L’eau en Argentine, ce n’est pas seulement les chutes d’Iguazu et la gorge du diable, c’est aussi les immenses glaciers de la Patagonie andine.
Dans le rôle de la reine des neiges compactées : le Perito Moreno.
Le géant de glace attire des milliers de visiteurs chaque année en raison de sa grâce naturelle.
Rien qu’en janvier 2024, 123 212 touristes ont été comptabilisés (un record d’affluence).
Voici tout ce qu’il y a à savoir, avant d’aller faire une révérence.
⏳ Temps de lecture 22 min ⏳
Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- Le glacier Perito Moreno, situé dans le Parque Nacional Los Glaciares, est l’un des plus célèbres au monde. Il est connu pour son accessibilité et ses dimensions impressionnantes.
- Les visiteurs peuvent explorer le glacier à pied via des passerelles, faire des randonnées sur la glace, l’observer en bateau ou en kayak depuis le Lago Argentino.
- La région abrite des espèces uniques comme le dragon de Patagonie et offre une biodiversité riche avec des forêts andines patagoniques et des animaux emblématiques comme le condor des Andes.
- La meilleure période pour le visiter est de novembre à mars pour des journées longues et des températures clémentes.
- Des études récentes montrent que le glacier Perito Moreno, autrefois stable, commence à reculer, principalement sur son front nord. Tout en se montrant prudents, les scientifiques ne cachent pas leur préoccupation.
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
Glacier Perito Moreno : faisons les présentations
Le glacier Perito Moreno, merveille naturelle de la Patagonie argentine, est l’un des plus célèbres glaciers au monde.
Il se trouve dans le Parque Nacional Los Glaciares, une zone de 726 927 hectares créée en 1937 pour protéger la cordillère australe ainsi que les forêts et steppes de la Patagonie andine.
Classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1981, le parc compte des dizaines de glaciers (l’Upsala, le Viedma, le Spegazzini, etc.), grands par la taille et démesurés par la beauté.
Après l’Antarctique et le Groenland, ils forment la 3e plus grande calotte glaciaire et donc la 3e plus grande réserve d’eau douce du monde.
📍 Le Perito Moreno, plus illustre représentant du champ de glace Patagonien Sud, est situé à environ 3 000 km de Buenos Aires. La ville d’El Calafate à 80 km est le principal point de départ pour les visiteurs.
Histoire et toponymie
L’origine du nom Perito Moreno
Le glacier doit son nom à Francisco Pascasio Moreno, un scientifique et diplomate argentin du XIXe siècle, surnommé el Perito (l’expert) pour son rôle dans la cartographie de la Patagonie.
Ce glacier ainsi qu’une ville de 5 000 habitants (à 600 km au nord) portent son nom, en reconnaissance de ses contributions à l’exploration et à la protection de la région.
Historique des découvertes
Le discours officiel – qui aime raconter des histoires – vous expliquera que le glacier a été découvert par les Européens au 19e siècle. Bien évidemment, il était bien connu des peuples autochtones depuis des siècles, mais ils ne sont plus là pour en parler.
En revanche, il est incontestable que la première cartographie précise du glacier a été réalisée lors des expéditions de Francisco Moreno en 1877.
Géographie et caractéristiques physiques
Le glacier Perito Moreno est l’un des 48 glaciers alimentés par le champ de glace Patagonien Sud (avec un peu d’effort, ils auraient pu être 50 et les amoureux des chiffres ronds auraient été ravis).
Il se distingue par sa taille impressionnante et, surtout, par son accessibilité unique.
📊 Mensurations du Perito Moreno
- Superficie : 250 km² (contre 203 km² pour Buenos Aires)
- Longueur : 30 km de manteau blanc
- Largeur : 5 km
- Épaisseur : Jusqu’à 700 m
- Altitude du front glaciaire : 70 à 75 m au-dessus du Lago Argentino (contre 67,5 m pour l’Obelisco de Buenos Aires)
Son environnement est marqué par des forêts subpolaires et le vaste Lago Argentino, d’un bleu gris laiteux, crémeux, dans lequel il se jette.
À l’ouest se dresse la cordillère des Andes. Si vous regardez en direction du Chili, le Cerro Pietrobelli (2 950 m d’altitude) barre l’horizon.
Sa structure imposante et ses contours sculpturaux témoignent d’un processus millénaire de formation glaciaire. Le glacier Perito Moreno et ses comparses – façonné par des siècles de précipitations et de températures extrêmes – sont les (modestes) témoins de la dernière grande glaciation survenue il y a 1 million d’années. À l’époque, dans la région, leur étendue était telle qu’ils atteignaient la côte Atlantique.
Régime hydrique et vêlage
Apports en neige et glace
Le glacier se nourrit principalement des fortes précipitations qui caractérisent la région, avec une moyenne annuelle de 4 000 mm. Les températures basses favorisent la transformation de la neige en glace. Ainsi, les chutes de neige compactées alimentent sa masse.
Au fil du temps, ce processus de compactage permet au glacier de se stabiliser. Ce régime hydrique est essentiel à la survie du glacier et au maintien de l’équilibre hydrologique de l’ensemble du Parque Nacional Los Glaciares. Malheureusement, comme on le verra en fin d’article, plusieurs constatations scientifiques donnent à penser que le Perito Moreno – à l’instar de ses voisins – est en voie de rétractation.
Vêlage et ruptures : un spectacle naturel unique
Le phénomène de vêlage est une attraction quotidienne : des blocs de glace se détachent soudainement du glacier et tombent dans le Lago Argentino, accompagnés d’un bruit sourd cataclysmique.
Le vêlage résulte d’une accumulation de pression interne et d’un jeu subtil entre les forces naturelles. Devenu l’un des symboles du glacier, il attire les photographes du monde entier.
Le Perito Moreno accouche des dizaines de fois par jour de cet événement ; c’est sans doute pour cela qu’on emploie le même mot (vêlage) que celui utilisé pour désigner la naissance des veaux (le linguiste Alain Rey n’est plus là pour confirmer ou infirmer cette hypothèse).
Mais, il y a encore plus spectaculaire que les vêlages quotidiens. De temps à autre, des ruptures du glacier se produisent.
J’ai essayé de décrire le processus de la manière la plus simple possible :
1/ Le Perito Moreno est en contact souterrain avec la péninsule de Magellan. En superficie, il n’en est séparé que par l’étroit Canal de los Témpanos.
2/ Le glacier est en mouvement vers la péninsule. Cette poussée est provoquée par l’accumulation de neige.
3/ En avançant vers la cote, le glacier finit par interrompre le passage de l’eau, ce qui forme un barrage.
4/ La pression de l’eau en provenance du Brazo Rico – l’un des bras du Lago Argentino, au sud du glacier – finit par creuser une ouverture du barrage. Ce dernier se transforme en un pont de glace, une arche diront certains.
5/ L’équilibre entre la pression interne du glacier et la résistance de la structure du pont est nécessairement précaire. Lorsque cette pression dépasse un seuil critique, le pont finit par s’effondrer brutalement.
6/ Les énormes blocs de glace se détachent soudainement, provoquant un fracas retentissant pendant que les gerbes d’eau s’élèvent dans l’air.
Ce phénomène est une illustration paradigmatique de la puissance de la nature. Pour les scientifiques, c’est une source d’étude. Pour les visiteurs, c’est la promesse d’un moment d’émotion intense et inoubliable.
Les jours précédant la probable rupture du pont, les touristes se pressent en masse, espérant être présents lors du moment-clé. Or, l’instant T demeure imprévisible. Parfois, comme le 12 mars 2018, la rupture a lieu la nuit et seules les étoiles en ont été les témoins.
Vous lirez parfois que ces ruptures titanesques se produisent tous les 4 à 5 ans, pendant l’été austral. À écouter ce genre d’affirmation, on pourrait croire que le Perito Moreno est un véritable métronome. Il n’en est rien.
Si l’issue du processus de rupture est toujours fatale (pour le pauvre pont), prédire le moment fatidique n’a rien d’une science exacte. La chronologie des ruptures du pont survenues au 21e siècle en atteste :
- 14 mars 2004 à 19 h 10 (sachant que la dernière rupture avait eu lieu en 1988)
- 13 mars 2006 à 23 h (le processus a duré 4 jours)
- 9 juillet 2008 à 11 h 20 (la seule de la liste survenue durant l’hiver austral)
- 5 mars 2012 à 3 h 45
- 10 mars 2016 à 10 h 55
- 12 mars 2018 dans la nuit
Tourisme et activités
Étant le glacier le plus accessible du Parque Nacional Los Glaciares, le Perito Moreno est devenu une destination touristique de choix.
Si vous êtes un esthète, un amateur de sensations fortes ou, simplement, une personne curieuse, inutile de vous immerger en milieu sauvage ou de vous couper du monde pour assister au spectacle.
À pied, en bateau et en kayak sur le Lago Argentino, en autonomie ou lors d’excursions guidées, les modalités de visites sont nombreuses, ce qui en démocratise l’accès.
Chacune de ces options offre une perspective unique sur ce paysage en perpétuel mouvement.
Dans tous les cas, il faudra payer les droits d’entrée au Parque Nacional Los Glaciares.
Prix
45 000 ARS pour un touriste étranger
7 000 ARS pour un étudiant (quelle que soit sa nationalité, à condition de pouvoir justifier de sa qualité d’étudiant)
Gratuit pour les moins de 6 ans et pour les personnes handicapées (à condition de présenter un justificatif émis par l’autorité compétente de son pays de résidence).
Une réduction de 50 % du tarif est appliquée pour le 2e jour de visite. Cette réduction est valable pendant 72 heures à partir de la première entrée.
Visite du glacier à pied
Le Parque Nacional Los Glaciares dispose d’un réseau de passerelles panoramiques et de sentiers aménagés, sécurisés et balisés. En les parcourant, vous aurez des vues imprenables sur le front glaciaire. Ils permettent aux visiteurs d’admirer le glacier sous différents angles.
C’est le moyen le plus simple et le plus économique de prêter allégeance à la reine des neiges compactées, autrement dit d’observer la paroi glacée et d’admirer son bleu cristallin et ses stries caractéristiques :
- Certains parcours (tels que le jaune et le blanc) sont accessibles à tout public (y compris les enfants et les personnes à mobilité réduite).
- D’autres (circuit rouge, notamment) sont plus difficiles : ils nécessitent une condition physique robuste et une bonne acclimatation aux températures basses.
Lors de mon séjour, contraint par le temps et les finances, j’ai opté pour la visite à pied.
Depuis El Calafate, j’ai pris un bus jusqu’au Parque Nacional Los Glaciares.
Une fois face au glacier, au bout de la péninsule de Magellan, j’ai parcouru le circuit de passerelles. Ces 3 km donnent un aperçu de l’immensité du Perito Moreno.
Les facultés visuelles humaines ne permettent pas d’embrasser ce titan de glace d’un seul coup d’œil. Alors, j’ai tourné la tête au risque du torticolis et je me suis déplacé d’un balcon à l’autre. Je me suis étonné, encore et encore, de ces infinies nuances de bleu et de blanc. Je me suis surpris d’entendre les grondements et les craquements de cette masse en mouvement.
Le plus impressionnant, ce qui scotchait la grande majorité des spectateurs, c’est lorsque des blocs de glace, plus ou moins grands, se détachaient pour s’écraser dans les eaux du Lago Argentino. Comme un jour d’orage, puisque la lumière est plus rapide que le son, on voyait l’impact avant d’entendre la détonation.
Dans un brouhaha assourdissant, le bloc s’explosait dans l’eau, des icebergs essayaient d’échapper à la noyade, mais, hébétés, ils ne semblaient guère savoir vers où aller. Vers l’avant ? Vers l’arrière ? Il leur fallait quelques instants pour se rendre compte que la seule issue possible était de se laisser dériver, lentement, très lentement, vers l’est du lac.
Et comme pour un séisme, il y avait parfois des répliques. La chute d’un bloc massif pouvait entraîner de nouvelles avalanches de glaçons.
Aussi, m’immobiliser, le long d’une rambarde, pour attendre le prochain cataclysme glaciaire fut mon activité principale sur le site. Ainsi, en un plus de 4 heures, j’ai eu droit à une demi-douzaine de vêlages de ce genre.
L’amusant, c’est que je ne savais jamais d’où le prochain bloc de glace se détacherait. Je me disais bien que la tour de Pise biscornue face à moi ne tiendrait pas longtemps. Mais sa résistance étonnait et les regards, concentrés sur elle, ne semblaient rien y faire.
Si bien qu’un éboulement conséquent survenait immanquablement à l’extrémité opposée (éternelle ironie de l’histoire…). Le temps de tourner la tête, il ne restait plus que le fracas d’icebergs se débattant en quête d’une échappatoire.
J’ai tout de même réussi à prendre une photo de l’un de ces éboulements de glaces. Ne me demandez pas comment, car je serais bien incapable de rééditer pareil exploit…
Bref, plus de 4 heures dont une bonne partie à rester immobile, comme hypnotisé, face au glacier.
Étant peu habitué à faire valoir mon droit à l’immobilité, je ne me croyais pas capable d’un tel exploit. Pourtant, j’allais le rééditer, plus loin et plus tard, restant 8 heures debout, appuyé à des barrières, sans jamais me lasser, pour assister à un défilé ininterrompu de musiciens, danseurs et acteurs. C’était au carnaval d’Oruro, en Bolivie. En de tout autres latitudes, un tout autre spectacle livrait une improbable concurrence au Perito Moreno. Mais c’est une autre histoire…
Randonnées sur le glacier
Pour les plus aventuriers, désireux de vivre une expérience plus poussée, il est possible de randonner sur la surface du glacier.
Connaitre le glacier de l’intérieur, telle est la promesse de ces trekkings. Nécessairement accompagnés de guides expérimentés, les randonneurs ont l’opportunité :
- d’explorer les formations naturelles du glacier (lagunes, dolines, crevasses, grottes, etc.) ;
- d’en apprendre davantage sur sa géologie et son histoire.
En général, les trekkings proposés aux touristes qui n’ont pas coutume de marcher sur la glace s’inscrivent dans des circuits d’1 journée. On part le matin, à 7 h ou 8 h, d’El Calafate, puis on rentre en fin d’après-midi.
Systématiquement, le tour commence par une traversée en bateau du Brazo Rico.
De l’autre côté de la côte, les participants sont guidés jusqu’à un refuge pour être équipés de crampons.
S’ensuit la marche sur le Perito Moreno, en tant que telle, qui dure 1 h 30 ou 3 h 30, selon les options et le niveau de difficulté choisis.
Cette activité est, notamment, proposée par les entreprises Hielo y Aventura et Calafate Tours.
Certes, le coût est proportionnel à la durée et à la complexité du parcours. Mais, dans tous les cas, un budget conséquent est à prévoir. Les tarifs piquent sérieusement.
Nadia, l’une de mes meilleures amies argentines, parle encore régulièrement de cette expérience exceptionnelle qu’elle décrit comme une immersion totale dans l’univers glaciaire.
Observation du glacier en bateau
L’une des façons les plus prisées d’apprécier la majesté du Perito Moreno est de le découvrir depuis l’eau.
Les croisières d’1 heure sur le Brazo Rico du Lago Argentino permettent de s’approcher du glacier et d’admirer les icebergs flottants. Une distance de sécurité est observée, donc pas de risque d’être l’acteur d’un remake de Titanic.
Les catamarans, confortables, sont conçus pour offrir une vision panoramique du glacier, révéler sa silhouette massive et sublimer les contrastes entre l’eau et la glace.
Au cours des croisières, les guides et/ou audioguides fournissent des commentaires détaillés sur l’histoire géologique du glacier, ainsi que sur les phénomènes de vêlage observés au fil des années.
L’entreprise Hielo y Aventura organise au moins 3 départs tous les jours depuis le Puerto Bajo Las Sombras situé à 7 km du glacier, le long de la route le reliant à El Calafate.
Cette activité est proposée toute l’année. Contrairement aux trekkings, elle n’est donc pas suspendue au cours de l’hiver austral.
Visite du glacier en kayak
Ici, il faudra être aventureux et sportif, car, lors de cette expérience immersive, les participants pagayent au plus près du glacier, encadrés par des guides professionnels.
En kayak, la perspective sur le Perito Moreno se veut plus singulière et intimiste, par l’exploration des recoins moins accessibles du lac, loin des groupes touristiques qui se pressent dans les bateaux ou sur les passerelles.
Ressentir la fraîcheur de l’eau, observer de près les nuances et textures de la glace garantit une expérience sensorielle syncrétique. Sans compter les muscles tétanisés par l’acide lactique (et les courbatures le lendemain). Mais, les partisans de l’enfantement (et du vêlage) dans la douleur nous rappellent souvent qu’on n’a rien, sans rien.
Plus sérieusement, les instructeurs expérimentés garantissent la sécurité des participants en leur offrant la liberté de pagayer à leur rythme.
Cette activité est organisée par l’entreprise Mil Outdoor. Un départ a lieu tous les jours à 10 h (sauf en juin et juillet). Durée : 3 h (dont 1 h 30 en kayak sur le lac).
Faune et flore autour du glacier
Sans surprise, les conditions climatiques extrêmes sont peu propices au développement d’une faune et d’une flore exubérantes sur le Perito Moreno.
En dehors des micro-organismes tels que les bactéries, les dragons de Patagonie – des insectes d’environ 2 cm – sont les seuls animaux qui naissent, se développent et meurent sur le glacier.
Identifiée en 1952, l’espèce Andiperla willinki vit exclusivement sur les glaciers du sud de l’Argentine et du Chili. Les larves vivent dans des puits et ruisseaux sur la glace, tandis que les adultes se déplacent à la surface pour se nourrir et se reproduire. Leur régime alimentaire est principalement composé de restes organiques.
En 2019, une espèce apparentée, Andiperla morenensis – dont les spécimens ont des organes génitaux différents de leurs cousins Andiperla willinki – a été découverte sur le seul Perito Moreno.
Bref, si vous allez marcher sur le glacier, vous ferez peut-être leur connaissance.
La région du Perito Moreno, quant à elle, abrite une biodiversité bien plus riche :
🌿 Flore
Trois espèces d’arbres sont caractéristiques des forêts andines patagoniques :
- Le guindo (Nothofagus betuloides) est doté d’un feuillage persistant qui nécessite une humidité importante.
- La lenga (Nothofagus pumilio) et le ñire (Nothofagus antarctica), variétés de hêtres subantarctiques, deviennent d’un intense coloris rouge au début de l’automne.
🦌 Faune :
- Le condor des Andes est caractérisé par sa grande envergure (3 m !) et sa capacité à utiliser les courants d’air pour planer sans effort.
- Le pic-vert géant, avec son bec en forme de ciseau et sa longue langue extensible, se nourrit de larves après les avoir extraites des arbres.
- Le puma, plus grand prédateur de Patagonie, est le dernier maillon de la chaine alimentaire. Si vous le croisez (ce qui est très improbable) : criez, levez les bras, puis restez immobile face à lui. C’est le meilleur moyen pour qu’il ne vous dévore pas.
- Le huemul est un cerf en danger d’extinction (tout comme le Taruca, son cousin du nord, représenté sur un billet argentin). Emblème du Parque Nacional Los Glaciares, le huemul a été déclaré monument naturel par le Parlement argentin en 1996.
Climat et meilleures périodes pour visiter
À cette latitude, au-delà de 1 000 m, l’écosystème devient l’un des plus hostiles de la planète.
Cependant, à 180 m d’altitude, le Perito Moreno et la péninsule de Magellan sont des territoires bien plus accueillants.
Le climat est froid, subpolaire océanique, avec des températures variant entre -2°C en hiver et 15°C en été (pour 7,5°C de moyenne annuelle).
🌤️ Meilleure période pour visiter :
- Novembre à mars (printemps et été austral) : journées longues et températures plus clémentes.
- Juillet à septembre (hiver austral) : moins de touristes, paysage enneigé, mais certaines activités (trekking et kayak, notamment) sont indisponibles
📌 Conseil vestimentaire et équipement recommandé :
- Plusieurs couches de vêtements, chauds et imperméables, pour affronter le froid.
- Lunettes de soleil, crème solaire, chapeau et gants.
- Chaussures et bâtons de marche, qui apportent plus de stabilité sur les surfaces glissantes, pour randonner sur le glacier ou les sentiers les plus difficiles.
Comment se rendre au glacier Perito Moreno ?
✈ L’aéroport international d’El Calafate Comandante Armando Tola (code IATA : FTE) est desservi par des vols nationaux et internationaux.
Une navette relie l’aéroport au centre-ville. Un départ tous les 1/4 d’heure environ.
🚌 En Bus
« Francisco Moreno, relève-toi, ils sont devenus fous ! ».
À l’heure où sont écrites ces lignes, le trajet en bus de 80 km entre El Calafate et le Parc Nacional Los Glaciares coûte 50 000 ARS (l’aller simple !).
Oui, vous avez bien lu. Autant sinon plus que le prix d’une place dans un bus reliant Buenos Aires à Córdoba (715 km, soit une distance presque 9 fois plus importante).
La Patagonie coûte cher, certes. Mais, un tel prix semble totalement injustifiable.
Always Glacier, Taqsa et Caltur, les 3 entreprises opérant sur ce tronçon méritent un carton rouge.
Si cette escroquerie légale ne vous pose pas de problème, sachez que chacune d’entre elles propose au moins 2 départs par jour, du début de matinée au début d’après-midi. Les horaires peuvent être consultés sur busbud ou central de pasajes. Durée du trajet : 1 h 30.
🚗 En voiture
La gloutonnerie des uns fait le bonheur des autres, à savoir des taxis, Uber, loueurs de voiture ou encore petites agences proposant le déplacement en van.
La route 11, asphaltée et bien entretenue, relie El Calafate et le Perito Moreno. En principe, elle est accessible toute l’année.
Si vous êtes plusieurs ou si vous trouvez d’autres âmes en peine (de bus) dans les rues, bars et hôtels d’El Calafate, partager un véhicule (et donc les frais de déplacement) est l’option numéro 1.
Voici 3 contacts à privilégier lors de votre séjour à El Calafate :
| Nom | N° WhatsApp | Prix en ARS aller-retour | Nombre max. de passagers |
| Fabian | + 54 9 11 5832 4657 | 90 000 | 4 |
| Ivana | +54 9 2966 30 66 25 | 108 000 | 4 |
| Leila | +54 9 11 6715 2585 | 120 000 à 150 000 | 4 à 6 |
Tous les 3 prévoient des arrêts à des points panoramiques sur le trajet conduisant au Perito Moreno.
Une fois sur place, ils vous attendent jusqu’à 4 heures, ce qui laisse le temps d’admirer le glacier sous toutes ses coutures depuis les passerelles et les sentiers alentour.
Hébergement et restauration
De mon humble avis, El Calafate est une ville très touristique et peu agréable, même si elle est baignée par le magnifique Lago Argentino.
Les hôtels, bars et restaurants ne manquent pas.
Où dormir ?
Pour des options bon marché (ce qui est très relatif dans les parages, surtout en été), voici quelques valeurs sûres :
- America Del Sur Hostel | Adresse : Puerto Deseado 153
- Folk Hostel | Adresse : José R. Haro 424
- Viajero Hostel | Adresse : De los Sauces 3366
En milieu de gamme (hôtel 3 étoiles), La Estepa, bien qu’excentrée, est une halte agréable. Adresse : Av. del Libertador General San Martin 5310
Que manger ?
À l’exception de l’île Chiloé au Chili où tout restaurant digne de ce nom cuisine un excellent curanto, ne comptez pas sur la Patagonie pour faire des découvertes gastronomiques mémorables.
À El Calafate, en sus des spécialités argentines habituelles, vous pourrez tester –, à condition de ne pas être végétarien – le cordero Patagónico (agneau rôti) ou la truite de Patagonie. Mais, il ne s’agit aucunement de spécialités locales.
Impact du changement climatique sur le glacier
Vous lirez dans la plupart des écrits disponibles sur le web (y compris sur Wikipédia) ou ailleurs que, contrairement à la plupart des glaciers, le Perito Moreno avance.
Bon, préparez vos mouchoirs (ou retenez vos larmes), ce n’est plus vrai. Ou en tout cas, il y a de très bonnes raisons de penser que ce n’est plus vrai et que la reine des glaces compactées a fini, elle aussi, par être rattrapée par la dure réalité du changement climatique.
Au cours de plusieurs décennies d’observations, si le Perito Moreno pouvait perdre ou gagner de la masse, au moment du bilan, il était stable.
Or, depuis 2020, les mesures réalisées par les chercheurs de l’Instituto Argentino de Nivología, Glaciología y Ciencias Ambientales (Ianigla) et du Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (Conicet) ont observé un recul du Perito Moreno principalement sur son front nord, le long du Canal de los Témpanos, et dans une moindre mesure sur la face sud.
Les données fournies par les radars à pénétration de sol et les images satellites sont incontestables :
Ce phénomène de perte de masse des glaciers a également été observé dans d’autres glaciers de la région patagonique argentine, comme l’Upsala. Il y a quelques années, un processus de mouvement et d’amincissement de ce glacier proche du Perito Moreno, avec qui il partage le Lago Argentino, a provoqué un recul de 300 m en 8 mois dans son secteur est.
Un fort recul ayant été constaté en 1947, pour l’instant, les scientifiques font preuve de prudence et continuent à examiner attentivement le Perito Moreno.
Le glaciologue Lucas Ruiz, membre de l’équipe de chercheurs ayant documenté la situation, a donné une conférence à El Calafate en avril 2024. Il a, notamment, expliqué que si le glacier perd son ancrage avec la péninsule de Magellan, il pourrait reculer de plusieurs centaines de mètres jusqu’à trouver un nouveau point d’équilibre.
Si cela se produisait, il faudrait amener des jumelles pour l’observer depuis les passerelles.
Au-delà de l’impact sur l’économie du tourisme, la fonte des glaciers continentaux priverait la région et la planète d’un réservoir d’eau douce qui joue un rôle essentiel lors des périodes de sécheresse.
En conclusion
Le glacier Perito Moreno, facile d’accès depuis El Calafate, offre un spectacle unique.
Que ce soit à pied, en bateau ou en kayak, les expériences autour du glacier sont inoubliables.
Un mot sur l’auteur
