Une Argentine dans l’Argentine. Et même, une Argentine dans les Argentines, comme en témoignent les contrastes saisissants avec la province de Misiones et les chutes d’Iguazu.
Incontestablement, à Purmamarca, village pittoresque de la province de Jujuy, vous vous sentirez bien plus loin de la France qu’à Buenos Aires.
Avec ses paysages de montagne époustouflants – qui n’ont rien à voir avec ceux des Pyrénées ou des Alpes – et son syncrétisme culturel, Purmamarca est synonyme de dépaysement.
Réputé pour son environnement naturel spectaculaire, son patrimoine historique et ses traditions, Purmamarca séduit par ses montagnes multicolores, ses cactus, son artisanat local et son ambiance paisible (malgré le tourisme). Une grande part de sa renommée doit au Cerro de los Siete Colores (la colline aux sept couleurs), une curiosité géologique remarquable.

Ayant séjourné 3 fois à Purmamarca, je vous propose un article complet dans lequel vous découvrirez son histoire, ses attractions naturelles et culturelles. Le tout agrémenté de quelques conseils pratiques pour organiser au mieux votre séjour.
⏳ Temps de lecture 24 min ⏳
Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- Le Cerro de los Siete Colores (la colline aux sept couleurs), une formation géologique spectaculaire, est l’attraction phare de Purmamarca.
- Le Paseo de los Colorados est complémentaire : cette randonnée de 3 km offre des vues panoramiques sur les paysages de montagne environnants.
- L’église Santa Rosa de Lima, au centre du village, est un exemple d’architecture coloniale. C’est aussi un symbole du mélange entre rites ancestraux et christianisme.
- Purmamarca est également réputée pour son marché artisanal, où l’on peut découvrir et acquérir un large éventail de produits locaux.
- La visite des Salinas Grandes, au départ de Purmamarca, est vivement conseillée. Ce désert de sel blanc contraste avec les montagnes multicolores de la région.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
- Purmamarca : faisons les présentations
- Histoire et patrimoine de Purmamarca
- Que voir à Purmamarca et dans les alentours ?
- Carte interactive
- Fêtes et événements traditionnels
- Marché artisanal et production locale
- Gastronomie régionale
- Hôtels et auberges à Purmamarca
- Impact du tourisme sur Purmamarca
- En conclusion
- Un mot sur l’auteur
Purmamarca : faisons les présentations
Origine du nom Purmamarca
Le nom « Purmamarca » trouve ses racines dans la langue aymara, parlée par les peuples des Andes centrales qui habitent cette région depuis l’époque précolombienne.
Il est généralement admis que Purmamarca signifie « village de la terre vierge » (purma = désert ou terre vierge ; marca = village). Cette appellation fait écho aux paysages arides et préservés qui entourent la localité, mais aussi à son passé indigène et à son présent empreint de syncrétisme.
Cette étymologie souligne l’importance de la connexion entre le village et son environnement naturel, ainsi que le respect des habitants pour la Pachamama (« terre-mère » en aymara). Un respect très palpable lors de certaines festivités locales (j’y reviendrai).
Situation géographique de Purmamarca
Purmamarca se situe à 65 km au nord (1 h en voiture) de San Salvador de Jujuy, la capitale de la province du même nom, et à 170 km environ au nord (2 h et demie) de Salta. Le village est, d’ailleurs, l’une des étapes majeures d’un parcours touristique de plusieurs jours, communément appelé la boucle nord de Salta
Malgré les apparences – trompeuses, car on n’a pas vraiment l’impression d’être au sommet du col d’Izoard –, à Purmamarca, l’altitude est comprise entre 2 192 et 2 324 m. Il faudra donc commencer à prendre quelques précautions (boire de l’eau, notamment) pour prévenir le mal aigu des montagnes (localement appelé « soroche » ou « puna »).
Lors du dernier recensement de l’INDEC (l’INSEE argentin) en 2022, ce village comptait 1 838 habitants. Il fait partie de la Quebrada de Humahuaca, classée, depuis 2003, au Patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de son importance géologique et culturelle.
Purmamarca est souvent considérée comme l’une des portes d’entrée de cette vallée encaissée et étroite qui s’étend sur 155 km, le long du Río Grande (une rivière à ne pas confondre avec le fleuve d’Eddy Mitchell).
L’accès à Purmamarca se fait principalement via la route nationale 9 (RN9), une route panoramique qui serpente à travers un décor montagneux spectaculaire.
Depuis San Salvador de Jujuy, après avoir passé Volcán et Tumbaya, il faudra prendre, sur la gauche, la route nationale 52. Si la RN9 vous conduit jusqu’à La Quiaca (frontière avec la Bolivie), la RN52, quant à elle, est une voie d’accès au Chili, via le Paso de Jama.
Très nettement, à partir de Volcán, vous découvrirez – avec autant de joie que moi en 2001 (en tout cas, je l’espère) – les paysages arides et vallonnés caractéristiques de la région. Les cactus (et, notamment, l’imposant cardón, souvent plus grand que Victor Wembanyama) règnent en maitre. Je les ai mitraillés de photos lors de mon premier voyage et ils restaient debout, c’est dire s’ils sont costauds.
Ces Andes-là sont bien différentes des Andes de Bariloche ou d’Ushuaia… Une Argentine dans les Argentines, je vous le dis. Ici, les bédéphiles auront un peu l’impression de se retrouver dans un décor digne des aventures de Lucky Luke.
Transports pour accéder à Purmamarca
Les voyageurs peuvent aisément s’y rendre en voiture, en bus, en train ou dans le cadre d’excursions touristiques. La marche à pied est également possible pour ceux qui logent à proximité et qui ne craignent pas la poussière.
Fin 2012, je me suis fait un petit plaisir : Tilcara-Purmamarca (25 km) à la force des gambettes. Je me souviens d’une discussion avec un guide argentin rencontré à Puerto Madryn. Il avait un seul conseil à donner (je cite) : « Quand tu le peux, parcours le monde à pied. C’est la meilleure façon de le découvrir. » Lui donnant totalement raison, j’ai essayé de mettre en pratique son enseignement, chaque fois que je le pouvais. Et je vous invite à en faire de même.
Cela dit, la marche ayant des limites (car les kilomètres à pied usent les souliers), voici les principaux moyens d’accéder à Purmamarca pour ceux qui ont renoncé au mode de vie des chasseurs-cueilleurs.
✈ Aéroport le plus proche
L’Aeropuerto internacional Gobernador Horacio Guzmán (code IATA : JUJ) se situe à 37 km au sud-est de San Salvador de Jujuy.
🚗 Voiture
Si vous venez en voiture de location, sachez que la route est asphaltée (une précision utile dans cette partie de l’Argentine). Inutile de louer un 4 x 4 pour aller à Purmamarca et aux Salinas Grandes.
Retenez que la station-service YPF la plus proche se situe à Tilcara (à 25 km de là).
🚌 Bus
Si vous avez choisi les transports en commun, vous n’aurez aucun mal à rejoindre Purmamarca, que vous veniez du nord ou du sud.
En effet, plusieurs compagnies de bus font la route entre San Salvador de Jujuy et Humahuaca (voire La Quiaca) tous les jours, toute l’année, et desservent Purmamarca. Voici les noms des plus connues :
- Balut
- Evelia
- Panamericano
- Santa Ana
- Vientos del Norte
Au départ de n’importe quelle gare routière d’une ville ou d’un village de la région, vous n’aurez guère à attendre avant de monter à bord. Je peux vous dire qu’il en allait bien différemment en 2001, la circulation routière sous toutes ses formes était nettement moins dense dans la région
Argentine oblige, les tarifs bougent assez souvent. Pour se faire une idée précise, le plus simple est de consulter le site de l’entreprise Evelia.
À l’heure où étaient écrite ces lignes (21 février 2025), les prix d’Evelia en pesos argentins (ARS) étaient les suivants :
- San Salvador de Jujuy à Purmamarca = 5 500 ARS | 1 h environ
- Humahuaca à Purmamarca | 4 500 ARS | 1 h environ
- Tilcara à Purmamarca = 1 600 ARS | 20 min
🚅 Tren Solar
Inauguré le 18 juin 2024, un train électrique circule entre Volcán et Tilcara, en passant, notamment, par Purmamarca. C’est nouveau, mais ce n’est pas pour toutes les bourses.
À la date de rédaction de cet article, les prix, pour un touriste étranger, étaient les suivants :
- 40 000 ARS le trajet simple (un Purmamarca-Tilcara ou un Volcán-Tilcara, par exemple)
- 75 000 ARS le billet libre (qui permet de prendre le train plusieurs fois au cours de la même journée).
Climat de Purmamarca et conseils vestimentaires
Purmamarca est caractérisée par un climat aride d’altitude, avec de fortes amplitudes thermiques. Les journées peuvent être chaudes, surtout en été (décembre à février), tandis que les nuits sont souvent froides, même en été.
🌡 Températures moyennes :
– Été : 15 à 25 °C en journée, jusqu’à 5 °C la nuit.
– Hiver : 0 à 15 °C en journée, avec des nuits pouvant atteindre -5 °C.
La saison sèche s’étend de mars à novembre. Cette période est souvent considérée comme la plus agréable pour visiter la région (même si certaines des festivités les plus typiques se déroulent en été).
Dans tous les cas, Purmamarca peut se visiter toute l’année. Sachez simplement que janvier est le mois le plus pluvieux (plus de 400 mm en moyenne), ce qui peut créer quelques désagréments au moment de visiter les Salinas Grandes : le terrain peut devenir boueux et l’expérience sensorielle s’en trouver altérée.
💡 Conseils vestimentaires :
✅ Prévoir des vêtements chauds, même en été.
✅ Porter un couvre-chef, des lunettes de soleil et de la crème solaire (l’ensoleillement peut être intense et faire des dégâts, surtout à plus de 2000 m d’altitude).
Histoire et patrimoine de Purmamarca
Les origines précolombiennes
Avant l’arrivée des Espagnols, la région de Purmamarca était habitée par des peuples originaires andins, notamment les Omaguacas, qui faisaient partie du Tawantinsuyu, l’Empire inca.
Depuis Cuzco au Pérou, le réseau de chemins incas – connu sous le nom de Qhapaq Ñan – s’étendait jusqu’à Purmamarca et bien au-delà.
Les Omaguacas ont développé une culture riche et complexe, marquée par des pratiques agricoles avancées, des techniques artisanales sophistiquées et des traditions spirituelles s’inscrivant dans la cosmogonie andine. Les vestiges archéologiques trouvés dans la région témoignent de l’importance de Purmamarca en tant que centre de commerce et d’échange, reliant les communautés des hautes terres andines aux plaines plus basses.
L’un des épisodes charnières dans la prise de pouvoir des colons espagnols sur ce territoire fut la capture du cacique Viltipoco en 1594. Ce chef, qui luttait avec son peuple contre l’invasion, a été fait prisonnier par le conquistador Francisco de Argañaraz y Murguía.
L’époque coloniale et l’architecture locale
Sous l’occupation espagnole, marquée par la christianisation du territoire et le développement progressif d’un syncrétisme culturel, Purmamarca a subi des transformations significatives. L’influence coloniale est particulièrement visible dans l’architecture du village.
L’un des exemples les plus emblématiques est l’église Santa Rosa de Lima.
Bien que comportant des éléments en bois datés de 1648, l’édifice religieux, dans sa forme actuelle, date de 1778-1779. À 2 pas de la place principale (Plaza 9 de Julio), cette église en adobe, avec son toit en bois de cactus et ses peintures murales intérieures, est un exemple typique de l’architecture coloniale andine. Elle a été classée monument historique national en 1941.
Outre l’église, le village conserve de nombreuses maisons traditionnelles en adobe, qui bordent les ruelles pavées. Ces constructions traduisent l’adaptation des techniques de construction aux conditions climatiques locales et aux matériaux disponibles, perpétuant ainsi un savoir-faire ancestral qui se joue des frontières actuelles. En effet, ces caractéristiques architecturales de Purmamarca donnent l’impression d’être accueilli par une cousine de San Pedro d’Atacama.
Que voir à Purmamarca et dans les alentours ?
Carte interactive
Outre la Iglesia Santa Rosa de Lima et la Plaza 9 de Julio, précédemment citées, vous trouverez dans cette carte interactive les sites d’intérêt mentionnés dans cet article, y compris Salta, Jujuy, le Paso de Jama (frontière avec le Chili) et La Quiaca (frontière avec la Bolivie).
Le Cerro de los Siete Colores
Inutile de se voiler la face. Comme lors de ma première fois en 2001, si vous faites une halte à Purmamarca, ce sera sans doute pour voir de vos propres yeux le Cerro de los Siete Colores. C’est l’emblème, l’attraction phare de Purmamarca.
Si telle est votre motivation, aucune honte à avoir. Au contraire, grâce au Cerro de los Siete Colores, les touristes se rendent compte que Purmamarca a bien plus à offrir qu’une photo de carte postale et une visite express d’un quart d’heure. Qui sait, grâce à lui, vous succomberez peut-être au charme du village, voudrez y rester plus longtemps et y revenir. Pour lever les yeux sans courir.
Le Cerro de los Siete Colores est une montagne qui doit son nom aux strates multicolores qui la composent, résultant de mouvements techniques et de dépôts minéraux accumulés sur des millions d’années. Les teintes rose, rouge, jaune, ocre, vert, violet et gris créent un spectacle visuel magique, surtout aux premières heures du matin lorsque la lumière du soleil illumine la colline.
Depuis El Porito, un mirador naturel, vous pourrez le contempler sous toutes les coutures :
L’accès à ce point de vue a été grandement amélioré par la création d’escaliers et rampes d’accès en 2021. Aux dernières nouvelles, l’accès coûtait 900 ARS. Après avoir payé ce prix (dérisoire), personne ne viendra vous demander l’addition et vous presser de laisser la place aux clients suivants.
Le Paseo de los Colorados
Certains se contenteront d’une photo de La Joconde de Purmamaraca (autrement dit, du Cerro de los Siete Colores) et prendront leurs cliques et leurs claques en direction d’autres musées à ciel ouvert : ceux de Maimara, Tilcara ou Humahuaca.
Ils auront bien tort.
Le Paseo de los Colorados (littéralement, la promenade des colorés), sentier de randonnée circulaire de 3 km, intégralement piétonnier depuis mars 2023, offre des panoramas formidables sur les formations rocheuses (où le rouge, parfois intense, prédomine) et les vallées désertiques. Le contraste entre le ciel bleu éclatant et les roches rougeoyantes crée une atmosphère presque surréaliste. Les montagnes proposent ni plus ni moins qu’un feu d’artifice de roche.
Avis aux amateurs de pyrotechnie : il vaut mieux assister à l’explosion de couleur en plein jour, car, la nuit – même sous la pleine lune, muni d’une lampe torche – elle ne saurait être aussi saisissante.
Le matin ou la fin d’après-midi sont les moments idéaux pour entreprendre cette promenade, afin de bénéficier (en été) de températures plus clémentes et d’une lumière optimale pour la photographie.
Sans difficulté particulière, accessible à tous, le sentier part de l’intersection des rues Gorriti et Salta, et fait une boucle autour du village. Il passe derrière le Cerro de los Sietes Colores et vous conduit, naturellement, jusqu’au Porito. De là, comme indiqué précédemment, vous pourrez admiradorer le Cerro de los Siete Colores, clou du spectacle.
Le paseo est bien balisé : aucun risque de se perdre même si vous n’avez aucun sens de l’orientation (dédicace à ma sœur aînée chérie).
Mais, c’est là, par grand beau temps, qu’on se rend compte que le chapeau ou la casquette, les lunettes de soleil, la crème solaire ne sont pas superflus. Si vous les oubliez (ainsi que la gourde), vous repartirez avec d’autres souvenirs que de belles photos : de sacrés coups de soleil.
Le cimetière
Au sud du village, peu après le début du Paseo de los Colorados, vous pourrez jeter un coup d’œil au cimetière.
Si des caveaux – généralement austères – existent, les petites tombes colorées et fleuries prédominent. Leur simplicité et leur modestie émeuvent.
Ici, pas de traces des mausolées, dans le style Recoleta ou Père-Lachaise, par lesquels les puissants croient pouvoir laisser des traces de leur prétendue exceptionnalité, par-delà la vie et la mort.
La vue, ne serait-ce que fugace, de ce petit cimetière apaise et donne une raison de ne pas désespérer du genre humain.
L’Algarrobo histórico
Ce n’est qu’un arbre, diront les uns. Et ils ont raison : ce n’est qu’un arbre. Un caroubier pour être précis.
C’est un puits de sagesse, rétorqueront les autres, car il est âgé de plus de 1 000 ans (excusez du peu !).
Pour faire le tri entre les uns et les autres, allez dans la cour de l’église pour le saluer. Tout en respectant les gestes barrières. Et vous verrez bien ce qu’il se passe.
Les Salinas Grandes
Les Salinas Grandes (grandes salines) sont un désert de sel qui s’étend sur environ 120 km².
Certes, nous ne sommes pas à Uyuni, car le plus vaste salar du monde avec ses 10 500 km² est 90 fois plus grand (excusez du peu bis).
Et, certes, nous ne sommes plus à Purmamarca. Nous sommes à environ 60 km à l’ouest.
Mais, pas de quoi faire la fine bouche pour autant, surtout si vous n’avez pas le temps de prolonger votre voyage jusqu’au sud-ouest bolivien.
Les Salinas Grandes méritent votre attention, car elles offrent un spectacle radicalement différent de celui proposé par les roches multicolores de Purmamarca et de la Quebrada de Humahuaca. Passer de l’une aux autres dans la même journée, c’est s’offrir un grand huit sensoriel et émotionnel.
Les mots ne sont pas choisis au hasard, car pour les atteindre, depuis Purmamarca, il faut emprunter (à l’aller puis au retour) une route en lacets mémorable : la Cuesta de Lipán. Même si vous avez le vertige, il sera difficile de résister à la tentation de s’arrêter sur le bas-côté pour prendre quelques photos :
La Cuesta de Lipán grimpe jusqu’à Abra de Potrerillos, un col dont le sommet est à 4 170 m au-dessus du niveau de la mer. Une altitude que nombre d’entre vous franchiront sans doute pour la première fois.
Puis, vous redescendrez jusqu’au Salinas Grandes, une immensité blanche qui s’étend à perte de vue et fusionne avec le ciel pour effacer l’horizon.
Vous pourrez marcher sur les salines et admirer les cristaux de sel qui scintillent au soleil. Ce site est particulièrement impressionnant au lever et au coucher du soleil, lorsque les couleurs du ciel se reflètent sur la surface lisse et brillante. Des visites guidées présentent les techniques d’extraction du sel. Il est également possible d’acheter des objets en sel (des petits lamas, par exemple) auprès d’artisans locaux.
Comme à Uyuni, la quasi-impossibilité de distinguer la ligne d’horizon permet de créer des illusions d’optique. Vous verrez donc les touristes jouer avec la perspective en plaçant des objets ou des personnes à différentes distances de l’objectif afin de créer des compositions photographiques ludiques et uniques. Un classique : une personne au premier plan peut sembler tenir entre ses mains une autre personne plus petite au loin. Imitez-les et place à la créativité !
Si vous êtes venu à Purmamarca en transport en commun, l’option la plus pratique est de partager un taxi ou un remís au départ du village. Vous n’aurez pas de mal à en trouver sur la rue Rivadavia ou autour de la Plaza 9 de Julio.
Même un voyageur solitaire aura tôt fait de former un groupe avec des compagnons de fortune, histoire de partager les frais. Pour ma part, c’est ce que j’ai fait, ce qui m’a permis de partager quelques heures avec un couple d’Argentins très sympathique.
En sus du coût du transport, il faudra aussi partager les droits d’accès au site (14 000 ARS par véhicule, à l’heure où étaient écrites ces lignes).
Attention tout de même : aux Salinas Grandes vous passerez un moment, peut-être quelques heures, à 3 415 m d’altitude. C’est plus haut que le plus haut sommet des Pyrénées. Et c’est piégeux, j’insiste, car on ne s’en rend pas compte. Modérer ses efforts et boire de l’eau abondamment est une précaution de base.
Inutile de paniquer : les difficultés liées à un manque d’acclimatation à l’altitude ne se manifestent, dans l’écrasante majorité des cas, qu’au bout de plusieurs heures. Cela dit, si vous vous sentez mal, de manière persistante, ne tentez pas le diable : écourtez votre visite et redescendez en dessous de 2 500 m d’altitude le plus vite possible.
Fêtes et événements traditionnels
Comme l’illustre la liste suivante (non exhaustive), à Purmamarca, les festivités organisées tout au long mêlent rites ancestraux et influences catholiques.
📅 Principales festivités (de janvier à décembre) :
- Encuentro de Copleros | 1er ou 2e samedi de janvier
La rencontre des copleros est une célébration organisée depuis 1984 pour valoriser la copla, une expression poétique locale.
Les centaines de participants venus de la région chantent et jouent de la musique, avec des instruments fabriqués à la main.
- Fiesta de la Pachamama | première semaine de février
Cette journée comprend des rituels pour honorer la Pachamama et nourrir la terre afin d’assurer la prospérité. Un concours du fromage de chèvre est organisé pour perpétuer les traditions et encourager la production artisanale.
- Topamiento de Comadres | jeudi avant la semaine principale du carnaval
Rencontre lors de laquelle les comadres (la mère et la marraine d’un enfant) établissent des liens de solidarité. Lors de cette célébration, les femmes démontrent leurs compétences en coplas et préparent de la chicha (boisson élaborée avec du maïs fermenté). La fête se termine par des danses et des chants jusqu’à l’aube.
- Carnaval | février ou mars
Traditionnellement, la fête commence par le « desentierro » lors duquel – entre chants et danses – un « diable » (symbolisé par un mannequin de chiffon) est extrait de la terre.
Les festivités se déroulent sur plusieurs semaines, dont plusieurs jours de célébration intenses : le Carnaval grande. Des défilés colorés et danses typiques, comme le Carnavalito, peuvent être observés.
L’événement s’achève par l’enterrement du « diable » dans un monticule de pierres où il restera jusqu’à l’année suivante.
En 2025, dans la province de Jujuy, le Carnaval grande aura lieu du 1er au 3 mars. Les derniers événements sont programmés le 22 mars.
- Semana Santa | mars ou avril
La semaine sainte, très suivie en Argentine, est marquée par plusieurs jours fériés.
À Purmamarca, et plus généralement dans la Quebrada, les processions et messes illustrent le mélange entre rites chrétiens et traditions préhispaniques.
- Feria de Santa Ana | 26 juillet
Cette fête en l’honneur de Sainte Anne est célèbre pour sa foire où sont exposés et vendus des objets miniatures.
- Culto a la Pachamama | 1er août
Il s’agit d’honorer la Pachamama, personnification de la force reproductrice de la nature, au début d’un moins charnière pour les futures récoltes.
Les habitants, dans leurs maisons ou leurs cours, suivent des rituels comprenant, notamment, des offrandes de nourriture, de boissons (dont du vin et de la chicha) et de feuilles de coca.
- Fiesta Patronal Santa Rosa de Lima | 30 août
Cet hommage à Sainte Rose de Lima, patronne du village, comporte des actes civiques et religieux. Une procession est suivie de danses et de chants.
- Día de los Fieles Difuntos | 2 novembre
Un jour où les âmes des défunts sont honorées. Les familles préparent des offrandes de nourriture et de boissons, et visitent les cimetières.
- Adoración de Pesebres | 20 décembre au 6 janvier
Période où les familles installent des crèches de Noël. Des groupes d’enfants fêtent l’enfant Jésus, avec des danses et des chants.
- Nochebuena et Navidad | 24 et 25 décembre
La veille et le jour de Noël, des messes et danses sont organisées. La messe de minuit, suivie de chants traditionnels et de prières, réunit de nombreux fidèles.
Marché artisanal et production locale
La Plaza 9 de Julio, place principale de Purmamarca, et les rues adjacentes se transforment quotidiennement en un marché animé où les artisans locaux exposent leurs créations.
Parmi les produits proposés :
- des vêtements et tissus en laine d’alpaga, teints avec des colorants naturels
- des poteries et céramiques, généralement décorées de motifs et de symboles qui racontent l’histoire et la culture de la région
- des œuvres en cuir et en bois de cactus
- des bijoux en argent
- des instruments de musique andins
- des peluches à l’effigie des animaux emblématiques de la région
Ce marché est non seulement un lieu d’échange commercial, mais aussi un espace de préservation et de transmission du savoir-faire ancestral. Vous pourrez y acquérir des souvenirs authentiques tout en soutenant l’économie locale.
Gastronomie régionale
La cuisine de Purmamarca reflète les richesses culinaires des Andes, avec des plats savoureux et roboratifs. Les restaurants locaux, appelés « peñas », offrent l’opportunité de déguster ces spécialités. Mais vous pouvez aussi les acquérir dans la rue auprès des petits stands des vendeurs ambulants.
🍴 Quelques plats typiques à ne pas manquer :
🌽 Humitas et tamales : ces 2 préparations à base de maïs, et comprenant divers ingrédients (viande, légumes, fromage, crème, œufs, etc., selon la variété) sont enveloppées dans une feuille de maïs et cuites à la vapeur. Les humitas sont confectionnées à partir de maïs frais moulu tandis que les tamales le sont à partir de farine de maïs nixtamalisé.
🥣 Locro : un ragoût épais, copieux et roboratif, dont les ingrédients (maïs et viande, mais aussi haricots, pommes de terre, oignon, ail, épices, etc.) sont généralement cuits ensemble. Ailleurs en Argentine, le locro est difficile à trouver en dehors des fêtes nationales. Passer par la Quebrada de Humahuaca est donc l’occasion idéale de le goûter (sauf si vous êtes végétarien).
🥟 Tortillas rellenas : généralement proposées par les vendeurs de rue, ces galettes s’apparentent à de grosses empanadas. Elles peuvent être fourrées de poulet et champignon, de jambon et de fromage, de maïs et d’oignon, etc.
Hôtels et auberges à Purmamarca
Une vieille brochure de Viva Jujuy, l’institution provinciale en charge de la promotion du tourisme, soigneusement classée dans mes archives personnelles, liste 28 établissements.
Aujourd’hui, 40 adresses figurent dans la base de données de booking.com
Purmamarca offre une gamme d’hébergements adaptés à tous les budgets, allant des auberges de jeunesse aux hôtels de charme. Pour une expérience authentique, vous pouvez opter pour un logement traditionnel en adobe, typique de la région.
Bref, il faudra donc y mettre du vôtre si vous tenez à passer une nuit à la belle étoile.
Étant un adepte des solutions les plus économiques, je suis toujours en difficulté pour recommander des adresses. Dans le genre confort spartiate et ambiance conviviale (voire bruyante), la meilleure adresse de Purmamarca est :
- Giramundo Hostel | environ 20 € en dortoir
Pour des options plus confortables, qui requièrent de disposer d’un tout autre budget (on est tout de suite au-delà de 100 € la nuit), 2 adresses sortent du lot :
- Pumahuasi Hotel Boutique
- Ecohotel Posta de Purmamarca (sur lequel je reviendrai juste après)
Impact du tourisme sur Purmamarca
Pour avoir eu la chance de visiter la Quebrada (Purmamarca, Tilcara et Humahuaca, notamment) avant, puis après le classement du site au Patrimoine mondial de l’humanité, j’ai pu constater que le tourisme a crû de manière exponentielle.
Et pas seulement le tourisme : Tilcara, notamment – un village que j’adore et auquel je consacrerai évidemment un article – a poussé comme un champignon. Vous constaterez aisément que de nombreuses personnes originaires d’autres régions de l’Argentine ont décidé d’emménager dans le secteur. Hôtelier et restaurants, professionnels de santé, entrepreneurs en tout genre, avec des motivations très variées, y ont vu une terre d’opportunités.
Purmamarca, en raison d’une législation protectrice, a été plutôt préservée contre cette croissance incontrôlée. Tant bien que mal, les habitants tâchent de défendre l’authenticité de leur village tout en accueillant les visiteurs du monde entier.
En effet, la principale critique que vous entendrez dans la bouche des locaux est que ce développement touristique et urbanistique n’a pas fait l’objet d’une planification digne de ce nom. Certes, pas besoin d’aller en Argentine pour entendre un tel discours. Les inondations à répétition dans certaines régions françaises ont remis à l’ordre du jour les notions de planifications et d’aménagement responsables et c’est tant mieux.
Lorsqu’on sait que l’eau potable est une ressource rare dans la Quebrada de Humahuaca, on s’étonnera que certains établissements proposent (et que certains touristes recherchent) le confort d’une piscine. Sans commentaire.
Heureusement, le tourisme durable peut compter sur de fervents défenseurs. Localement, Lucy Vilte, gérante de l’Ecohotel Posta de Purmamarca depuis plus de 15 ans, est leur figure de proue. Économiser l’eau et l’énergie, réduire les déchets, promouvoir le commerce équitable et soutenir la communauté locale. Tels sont les engagements des entrepreneurs locaux qui s’inscrivent dans son sillage. Si vous le pouvez, encouragez-les.
En conclusion
Faire halte à Purmamarca revient à s’immerger dans la culture andine et à découvrir des paysages spectaculaires. Montagnes colorées, marché artisanal, saveurs locales, atmosphère paisible, etc. : j’espère que cet article vous aura convaincu que chaque visiteur peut y trouver son moment de bonheur.