté la Terre de Feu et les glaciers (El Calafate et El Chalten), car l’entreprise ne va pas plus loin que Rio Gallegos.
Flecha Bus
Autre compagnie très populaire, Flecha Bus propose un large éventail de trajets dans tout le pays. Certains de ses bus se rendent au Brésil, en Bolivie ou en Uruguay.
Les voyageurs argentins ont tendance à se plaindre que la flotte est vieillissante et peine à suivre les standards plus élevés des concurrents. Bon, je ne m’en suis jamais plaint. Mais il faut dire que je ne suis pas particulièrement exigeant.
Chevallier
Également appelée Nueva Chevallier, cette entreprise est également très ancienne et réputée.
En 2001, je me souviens de ma première rencontre avec un bus floqué Chevallier. Je me suis dit que le sens du marketing était extraordinaire : qui pourrait résister à pareille monture pour galoper sur les routes de la Pampa argentine ?
Plus prosaïquement, Chevallier était une valeur sûre en 2001 et le reste en 2024.
La Veloz del Norte
Cette fois-ci, le nom ne pourra pas vous induire en erreur : cette compagnie a pour spécialité de relier le nord du pays à Buenos Aires en passant par les grandes villes du centre (Córdoba et Rosario, notamment).
C’est donc une très bonne option pour aller à Salta et à Jujuy. De là, il sera possible de poursuivre jusqu’à La Quiaca (frontière bolivienne) ou encore de pousser jusqu’à Lima.
Réserver ses billets de bus : modalités et astuces
Réservation en ligne
L’option la plus pratique consiste à acheter le billet en ligne. Spoiler alert : la plus pratique ne veut pas dire la meilleure.
Sur internet, vous pouvez passer par des plateformes comme Platforma10, Central de Pasajes ou Busbud ou par les sites des compagnies.
Sur les plateformes, vous constaterez rapidement que l’offre est faible voire inexistante pour certaines destinations (plutôt rares, heureusement). En effet, certaines compagnies et non des moindres n’y sont pas présentes. Elles privilégient la vente sur leur site internet.
Pour autant, je vous conseille de commencer votre parcours d’achat en jetant un coup d’œil sur les plateformes. En quelques clics, vous pourrez accéder à des informations très utiles : fourchette de prix pratiqués, services proposés (semicama, cama, cama suite), places encore disponibles, horaires de départ (jour et/ou nuit), durée du trajet, etc.
Ensuite, si vous optez pour un achat en ligne par carte bancaire, sachez que le taux MEP ne s’appliquera pas toujours. Il s’appliquera si vous passez par Plataforma 10 ou par Central de Pasajes qui sont des entreprises argentines. Mais tel ne sera pas le cas si vous achetez un billet sur Busbud, plateforme qui a été fondée au Canada.
Achat dans un terminal de bus
Si vous voulez faire des économies, l’achat au guichet est l’option que je conseille le plus et de loin.
Pour pouvoir acheter un billet au guichet, votre passeport (ou une copie numérique) vous sera systématiquement demandé (en tout cas pour les bus longue distance).
Avantages
Je préconise d’aller au guichet pour 4 raisons principales :
– Choix plus large : toutes les compagnies proposant des bus au départ des terminaux des grandes villes et destinations touristiques disposent de guichets dans lesdits terminaux. Par conséquent, étant donné que toutes les entreprises ne sont pas présentes sur les plateformes de ventes de billets, on aura accès à un plus large choix de compagnie en se rendant au terminal. En principe, les destinations des bus de chaque compagnie sont affichées en grands caractères, avec des couleurs flashy, sur le guichet.
– Obtenir des informations : à l’ère de l’IA générative, un guichet de bus en Argentine est un excellent moyen d’apprécier la chance d’avoir un être humain en face de soi. Sans besoin d’être bilingue, vous pourrez savoir si des services à bord sont inclus et avoir des indications sur le quai de départ (ce qui n’est pas précisé lorsqu’on achète un billet en ligne). Une telle information n’a rien d’anecdotique lorsqu’on sait que le terminal de Retiro, par exemple, comporte 64 quais.
– Prix plus bas : les prix varient sensiblement d’une compagnie à l’autre. Il faut donc comparer (faire jouer la concurrence, comme disent les adeptes de la guerre économique). Certaines indiquent au moyen d’affichettes qu’elles proposent des promotions pour telle ou telle destination. Surtout, des réductions sont généralement appliquées en cas d’achat au guichet et/ou de paiement en espèces. Il ne faut donc pas s’en tenir aux prix annoncés sur les sites internet (même si c’est une excellente base pour effectuer des comparaisons).
– Taux de change parallèle : en plus des éventuelles réductions dont vous bénéficiez en cas d’achat au guichet, payer en espèces acquises au taux de change parallèle le plus favorable (taux Blue ou taux Western Union) permet d’alléger la facture. En effet, lors d’un achat sur internet, par définition, le taux officiel ou (dans le meilleur des cas) le taux MEP s’appliquent.
Par exemple, pour un voyage de Retiro à Córdoba le vendredi 18 octobre 2024 en semicama, le meilleur prix affiché sur les plateformes était de 29 000 pesos argentins (ARS), comme le montre cette capture d’écran de Busbud :
Or, en me rendant au terminal de Retiro, le billet m’a été vendu 24 000 ARS (soit une économie de 17 %), sachant que j’ai payé en liquide :
Ce jour-là le taux de change Blue était de 1 € pour 1 314 ARS et le taux de change MEP était de 1 € pour 1 177 ARS. La conversion en € est donc la suivante :
- 24 000/1 314 = 18,26 €
- 29 000/1 177 = 24,63 €
Dans ce cas précis, un achat au guichet, avec des ARS acquis au taux de change blue, a permis de réaliser 25 % d’économie par rapport à un achat sur internet au taux de change MEP (et cette économie aurait été encore plus substantielle en cas d’achat sur internet au taux de change officiel de 1 € pour 1 064 ARS ce jour-là).
Inconvénients
Néanmoins, acheter un billet au guichet présente quelques inconvénients :
– Démarche fastidieuse : il faut prendre le temps de se rendre au terminal et de faire le tour des guichets de plusieurs compagnies.
– Anticipation requise : Il n’est pas toujours simple de pouvoir se rendre au guichet d’un terminal avec suffisamment d’anticipation. Si vous allez au guichet d’un terminal de bus la veille ou le jour du départ, il se peut que ce soit trop tard et que les bus soient complets. Cela vaut, notamment, pour les trajets en Patagonie pendant la haute saison, mais aussi pendant les périodes de départ ou de retour de vacances.
Par exemple, en 2013, j’étais au Chili où le bus est tout autant une institution qu’en Argentine. Je voulais rejoindre Santiago depuis Osorno. Il fallait attendre 3 jours pour obtenir une place, car tous les bus étaient complets ! En effet, c’était la fin des vacances scolaires au Chili, ce que j’ignorais. J’ai trouvé un plan B (prendre un bus pour l’Argentine et modifier mon itinéraire), mais tout le monde n’a pas forcément cette flexibilité.
– Maitrise de la langue : si vous ne parlez pas du tout l’espagnol, vous pourriez être en difficulté, même si les informations de base (prix, heure de départ, type de siège) sont aisément compréhensibles. Vous pouvez demander à votre interlocuteur d’écrire sur un bout de papier le prix et l’heure de départ. Vous pouvez aussi vous aider des outils de traduction automatique pour communiquer à l’aide de l’écran de votre smartphone.
Tableau récapitulatif des destinations touristiques au départ de Buenos Aires
L’économie argentine étant ce qu’elle est, les prix indiqués dans ce tableau doivent être considérés à titre indicatif.
Pour calculer des fourchettes de prix, je me suis basé sur les informations fournies, le samedi 4 janvier 2025 (date de rédaction de cet article), par les 3 principales plateformes de ventes de billets, pour un trajet (aller simple) prévu le lundi 13 janvier 2025.
Ces prix étant ceux affichés sur internet, vous pouvez partir du principe que des réductions sont envisageables, à condition d’acheter au guichet et de payer en espèces.
Dans le cas concret mentionné ci-dessus (trajet effectué le 18 octobre 2024), la réduction atteignait 25 % par rapport au prix affiché sur internet. Cependant, compte tenu du nombre de destinations mentionnées et de la variabilité des taux de change parallèle, impossible de s’engager sur le pourcentage desdites réductions.
J’ai ajouté 2 colonnes reprenant les informations (prix et durée du vol) glanées sur le site internet de Flybondi, compagnie d’avion lowcost. Sachant qu’1 seul bagage cabine de 6 kg maximum est inclus d’office, j’ai systématiquement ajouté une option facturée : une valise cabine de 9 kg maximum. D’autres options, qui impliquent elles aussi des coûts additionnels, sont disponibles. Comme avec n’importe quelle compagnie aérienne, plus on réserve tôt, plus les prix sont attractifs.
Tous les prix ci-dessous sont exprimés en ARS (pesos argentins).
Destination | Semicama | Cama | Durée | Flybondi | Durée |
Puerto Iguazú | 85 100 à 142 350 | 105 200 à 155 350 | 17 h 30 à 18 h 30 | 125 156 à 312 503 | 1 h 50 |
Puerto Madryn | 95 000 à 123 500 | 109 250 à 142 025 | 19 h à 20 h | 163 603 | 2 h |
Córdoba | 34 400 à 43 000 | 45 000 à 58 000 | 9 h à 11 h 30 | 62 873 à 89 895 | 1 h 30 |
Tucuman | 68 000 à 94 900 | 85 000 à 118 300 | 16 h 30 à 17 h 30 | 84 018 | 2 h |
Salta | 99 000 | 91 000 à 114 200 | 20 h à 22 h 30 | 108 750 à 144 452 | 2 h 10 |
Jujuy | 97 000 à 126 100 | 113 000 à 146 900 | 22 h 30 à 24 h | 147 773 à 263 141 | 2 h 20 |
Mendoza | 68 000 à 96 600 | 75 350 à 107 900 | 13 h 30 à 17 h | 94 280 à 264 244 | 1 h 50 |
Bariloche | 95 000 à 137 800 | 114 400 à 148 720 | 23 h 30 à 25 h 30 | 124 160 à 381 265 | 2 h 10 |
Conseils pour un voyage réussi
Choisissez votre étage
Les bus longue distance comportent 2 étages. Le seul moyen d’accéder à l’étage supérieur est de prendre un escalier. En principe, les WC sont en bas face à la porte du bus. Donc, si vous avez des problèmes de mobilité ou si vous avez besoin de vous rendre aux toilettes régulièrement, privilégiez un siège en bas (planta baja ou nivel inferior).
Équipez-vous pour de longs trajets
Je me répète (et le tableau ci-dessus corrobore mes dires) : les distances en Argentine sont immenses. Tout ce qui pourra rendre votre trajet plus agréable sera le bienvenu. Emportez des vêtements confortables et une veste ou une couverture légère (surtout si vous êtes frileux). Munissez-vous d’un casque ou d’écouteurs et vérifiez que la batterie de votre téléphone est chargée de manière à pouvoir écouter de la musique, regarder des vidéos, etc.
Préparez votre passeport avant d’embarquer
En plus de votre billet, votre passeport vous sera demandé au moment de monter dans le bus. En effet, l’équipage dispose généralement d’une liste des passagers et il est vérifié que la personne qui se présente y figure bien.
Prévoyez de la monnaie pour les pourboires
Les terminaux de bus sont des lieux où le poids du travail informel en Argentine est particulièrement visible. Des gens ouvrent et ferment les portes des taxis et aident à sortir les bagages du coffre. D’autres personnes travaillent avec les compagnies de bus et chargent les bagages dans les soutes.
Il est coutume de donner un pourboire à ces travailleurs informels, tant à ceux qui mettent les bagages en soute (au départ) qu’à ceux qui vous les restituent (à l’arrivée). Ne rien leur donner est très mal vu. Le montant varie en fonction de la générosité des passagers. Pour ma part, je prévois l’équivalent d’1 € en ARS.
Apportez des collations
Lors d’un trajet longue distance, il est toujours utile d’avoir des collations ou de l’eau à portée de main (de préférence achetés à l’extérieur du terminal si vous ne voulez pas payer le prix fort).
Cela dit, comme indiqué précédemment, il existe des possibilités de se ravitailler en cours de route, notamment lors des arrêts aux terminaux desservis sur le trajet.
Soyez vigilant avec vos bagages
Dans les terminaux et pendant les arrêts, gardez vos affaires personnelles près de vous.
Les bagages volumineux sont généralement placés en soute et vous recevrez un reçu (à présenter à votre arrivée) pour garantir leur sécurité. Vous pouvez renforcer les précautions en utilisant un cadenas.
Profitez du paysage
C’est beau une ville la nuit affirmait Richard Bohringer. Je ne le nie. Mais la nuit en bus est plutôt caractérisée par l’alternance entre l’obscurité et l’éclairage public.
Le jour, il en va différemment : l’un des avantages de voyager en bus est de pouvoir admirer les paysages. Que ce soit les vastes plaines de la Pampa ou les montagnes escarpées des Andes, le spectacle est souvent impressionnant et donne toujours une nouvelle raison de lever le nez de son smartphone.
Je garde un souvenir ému de mon premier passage par la Quebrada de Humahuaca depuis Jujuy ou encore des changements saisissants qui caractérisent un parcours entre Rio Gallegos et Ushuaia.
Faites connaissance
L’Argentine c’est aussi le goût de l’échange et de la découverte de l’autre. Bien plus souvent que les Français, les Argentines engagent la conversation avec des inconnus.
Si vous voyagez de jour, seul, assis dans une rangée de 2 sièges, ne soyez pas surpris si la personne assise à côté de vous s’intéresse à votre petite personne. « Autrui est un monde possible », pour reprendre la formule de Gilles Deleuze (et je me permets d’ajouter, pour le pire et le meilleur). En jouant le jeu et en faisant quelques infidélités à votre téléphone et/ou à votre introversion, vous pourriez avoir le plaisir de rencontrer une belle âme et de vous familiariser avec une autre manière de voir le monde.
En conclusion
Voyager en bus en Argentine est bien plus qu’emprunter un simple moyen de transport : c’est une immersion dans la culture locale et une occasion unique de découvrir les paysages variés de ce pays fascinant. Avec un réseau bien organisé, des bus confortables et des prix relativement économiques, c’est une option idéale pour les touristes souhaitant explorer l’Argentine à leur rythme.