San Telmo, l’un des quartiers les plus anciens et les plus emblématiques de Buenos Aires, offre une expérience inoubliable pour les voyageurs férus d’histoire et de culture.
Avec ses rues pavées, ses bâtiments coloniaux, son ambiance bohème, ses édifices religieux, la plus célèbre milonga de Buenos Aires en plein air, San Telmo est un véritable joyau pour ceux qui souhaitent découvrir l’âme de la capitale argentine.
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Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- La Plaza Dorrego est le cœur du quartier : lieu chargé d’histoire, rendez-vous des antiquaires, scène des artistes de rue, etc. L’étape est incontournable. Surtout si vous visitez Buenos Aires un dimanche, jour de la célèbre Feria de San Telmo.
- Le Mercado de San Telmo est l’autre halte obligatoire dans le quartier. Ce marché couvert vaut autant pour ce qu’on y trouve que pour son architecture impressionnante.
- Le Parque Lezama est l’un des plus beaux espaces verts de la ville, qui pourtant n’en manque pas (il suffit de penser à ceux de Palermo). La visite peut être combinée avec celles du Museo histórico nacional, du Palacio Lezama et de la Iglesia ortodoxa Rusa.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
- Un peu d’histoire pour les nuls (dont je fais partie)
- Carte des lieux à visiter à San Telmo
- Mercado de San Telmo | Marché de San Telmo
- Plaza Dorrego | Place Dorrego
- Parque Lezama | Parc Lezama
- Des murs qui parlent de l’histoire de l’Argentine
- El Viejo Almacén | Le vieux magasin
- Zanjón de Granados
- Casa Mínima (Pasaje San Lorenzo) | Maison minimale (Passage San Lorenzo)
- Palacio Lezama – Fábrica Canale | Palais Lezama – Usine Canale
- Pasaje de la Defensa | Passage de la Defensa
- Galería Solar de French | Galerie Solar de French
- Escuela Dr. Guillermo Rawson | École Dr. Guillermo Rawson
- Facultad de Ingeniería, sede Paseo Colón | Faculté d’Ingénierie, siège Paseo Colón
- Casa de Esteban de Luca
- Un parcours artistique éclectique
- Un quartier œcuménique
- En conclusion
- Un mot sur l’auteur
Un peu d’histoire pour les nuls (dont je fais partie)
Avec ses rues pavées, ses maisons basses de style colonial, ses patios avec des puits, San Telmo séduira les touristes en quête d’authenticité.
Malgré sa proximité avec les gratte-ciels du quartier de Puerto Madero, le patrimoine architectural du quartier semble figé dans le temps.
Il faut dire que les familles aisées qui en avaient fait leur lieu de prédilection l’ont déserté lors de la terrible épidémie de fièvre jaune de 1871. Direction La Recoleta et les quartiers nord de la ville, sans pouvoir glisser leurs belles bâtisses dans les bagages.
De nos jours, San Telmo se distingue également par ses bars, restaurants, lieux de tango (diners-spectacles et milongas) et, en particulier, par la grande variété de magasins d’antiquités de différents types.
Au cœur du quartier se trouve la Plaza Dorrego, la plus ancienne de Buenos Aires après la célèbre Plaza de Mayo. Le dimanche, elle accueille des spectacles en plein air ainsi que la Feria. Cette foire d’antiquités, la plus importante de la ville s’étend au-delà de la place et anime toute la rue Defensa.
Et pourquoi San Telmo, me direz-vous ? La petite histoire appelle un détour par la grande :
Pedro González Telmo, patron des marins, était un frère de l’ordre des dominicains qui vivait en Espagne au XIIIe siècle. Il prêchait l’Évangile aux marins et aux pêcheurs de Galice et du Portugal.
Au XVIIe siècle, la vie des premiers habitants du secteur tournait autour de l’activité portuaire. San Pedro González Telmo a donc été choisi comme patron de ce quartier.
Carte des lieux à visiter à San Telmo
Comme vous le verrez, beaucoup de sites d’intérêt sont concentrés en peu de cuadras :
Visiter le quartier à pied est donc tout à fait envisageable et fortement recommandé.
Mercado de San Telmo | Marché de San Telmo
Sac de course MARRON sur la carte | Adresse : intersection de la rue Defensa et de la rue Carlos Calvo
Aimez-vous les antiquités, les portraits de famille en noir et blanc ou les jouets du siècle dernier ? Ne ratiez-vous pour rien au monde les aventures de Louis la Brocante incarné par le regretté Victor Lanoux ?
Voulez-vous dénicher quelques épices improbables, déguster un malbec de Mendoza ou emporter un pâté de Patagonie ?
Voulez-vous essayer du shawarma du Moyen-Orient, une spécialité argentine (des empanadas salteñas ou un choripán roboratif, par exemple), une bonne raclette, prendre un café avec des grains provenant de quelque pays exotique ou déguster une galette bretonne ?
Il est possible que vous fassiez tout cela (et bien plus encore) en allant à un seul endroit : le Mercado de San Telmo.
Ce n’est pas/plus tout à fait vrai… La crêperie Un, Dos, Crêpes, fondée par Ludovic Casrouge, a quitté les lieux en début d’année.
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé… Certes, mais le Mercado de San Telmo mérite tout de même votre attention.
Inauguré en février 1897, déclaré monument historique national en l’an 2000, ce marché couvert est né dans le but de fournir les vivres nécessaires à la nouvelle vague d’immigrants européens arrivant en ville.
Ce pittoresque bâtiment est l’œuvre de Juan Antonio Buschiazzo. Un personnage qui mérite quelques lignes. Buschiazzo est arrivé d’Italie à l’âge de 4 ans. Il a été le deuxième architecte à obtenir son diplôme à Buenos Aires. Puis, il a occupé le poste de directeur des travaux publics de la ville. En plus d’être responsable des travaux des hôpitaux, résidences, banques et bâtiments gouvernementaux, il a été l’un des principaux responsables du tracé de l’Avenida de Mayo.
Sans aucune incitation au torticolis… lorsque vous visiterez le Mercado de San Telmo, prêtez attention à sa structure interne originale – formée de poutres, arcs et colonnes en métal avec des toits en tôle et en verre – et, au centre de la construction, à la grande coupole qui le décore.
Plaza Dorrego | Place Dorrego
Cercle VIOLET sur la carte | Adresse : Humberto 1° 400
La Plaza Dorrego, entièrement pavée, n’a pas toujours été le lieu artistique et bohème qui lui vaut sa renommée actuelle.
Elle est classée monument historique national, car, en septembre 1816, le peuple de Buenos Aires y a été réuni pour lui annoncer l’indépendance de l’Argentine, proclamée le 9 juillet de la même année lors du Congrès de Tucumán.
Cœur du quartier de San Telmo, elle est entourée de nombreuses maisons du XIXe siècle qui ont été rénovées et transformées en cafés, restaurants ou magasins d’antiquités (notamment, sur la rue Defensa). S’y rassemblent et s’y produisent également de nombreux artistes de rue, parmi lesquels des danseurs de tango professionnels ou amateurs.
Les caractéristiques actuelles de la Plaza Dorrego sont assez récentes et doivent beaucoup à l’architecte José María Peña.
En 1970, il a imaginé qu’un marché pourrait revitaliser le quartier de San Telmo. Il a convaincu une trentaine d’habitants, voisins de la place, de vendre les « choses anciennes » (les reliques, dirait ma professeur de latin) qu’ils stockaient chez eux.
Un an plus tard, le marché avait déjà du succès et comptait plus de 200 stands d’antiquaires. Avec le temps, le quartier de la rue Defensa a également grandi pour devenir l’un des centres d’antiquaires les plus prestigieux d’Amérique.
Parque Lezama | Parc Lezama
Arbre VERT FONCÉ sur la carte | Adresse : intersection de l’Avenida Paseo Colón et de l’Avenida Brasil
Le Parque Lezama est l’une des nombreuses promenades traditionnelles de la ville de Buenos Aires.
Pourtant, il fait l’objet de terribles controverses (qui se règlent, dit-on, à l’aide de coups de parchemins) : certains historiens croient que Pedro de Mendoza a choisi cet emplacement pour la première fondation de la ville en 1536, avant de l’abandonner, un an plus tard, à cause de la famine, des maladies et de l’hostilité des autochtones (les querandíes) ; pour d’autres, cela n’est que pure spéculation de conteurs.
Une chose est sûre : en 1857 (trois siècles plus tard), le terrain a été acheté par Gregorio Lezama.
Cet éleveur de bétail originaire de Salta (au nord-ouest de l’Argentine) a importé des arbres et des plantes exotiques et a engagé des paysagistes européens pour concevoir l’un des jardins privés les plus luxueux de l’époque.
Sa veuve, Ángela Álzaga, a vendu les terrains à la municipalité en 1894 à condition qu’ils soient transformés en une promenade publique portant le nom de son mari.
Le parc comprend plusieurs sculptures et monuments (dont celui en l’honneur de Pedro de Mendoza), un amphithéâtre, un belvédère et une fontaine.
Aux alentours, sur la rue Defensa, se trouve le Museo histórico nacional, qui était la maison habitée par Lezama au XIXe siècle. En face se dresse l’Église orthodoxe russe, reconnaissable à son style moscovite et ses coupoles bleues. Enfin, au sud, la façade en brique du Palacio Lezama (Fábrica Canale) ne laisse pas de marbre.
Des murs qui parlent de l’histoire de l’Argentine
Les bâtiments coloniaux et les rues pavées de San Telmo ont de nombreuses histoires à raconter. Visiter ce quartier est l’occasion d’en découvrir quelques-unes.
El Viejo Almacén | Le vieux magasin
Danseur BLEU CLAIR sur la carte | Adresse : Avenida Independencia 303
Gardien des traditions tout en étant ouvert à la modernité, San Telmo est, tout naturellement, le quartier proposant la plus riche concentration de spectacles de tango et de milongas. Dans un article listant les 12 meilleurs show de tango à Buenos Aires, j’ai noté que 4 d’entre eux se situent sur la même cuadra de la rue Balcarce.
Tel n’est pas le cas d’El Viejo Almacen, que vous trouverez un peu plus loin, à l’angle de la rue Balcarce et de l’Avenida Independencia. Cependant, j’ai choisi de le mettre à l’honneur dans les lignes qui suivent.
Construit en 1769, il doit son nom au fait qu’il était, autrefois, un entrepôt. Puis, pendant les années 1840, il a abrité l’hôpital britannique : en juin 1844 s’y est déroulée, pour la première fois à Buenos Aires, une opération chirurgicale utilisant l’éther. Au cours des décennies 1850 et 1860, il a accueilli la douane générale de la nation et est devenu hôpital de campagne pendant la guerre du Paraguay, également appelée guerre de la Triple-Alliance (1865-1870).
Aujourd’hui, après son rachat en 1969 par le chanteur de tango Edmundo Rivero, il est célèbre pour ses diners-spectacles : un restaurant de cuisine internationale à la carte, avec une vaste sélection de vins, combiné à un excellent spectacle de tango.
Toutefois, que votre appétit ne se laisse pas écraser par ces siècles d’histoire lorsque vous dégusterez un délicieux Malbec en savourant un somptueux tango… 2 médicaments dont les vertus transcendent les époques.
Zanjón de Granados
Château fort BLEU FONCÉ sur la carte | Adresse : Defensa 755
Le Zanjón de Granados est un complexe situé sur ce qui était le septième et dernier pâté de maisons au sud de la ville lors de sa deuxième fondation, en 1580, par Juan de Garay. Cette cuadra faisait office de limite, car elle était traversée par un ruisseau.
Dans les années 1980, le propriétaire actuel du lieu a fait une découverte archéologique involontaire alors qu’il tentait de restaurer sa maison de style italien.
Des fouilles ont été effectuées. Sous la maison (dont la façade et les patios datent de la première moitié du XIXe siècle) et les bâtiments adjacents ont été découverts des vestiges de tunnels, des citernes, des puits, des ustensiles, des récipients et des restes de constructions datant de 1700, 1740 et 1830.
Ouvert aux visites depuis 2006, ce site permet l’accès aux témoignages les plus anciens de ce qu’était la vie quotidienne à Buenos Aires il y a plus de 3 siècles.
Casa Mínima (Pasaje San Lorenzo) | Maison minimale (Passage San Lorenzo)
Maison VERT CLAIR sur la carte | Adresse : San Lorenzo 380
La majorité des constructions qui bordent le Pasaje San Lorenzo, ruelle de deux pâtés de maisons, datent de la seconde moitié du XIXe siècle et des premières années du XXe siècle.
Vous pourrez y visiter la galerie Los Patios de San Telmo, une maison typique du XVIIIe siècle devenue terre d’asile de divers artistes et artisans.
Mais la véritable curiosité du Pasaje San Lorenzo est la Casa Mínima.
Avec à peine 2,50 m de façade (pour 13 m de profondeur), cette maison est connue comme la plus étroite de la ville. Même si la bataille avec les concurrents fait rage : régulièrement, des bagarres éclatent et se règlent (sans jeu de mots) à coups de doubles décimètres (et non à coups de parchemins, laissons ça aux historiens).
Sa façade simple est composée d’une porte à 2 battants avec des panneaux peints en vert. Cette ouverture est surmontée d’un petit balcon avec des barreaux en fer.
Au XIXe siècle, les maisons de ce style surprenant étaient destinées aux esclaves affranchis : leurs maîtres leur assignaient un petit espace pour construire un logement, contigu à leur propriété.
Cette demeure du Pasaje San Lorenzo est la seule de ce type encore visible, aujourd’hui, à Buenos Aires. Pour l’anecdote, pendant longtemps, elle a été appelée Casa del esclavo liberto (maison de l’esclave affranchi) et non Casa Mínima.
Palacio Lezama – Fábrica Canale | Palais Lezama – Usine Canale
Usine ROUGE sur la carte | Adresse : Avenida Martín García 320
Autrefois, dans ce bâtiment, se trouvait l’usine des Bizcochos Canale, une marque de génoise très populaire en Argentine.
En 1875, José Canale, immigrant génois, a ouvert une petite boulangerie à l’angle des rues Defensa et Cochabamba.
Au fil des ans, son entreprise familiale a grandi et a déménagé à cet emplacement, en face du Paque Lezama. Elle a continué à prospérer, suivant le progrès industriel du pays, et est devenue l’une des plus grandes usines du sud de la ville.
Plus récemment, le site a été utilisé pour des événements importants et des expositions d’architecture.
Actuellement, ce bâtiment, de 6 étages et d’une superficie de 30 000 m², abrite des bureaux gouvernementaux.
Pasaje de la Defensa | Passage de la Defensa
Maison ORANGE sur la carte | Adresse : Defensa 1179
Cette maison traditionnelle à 2 étages, construite dans les années 1880, a été la résidence des Ezeiza, une illustre famille de la ville.
Le rez-de-chaussée compte pas moins de 3 cours intérieures : le Patio del Tiempo, le Patio del Árbol et le Patio de los Ezeiza.
Pendant quelques années, une école pour personnes sourdes et muettes y a fonctionné. Puis, en 1981, sans doute noyée dans les eaux glacées du calcul égoïste (simple hypothèse), elle a été transformée en galerie commerciale dédiée à la vente d’antiquités, de vêtements, de tableaux, de souvenirs, etc.
Galería Solar de French | Galerie Solar de French
Château fort JAUNE sur la carte | Adresse : Defensa 1056
La Galería Solar de French attire l’œil des visiteurs par son patio sur lequel plane une escouade non pas de soucoupes volantes arc-en-ciel, mais de parapluies aux couleurs vives.
À l’entrée, un tableau de faïence illustre la participation de Domingo French et Antonio Luis Beruti lors des événements qui ont conduit à la Revolución de Mayo de 1810. L’histoire raconte que ces deux patriotes distribuaient, aux portes du Cabildo, les rubans bleu et blanc que les indépendantistes portaient à la boutonnière pour se différencier des royalistes.
La partie avant de cette construction date du début du XXe siècle. À l’étage, il est possible de profiter d’un restaurant avec une belle vue sur la Plaza Dorrego.
Le reste du bâtiment, dans lequel se distinguent des éléments de l’architecture néocoloniale, a été construit dans les années 1930.
Escuela Dr. Guillermo Rawson | École Dr. Guillermo Rawson
Hôpital NOIR sur la carte | Humberto 1° 343
Ce terrain a été occupé par l’ordre des bethlémites au XVIIIe siècle. De cette époque datent les magnolias qui ornent son entrée.
Sous l’empire espagnol, à la fin du XVIIIe siècle, le Protomedicato, une institution régulant la pratique de la médecine, y a été établi. Plus tard, entre 1858 et 1887, il a accueilli la première école de médecine de Buenos Aires.
Facultad de Ingeniería, sede Paseo Colón | Faculté d’Ingénierie, siège Paseo Colón
Bâtiment avec des colonnes GRIS CLAIR sur la carte | Adresse : Avenida Paseo Colón 850
Ce bâtiment a été construit, au milieu du XXe siècle, pour la fondation María Eva Duarte de Perón. Mais Evita est décédée en 1952 et n’a jamais occupé les bureaux.
Une fois son mari (le président Juan Domingo Perón) renversé, l’ouvrage a été réaménagé et destiné à l’école d’ingénieurs de l’université de Buenos Aires.
La construction de style monumental et néoclassique est une réplique du bâtiment de la faculté de Droit, situé dans le quartier de la Recoleta.
Casa de Esteban de Luca
Livre VERT CLAIR sur la carte | Adresse : Carlos Calvo 383
Cette maison de la fin du XVIIIe siècle, classée monument historique national, a été la résidence d’Esteban de Luca, militaire, poète et journaliste (car, oui, ces trois nobles offices ne sont pas incompatibles).
De Luca est l’auteur de la Marcha Patriótica, la première chanson nationale composée en 1810. Il s’est également distingué dans la lutte contre les forces anglaises qui ont envahi la ville en 1806 et 1807.
Un parcours artistique éclectique
San Telmo est non seulement un quartier d’histoire, mais encore un quartier d’art. Loin d’être exhaustive, cette sélection en est la preuve.
Museo Moderno | Musée d’art moderne
Musée VIOLET sur la carte | Adresse : Avenida San Juan 350
Le Musée d’art moderne de Buenos aires, qui figure en bonne place dans ma liste des meilleurs musées de Buenos Aires, abrite une riche collection d’art argentin contemporain : le fonds compte plus de 7 000 œuvres !
Le bâtiment de 11 000 m² était autrefois un entrepôt de l’entreprise de tabac Nobleza Piccardo.
Fidèle représentant des constructions anglaises de l’ère industrielle du XIXe siècle, il se caractérise par une structure en fer, de grandes ouvertures et une façade en brique apparente.
Museo histórico nacional | Musée historique national
Musée BLEU CLAIR sur la carte | Adresse : Defensa 1600
Accessible depuis le Parque Lezama, ce Musée propose de découvrir plusieurs épisodes marquants de l’histoire argentine :
- Les cultures des peuples autochtones.
- L’époque de la conquête espagnole et de l’établissement de l’ordre colonial.
- La société porteña dans les années 1810, la Revolución de Mayo et la traversée des Andes.
Entre autres objets chargés d’histoire, y est exposé le drapeau argentin qui, en 1812, a accompagné Manuel Belgrano, son créateur, dans les batailles du Haut-Pérou.
De nombreuses années plus tard, il a été retrouvé derrière un tableau dans une paroisse bolivienne, par le prêtre nettoyant sa chapelle : il y avait été caché par l’armée de Belgrano pour le préserver des ennemis.
Une autre pièce de grande valeur historique est le piano de Mariquita Sánchez de Thompson qui a joué pour la première fois une composition donnant naissance à l’hymne national argentin.
Tout autant chargé de symbole, sinon plus : le sabre courbe de José de San Martín, considéré comme un symbole de l’émancipation sud-américaine puisqu’il a accompagné le libérateur de l’Argentine, du Chili et du Pérou dans ses luttes pour l’indépendance.
Enfin, les tableaux du peintre Cándido López se distinguent par leur grande valeur testimoniale, car ils relatent les batailles de la guerre de la Triple Alliance (coalition de l’Argentine, du Brésil et de l’Uruguay contre le Paraguay qui, dit-on, a fait se retourner San Martín dans sa tombe, lui qui rêvait d’une union fraternelle des colonies fraichement émancipées). L’artiste y a participé en tant que soldat.
Atelier y Museo Pallarols | Atelier et musée Pallarols
Bague VERT FONCÉ sur la carte | Adresse : Defensa 1094
Juan Carlos Pallarols est un artiste qui se présente de manière très particulière : il affirme qu’il est joaillier depuis 270 ans, soit depuis les années 1750. A-t-il découvert les secrets de la vie éternelle, sans céder aux sirènes du vampirisme ?
Désolé de vous décevoir, s’il prétend être actif depuis près de 3 siècles, cela ne doit à aucune potion magique ni maléfice. L’état civil est formel : il est né le 2 novembre 1982.
Sa phrase se réfère à ses aïeux : une famille dont les générations successives ont mis leurs mains et leurs talents au service de l’orfèvrerie. Les Pallarols sont originaires de Catalogne, et sont arrivés en Argentine au début du XIXe siècle. Juan Carlos fait partie de la 6e génération.
Il a ouvert un musée pour réunir et partager les œuvres de ses ancêtres et de ses collègues. Déclaré site d’intérêt culturel par la ville, ce lieu met également en valeur le travail de Juan Carlos Pallarols et, notamment, ses créations en argent, or, pierres précieuses et bronze.
La visite de l’atelier de l’artiste, son refuge le plus précieux, est le clou du spectacle. La couleur du feu, les tables en bois usées par le temps, les murs soutenant chaque morceau de l’histoire du nom Pallarols lui donnent un cachet unique.
Pour l’anecdote, depuis le retour à la démocratie en 1983, Juan Carlos Pallarols est chargé de la réalisation du bâton de commandement présidentiel. Il en a imaginé le design, qui se distingue par son empreinte bien argentine.
Le bâton, réalisé avec des matériaux tels que l’argent (Argentum et Argentine, ça vous dit quelque chose ?) et l’urunday, un bois imputrescible qui ne nécessite pas de polissage, car il brille de lui-même, est orné de symboles nationaux.
Attention, les visites du musée Pallarols se font sur demande. À défaut de pouvoir y accéder, une halte au magasin Pallarols (non loin de là, au 1039 rue Defensa) est un lot de consolation appréciable.
Mafalda – Paseo de la Historieta | Mafalda – Promenade de la bande dessinée
Livre MARRON sur la carte | Adresse : intersection de la rue Defensa et de la rue Chile
Ce circuit urbain, fort sympathique et instructif, rend hommage aux personnages de bandes dessinées argentines.
La plupart d’entre eux sont (malheureusement) méconnus en France. Cela a permis à Goscinny de largement s’inspirer de Patoruzú – irréductible tehuelche (peuple originaire, qui vivait en Patagonie) qui résistait non pas aux Romains, mais aux colons européens – pour créer Astérix… sans risquer un procès à rallonge pour plagiat.
Toutefois, Mafalda et ses acolytes, héros de la bande dessinée de Joaquín Salvador Lavado Tejón dit Quino, font exception à la règle. Ils sont mondialement célèbres. Reconnaissance ultime : au collège, ma professeur d’espagnol utilisait des planches dans certains de ses cours.
Cette promenade débute à San Telmo avant de continuer vers Puerto Madero et le Microcentro. Au point de départ, à l’intersection de Defensa et Chile, vous avez justement rendez-vous avec Mafalda et ses amis Susanita et Manolito.
Poser aux côtés de cette petite fille – pleine d’esprit, intelligente et dotée d’un sens aigu de l’humour, en témoignent ses réflexions satiriques sur le monde, la politique et la société – est l’occasion de se faire dédicacer Toda Mafalda.
Le recueil de l’intégralité des planches dessinées par Quino est un beau souvenir de voyage à condition d’avoir de la place dans vos bagages (ce livre pèse tout de même 2,325 kg).
Si la bande dessinée vous intéresse, cette promenade vaut le détour. La carte avec l’emplacement de tous les personnages est disponible sur le site internet de Buenos Aires Hostels.
Casa de Juan Carlos Castagnino | Maison de Juan Carlos Castagnino
Palette JAUNE sur la carte | Adresse : Balcarce 1016
Cette maison de la fin du XVIIIe siècle a été la demeure de Juan Carlos Castagnino, artiste originaire de Mar del Plata.
Castagnino est l’un des peintres argentins majeurs du XXe siècle. Il a étudié à l’École supérieure des beaux-arts Ernesto de la Cárcova et, dans les ateliers de 2 artistes locaux notables : Lino E. Spilimbergo et Miguel Carlos Victorica.
Les illustrations qu’il a réalisées en 1962 pour une édition spéciale du Martín Fierro de José Hernández, l’une des plus grandes œuvres de la littérature gauchesque argentine, sont encore largement diffusées.
Malheureusement, cette maison, notamment sa façade, est très régulièrement dégradée.
Un quartier œcuménique
San Telmo compte également 3 édifices religieux remarquables (1 protestant, 1 orthodoxe et 1 catholique). Les chrétiens, par delà les querelles religieuses – mais aussi les esthètes – seront aux anges.
Iglesia Dinamarquesa | Église danoise
Croix ORANGE sur la carte | Adresse : Carlos Calvo 257
La construction de cette église (qui est, en réalité, un temple de confession luthérienne) a été financée par la communauté d’immigrants danois de Buenos Aires. Sa tour et ses toits lui donnent un style néo‑gothique.
Elle a été inaugurée en 1931 et le projet original a été réalisé par les architectes danois Rönnow et Bisgaard. L’escalier du devant est une allégorie du rêve de Jacob.
Si vous voulez assister à une cérémonie, inutile de prendre un cours express de danois ou de latin sur Udemy. La majorité des offices religieux se déroulent en espagnol.
Iglesia Ortodoxa Rusa de la Santísima Trinidad | Église orthodoxe russe de la Très-Sainte-Trinité
Croix ROUGE sur la carte | Adresse : Avenida Brasil 315
Une étape à Saint-Pétersbourg en plein Buenos Aires, voilà qui est tentant (sauf si, cédant à la fièvre antirusse, vous êtes du genre à brûler des livres de Dostoïevski dans l’espoir mort-né d’expier tous les péchés du monde).
Cette église, dans le style moscovite du XVIIe siècle, a été inaugurée en 1904. Le projet original a été conçu par l’architecte du Saint-Synode de Russie, Mihail Preobrazensky. Ensuite, il a été adapté à la ville de Buenos Aires par son homologue Alejandro Christophersen.
De chaque coupole bleue s’élève une croix orientée vers l’Est, soutenue par des chaînes, comme il en va traditionnellement en Russie.
La façade présente trois vitraux illustrant différentes scènes bibliques.
Le fronton, quant à lui, est orné d’une mosaïque réalisée à Saint-Pétersbourg qui représente la Sainte-Trinité.
Iglesia Nuestra Señora de Belén | Église Notre-Dame de Belén
Croix BLEU CLAIR sur la carte | Adresse : Humberto 1° 340
La Iglesia Nuestra Señora de Belén, déclarée monument historique national, est l’une des plus anciennes de la ville.
Sa construction a commencé en 1735 selon le projet des architectes jésuites Andrea Bianchi et Juan Prímoli, ainsi que des laïcs Antonio Masella et José Schmidt. Après l’expulsion des jésuites, l’ordre religieux des bethlémites a poursuivi les travaux.
En 1942, d’importantes rénovations ont été réalisées et, finalement, les cloîtres ont été restaurés en l’an 2000.
Actuellement, un musée y fonctionne. Le temple et les cloîtres appartiennent à la paroisse qui porte le nom du quartier.
En conclusion
Avec cet article, je voulais m’adresser aux voyageurs ayant peu de temps à consacrer à San Telmo ainsi qu’à ceux qui peuvent y consacrer plusieurs heures voire plusieurs jours.
Les premiers se contenteront des incontournables (le Mercado de San Telmo et la Plaza Dorrego) tandis que les seconds auront de quoi nourrir leur curiosité.