Article mis à jour le 8 février 2025
L’Argentine est une destination qui attire chaque année des millions de voyageurs du monde entier, désireux de visiter Buenos Aires à pied, de tester les plats typiques de la gastronomie argentine et de découvrir les merveilles naturelles du pays. Selon l’Instituto Nacional de Estadística y Censos (INDEC), 6,2 millions de touristes y ont séjourné en 2024.
Que vous soyez touriste, étudiant ou actif, il est essentiel de connaître les exigences en matière de visas avant de planifier votre voyage dans ce pays magnifique. Cet article explore en détail si un visa est nécessaire pour visiter l’Argentine, selon le type de séjour envisagé.
Vous serez peut-être surpris (agréablement, je l’espère) de voir qu’en Argentine nous sommes bien loin de l’Europe forteresse. Dans son préambule, les rédacteurs de la Constitution de la nation argentine (1853) ont mentionné, notamment, l’objectif de « promouvoir le bien-être général, et [d’]assurer les bienfaits de la liberté, pour nous, pour notre postérité, et pour tous les hommes du monde qui veulent habiter sur le sol argentin ». Si le bien-être général reste encore un vœu pieux, l’ouverture de l’Argentine aux « hommes du monde » (et aux femmes, bien entendu) est une réalité difficilement contestable.
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Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- Vous êtes touriste et titulaire d’un passeport français : pas besoin d’un visa pour entrer en Argentine pour un séjour de 90 jours maximum.
- Pour travailler ou étudier en Argentine en tant qu’étranger, il faut bénéficier d’un visa de résidence transitoire spécifique (visa vacances-travail ou visa nomade digital) OU d’un visa de résidence temporaire OU d’un visa de résidence permanente.
- Même si cela est impossible en théorie, il est possible, en pratique, de travailler en Argentine sans visa.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
- Voyageurs de nationalité française : exemption de visa pour les séjours touristiques
- Touristes : quelques précautions avant le départ
- Quels visas pour travailler en Argentine ?
- Visa vacances-travail : pour les personnes âgées de moins de 35 ans
- Visa nomade digital : pour les travailleurs-voyageurs du numérique
- Visa de résidence temporaire : pour un étudiant d’une université argentine ou un salarié d’une entreprise argentine
- Visa de résidence permanente : pour les amoureux au sens large
- En conclusion
- Un mot sur l’auteur
Voyageurs de nationalité française : exemption de visa pour les séjours touristiques
Les ressortissants de la plupart des pays européens appartenant à l’espace Schengen n’ont pas besoin de visa pour entrer en Argentine en tant que touristes, et ce pour une période maximale de 90 jours (3 mois). Tel est le cas pour les Français.
Toutefois, un Français doit posséder un passeport valide pour toute la durée du séjour. De plus, ce passeport doit être valide au moins 6 mois après la date d’entrée prévue.
Si vous prévoyez de prolonger votre séjour touristique au-delà des 90 jours initiaux, 2 possibilités s’offrent à vous :
- Vous pouvez quitter le pays, puis y revenir pour bénéficier d’une nouvelle période de 90 jours. Par exemple, si vous visitez Buenos Aires, il suffit d’effectuer un court séjour en Uruguay (une journée à Colonia del Sacramento ou quelques jours à Montevideo, par exemple). Si vous parcourez le Nord-ouest argentin, un crochet par le Sud-est bolivien (et le Sud-Lípez vaut vraiment le détour) pourra être envisagé. Théoriquement, cette procédure peut être répétée à l’infini… si bien que vous pourrez croiser des étrangers qui vivent en Argentine depuis plusieurs années avec un statut de touriste*.
*…et qui y travaillent (même si, légalement, le statut de touriste l’interdit ; j’écris « légalement », car en Argentine le travail informel, non déclaré et non couvert, concernait près de la moitié de la population active fin 2022).
- Vous pouvez demander une extension (90 jours supplémentaires) – et 1 seule – auprès des autorités locales en Argentine et, plus précisément, de Migraciones (l’administration nationale des migrations) qui dépend du ministère de l’Intérieur. Cette demande doit impérativement être faite avant l’expiration des 90 premiers jours. Une taxe migratoire (tasa de renovación) doit être payée. Mais elle est vraiment peu onéreuse : sauf erreur de ma part, 6 UMSM (Unidad de Medida de Servicios Migratorios) soit 6 000 pesos argentins (ARS) – puisqu’1 USSM = 1 000 ARS – vous seront demandés. Cette somme est modique, comme le montre notre outil de calcul des taux de change euro pesos argentin. Ayant effectué cette démarche à 2 reprises, entre le temps d’attente (variable selon l’affluence) et les allers-retours entre les bureaux de Migraciones et le lieu de paiement de la taxe, il faut prévoir une matinée pour accomplir cette formalité.
Dans la plupart des cas, il sera plus économique de demander l’extension que de franchir la frontière, puis de revenir en Argentine. En effet, le coût de la taxe est largement inférieur au prix d’un déplacement vers un pays limitrophe.
Touristes : quelques précautions avant le départ
Comme vous le voyez, un passeport valide suffira pour entrer en Argentine en tant que touriste et y séjourner 90 jours (voire 180 jours en cas d’extension de cette période). Cependant, 2 précautions doivent être prises avant de prendre l’avion. J’ai eu à pâtir de quelques (més)aventures pour ne pas y avoir été attentif. Je me dois donc de vous alerter sur ces 2 points.
Escale aux États-Unis : penser à l’ESTA
Pour les voyageurs au budget serré (dont je fais partie), il est coutume d’aller au moins cher, ce qui conduit à effectuer des trajets comprenant des escales généralement longues et improbables.
Au gré de mes voyages en Argentine, en partant de la France, j’ai ainsi visité les aéroports de nombreux pays : Allemagne, Brésil, Chili, Colombie, Espagne, États-Unis, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse. Un moyen de se rendre compte que rien ne ressemble plus à un aéroport qu’un autre aéroport, peu importe où il se trouve.
En 2022, année marquant la reprise du trafic aérien mondial après l’émergence du Covid-19, la compagnie étatsunienne Delta Airlines proposait des tarifs très agressifs. C’est ainsi que j’ai pu obtenir un aller-retour Toulouse-Buenos Aires (bagage en soute inclus) pour 678 €… via Paris et Atlanta. On fait mieux en matière de bilan carbone…
Pour un Français, toute escale aux États-Unis suppose d’avoir un ESTA (Electronic System for Travel Authorization). L’ESTA est un système en ligne qui permet aux citoyens de certains pays d’entrer aux États-Unis sans visa.
Je l’ignorais. Certes, je sais qu’un visa est nécessaire pour un séjour aux États-Unis, mais jamais je n’aurais cru qu’un voyageur en transit devait effectuer une quelconque formalité. Je n’avais jamais eu à le faire jusqu’alors au gré de mes escales dans les pays précédemment mentionnés. Mais, je n’avais jamais eu à passer par les États-Unis. J’ai appris l’existence de cette formalité à mes dépens : n’ayant pas d’ESTA, je n’ai pas pu embarquer !
Bref, si vous faites escale aux États-Unis pour vous rendre en Argentine, n’oubliez pas de solliciter votre ESTA. Il suffit de remplir un formulaire en ligne sur le site internet officiel (et non un site officieux… car, il en existe). L’ESTA est valable pour 2 ans ou jusqu’à l’expiration du passeport. Même si la réponse est très rapide (vous l’obtenez parfois le jour même), faites votre demande aussi en amont que possible. Le coût est de 21 dollars.
Plus de 3 mois entre votre aller et votre retour : gare aux ennuis
Adepte des voyages aux longs cours (comme celui que j’ai effectué – Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Pérou – pendant 7 mois entre septembre 2012 et mars 2013), vous opterez certainement pour des billets d’avion dont l’aller et le retour sont séparés de plus de 90 jours.
Si vous commencez votre périple en Argentine, vous vous direz (logiquement !) qu’il suffira de sortir du pays avant la fin de la période de 90 jours pour n’avoir aucun problème. Si vous envisagez de rester en Argentine plus de 3 mois, vous vous direz (tout aussi logiquement !) qu’il suffira d’aller solliciter le renouvellement de la période initiale de 90 jours auprès de la direction nationale des migrations (Migraciones).
En pratique, c’est malheureusement plus compliqué que cela. Comme me l’a confirmé tout récemment le service des visas et des légalisations de l’ambassade d’Argentine en France :
En août 2023, je me suis présenté à l’aéroport de Toulouse-Blagnac avec un aller-retour pour Buenos Aires (en passant par le Brésil) : l’aller et le retour étaient séparés d’un peu plus de 4 mois.
À l’aéroport de Toulouse-Blagnac, la compagnie aérienne (dont je tairai le nom) m’a refusé l’embarquement au motif que je ne disposais pas d’un visa délivré par les autorités argentines. J’ai eu beau expliquer que j’envisageais de procéder comme je l’avais déjà fait par le passé (sortir du pays avant l’expiration de la période de 90 jours OU solliciter le renouvellement de cette période auprès de Migraciones le moment venu), rien n’y faisait. Sans visa, le système informatique de la compagnie aérienne ne pouvait pas générer la carte d’embarquement.
Après de longs pourparlers, un employé de cette compagnie a trouvé une solution : il a rentré dans le système informatique le numéro d’un vol Buenos Aires-Montevideo que j’étais censé prendre avant l’expiration de la période de 90 jours. Grâce à ce stratagème, j’ai finalement pu embarquer.
Moralité : si plus de 90 jours séparent votre atterrissage à Buenos Aires et votre décollage depuis Buenos Aires, il sera plus prudent d’anticiper d’éventuels désagréments. Parmi les possibilités envisageables :
- produire un justificatif de sortie du territoire argentin avant l’expiration du délai de 90 jours ;
Pour ce faire, un site internet comme OneWayFly est utile. Il permet de réserver des billets d’avion, offrant des itinéraires de vol vérifiables, à partir de 16 $. Les réservations sont livrées par e-mail et sont valables pendant 48 heures, ce qui est suffisant pour fournir un justificatif à la compagnie aérienne et aux contrôles douaniers.
- solliciter un visa auprès de l’ambassade d’Argentine en France (ce qui a un coût) ;
- prolonger (après votre arrivée en Argentine) la date de vol de retour initialement prévue (ce qui aura aussi probablement un coût) ;
- opter pour un aller simple (et donc acheter le billet de retour ultérieurement, ce qui généralement occasionne des surcoûts par rapport à l’achat d’un aller-retour).
Quels visas pour travailler en Argentine ?
Imaginons, à présent, que vous ayez été séduit après un premier séjour en Argentine. Cela n’a rien d’hypothétique : j’en suis la preuve (parmi bien d’autres). Dans ce cas, vous souhaiterez savoir comment vivre durablement dans ce pays, légalement, avec la possibilité d’y travailler. Plusieurs possibilités sont envisageables.
Visa vacances-travail : pour les personnes âgées de moins de 35 ans
Le programme vacances-travail (PVT) permet à un citoyen français majeur, n’ayant pas encore fêté ses 35 ans, de résider en Argentine pendant au plus 1 an et d’être autorisé à y travailler en tant que salarié.
Je vous renvoie à l’article sur le site de l’ambassade d’Argentine en France. Il détaille les conditions d’obtention du visa vacances-travail et liste les documents requis pour constituer un dossier. Tout y est expliqué très clairement et je n’ai rien à y ajouter.
Visa nomade digital : pour les travailleurs-voyageurs du numérique
Créé en mai 2022, ce visa spécifique concerne les personnes qui :
- fournissent des services en faveur de personnes physiques ou morales domiciliées en dehors de l’Argentine (autrement dit, qui travaillent, en Argentine pour des non-Argentins, avec un ordinateur et une connexion internet) ;
- sont ressortissants d’un pays pour lequel seul le passeport est requis pour entrer en Argentine.
Par conséquent, les digital nomads français sont éligibles.
Ce visa est d’une durée de 180 jours (6 mois). Il est renouvelable 1 fois.
La procédure s’effectue exclusivement en ligne, sur un site internet dédié. Le demandeur n’a pas besoin de se rendre dans un consulat situé dans une ville spécifique.
La condition de nomade digital devra être prouvée par :
- la présentation d’un CV ;
- des justificatifs de l’activité exercée (contrat, attestations de revenus ou d’honoraires, etc.) et au moins une référence professionnelle liée à ladite activité.
Une taxe migratoire de 200 unités consulaires (UC), soit 200 €, devra être acquittée.
Visa de résidence temporaire : pour un étudiant d’une université argentine ou un salarié d’une entreprise argentine
Le visa de résidence temporaire d’1 an maximum permet d’obtenir la carte d’identité argentine (documento nacional de identidad – DNI). Il est renouvelable sur demande. Après 3 ans de résidence temporaire, il devient possible de solliciter une résidence permanente.
Conditions générales
Quelle que soit la qualité au nom de laquelle vous sollicitez le visa de résidence temporaire, il faut payer une taxe migratoire de 6 UMSM soit 6 000 ARS.
De plus, des documents doivent être systématiquement présentés lors de votre demande qui se fait impérativement sur le sol argentin :
- passeport (valide et attestant de votre entrée légale en Argentine, sachant que depuis avril 2022 les passeports ne sont plus tamponnés lors de votre arrivée dans le pays) ;
- extrait de casier judiciaire argentin (certificado de antecedentes penales) à solliciter auprès de la Dirección Nacional de Reincidencia ;
- extrait de casier judiciaire français (à demander en ligne) avec l’apostille de La Haye (à demander par courrier adressé à la cour d’appel de Rennes), qui devra être traduit en Argentine par un traducteur assermenté et certifié par le Colegio de Traductores ;
- justificatif de domicile (certificado de domicilio) que l’on obtient, par exemple, au commissariat de police le plus proche, en présence de 2 témoins titulaires du DNI argentin et domiciliés en Argentine.
Ensuite, en fonction de la qualité au nom de laquelle vous sollicitez le visa de résidence temporaire (étudiant, investisseur, rentier, retraité, salarié, etc.*), d’autres conditions et/ou formalités doivent être remplies.
Je m’en tiendrai, dans les lignes qui suivent, à la situation des étudiants et des salariés. En effet, un visa de résidence temporaire en tant qu’étudiant ou salarié ouvrira la voie, après délivrance du DNI, à l’obtention de l’équivalent du numéro de Sécurité sociale en Argentine, soit le Código Único de Identificación Laboral (CUIL). Il s’agit du sésame pour pouvoir exercer une activité salariée formelle, déclarée, au même titre qu’une Argentine ou un Argentin.
*NB : avoir le projet de créer une entreprise en Argentine ne permet pas, à l’heure actuelle, de solliciter un visa de résidence temporaire.
Cas particulier des étudiants
À la suite des réformes universitaires de 1918 et 1949, le système public d’enseignement supérieur en Argentine a la particularité (quasi unique à l’échelle sud-américaine) d’être gratuit (premier cycle) ou peu coûteux (spécialisations, masters et au-delà) et de qualité. Cela le rend particulièrement attractif, et ce, bien au-delà des frontières du pays.
Pour un Français désireux de s’établir durablement en Argentine, suivre un cursus universitaire dans un établissement public est une voie particulièrement intéressante. Outre la délivrance du visa de résidence temporaire (et, à terme, de la résidence permanente), suivre un cursus universitaire est aussi le moyen d’obtenir un diplôme local pouvant favoriser l’insertion sur le marché du travail argentin.
Toutefois, suivre les actualités sera nécessaire, car le président argentin élu fin 2023 n’a jamais caché son intention de remettre en cause ce système universitaire.
En plus des pièces mentionnées dans la section « conditions générales », le demandeur devra présenter un certificat de scolarité (constancia de inscripción electrónica) d’une institution universitaire habilitée.
Bien entendu, préalablement, il faudra s’être inscrit dans un cursus et, pour ce faire, avoir satisfait les critères de sélection académique. Un étranger devra, notamment, justifier d’un niveau de langue suffisant en passant un examen appelé le CELU (Certificado de Español Lengua y Uso).
Cas particulier des salariés
L’aide d’une entreprise argentine est nécessaire pour solliciter un visa de résidence temporaire en tant que salarié. En effet, cette entreprise doit fournir les documents suivants (en plus de ceux qui doivent être présentés par le demandeur de visa) :
- une promesse d’embauche (pre-contrato laboral) ;
- un certificat d’inscription auprès de l’administration fiscale (Administración Federal de Ingresos Públicos – AFIP) ;
- un certificat d’inscription au Registre national unique des requérants étrangers du ministère de l’Intérieur (Registro Nacional Único de Requirentes de Extranjeros – RENURE).
Trouver une entreprise acceptant de faire une telle démarche n’est pas chose aisée. La Chambre de commerce et d’industrie franco-argentine (CCIFA) est un point d’appui intéressant pour pouvoir en identifier ou commencer à se constituer un réseau professionnel. Pablo Tiscornia, responsable emploi et formation au sein de la CCIFA, parfaitement francophone, est l’interlocuteur de référence à Buenos Aires sur ce sujet : emploi(@)ccifa.com.ar
Visa de résidence permanente : pour les amoureux au sens large
Si vous êtes désireux de vous installer en Argentine, le visa de résidence permanente est le Graal. Outre la possibilité de la solliciter au bout de 3 ans de résidence temporaire, comme indiqué précédemment, la résidence permanente est accessible sous réserve de satisfaire plusieurs autres conditions.
Les plus fameuses sont :
- le mariage avec :
- une Argentine ou un Argentin,
- une résidente permanente ou un résident permanent ;
- la démonstration d’un lien de parenté avec une Argentine ou un Argentin.
Cette dernière situation a fait l’objet d’un certain bruit médiatique (en Argentine et à l’international) ces derniers mois, puisque des couples russes attendant un enfant sont venus s’installer en Argentine. À la naissance de leur enfant – ce dernier obtenant automatiquement la nationalité argentine, conformément au droit du sol –, les parents russes pouvaient engager la procédure conduisant à l’obtention du passeport argentin.
En conclusion
Même si cet article s’est volontairement limité aux situations les plus fréquentes (touriste, étudiant, travailleur), il vous aura donné un bon aperçu des différentes possibilités accessibles à une personne désireuse de séjourner légalement en Argentine.