Article mis à jour le 9 février 2025
Encore plus que la 9 de Julio et son Obelisco, dans le quartier de San Nicolas à Buenos Aires, l’Avenida de Mayo est l’artère emblématique de la ville. Son nom commémore, au quotidien, la Revolución de Mayo 1810 qui a conduit à l’indépendance de l’Argentine.
Depuis la Plaza de Mayo, son tracé relie les 2 institutions majeures de la vie politique argentine : la Casa Rosada (siège du pouvoir exécutif), à l’est, et le Congreso de la Nación Argentina (siège du pouvoir législatif), à l’ouest.
Parcourir l’Avenida de Mayo, de préférence à pied, est une activité touristique à part entière qui mêle histoire, architecture et culture tout en réservant de nombreuses surprises. Ouvrez grand les yeux et suivez-moi dans cette exploration.
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Pas le temps de tout lire ? Voici les infos à retenir :
- La Plaza de Mayo, à l’extrémité est de l’Avenida de Mayo, est l’un des lieux les plus incontournables de Buenos Aires. De plus, elle est entourée de certains des monuments les plus emblématiques de la ville : Casa Rosada, Catedral Metropolitana, Cabildo, etc.
- Le Congreso de la Nación Argentina et la Plaza del Congreso, à l’extrémité ouest de l’Avenida de Mayo, sont tout aussi remarquables.
- London City, Café Tortoni, 36 Billares, Confitería del Molino, etc. : en suivant le tracé de l’Avenida de Mayo vous passerez devant plusieurs bars notables. Idéal pour une pause gourmande (culturellement et gastronomiquement).
Besoin d’explications complémentaires ? Voici ce que propose cet article :
- Un peu d’histoire pour les nuls (dont je fais partie)
- Carte des lieux à visiter le long de l’Avenida de Mayo
- Restaurants bon marché
- Plaza de Mayo
- Casa Rosada
- Antigua Sede del Congreso de la Nación Argentina | Ancien siège du Congrès national
- Banco de la Nación Argentina
- Catedral Metropolitana
- Antiguo Palacio del Gobierno de la Ciudad de Buenos Aires | Ancien Palais du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires
- Cabildo
- Casa de la Cultura de la Ciudad / Maison de la Culture de la Ville
- London City
- Café Tortoni
- Academia Nacional de Tango
- Club Español
- Monumento al Quijote | Monument à Don Quichotte
- Teatro Avenida
- 36 Billares
- Palacio Barolo
- Edificio La inmobiliaria | Immeuble La Inmobiliaria
- Teatro Liceo
- Plaza del Congreso
- Confitería del Molino
- Congreso de la Nación Argentina
- En conclusion
- Un mot sur l’auteur
Un peu d’histoire pour les nuls (dont je fais partie)
Saviez-vous qu’elle était la première avenue de la ville de Buenos Aires et également d’Amérique du Sud ? Son tracé a commencé à être imaginé en 1884, la même année où la vieille recova (arcade qui entourait la Plaza de Mayo) a été démolie. Mais son processus d’ouverture a pris 10 ans.
Torcuato de Alvear, premier maire de la ville, a proposé d’élargir le passage afin de poser les bases d’une cité plus propre, soignée et moderne.
Le but initial était que l’avenue améliore le trafic et relie le port à la station Once de Septiembre. Mais ce choix a également été encouragé par la terrible épidémie de fièvre jaune de 1870 et 1871 : il est devenu évident que Buenos Aires se développait, que la quantité d’habitants augmentait et qu’il était essentiel de maintenir l’hygiène. En ce sens, une voie de 30 m de large était préférable aux ruelles étroites qui existaient jusqu’alors.
Le projet original partait du principe que les propriétaires des terrains nécessaires pour ouvrir l’avenue les donneraient, car l’œuvre valoriserait le reste de leurs propriétés. Si la majorité a effectivement agi ainsi, certains ont spéculé et ont demandé bien plus que ce que valaient les terrains.
Lorsque la construction a commencé en 1888, Alvear avait déjà terminé son mandat. Antonino Crespo, le nouveau maire, pensait que la véritable amélioration et la modernité viendraient non pas avec des avenues, mais avec des diagonales. Ainsi, la commission de l’Avenida de Mayo, créée des années auparavant pour suivre l’avancée du projet, avait de plus en plus de mal à négocier avec les propriétaires. Ces derniers croyaient que l’idée serait abandonnée et il était difficile de les convaincre.
La crise économique de 1890 a aggravé la situation. Par manque de budget, tout a été suspendu pendant 2 ans. Finalement, le projet a été relancé.
Officiellement, l’Avenida de Mayo a été inaugurée le 9 juillet 1894, 78 ans après l’indépendance déclarée par le Congrès de Tucumán. Puis, le pavage de toute l’artère a été achevé le 6 mai 1896.
Peu à peu, les bâtiments de ces pâtés de maisons ont été construits. L’architecture européenne du début du XXe siècle (et, notamment, les grands boulevards parisiens) a été la principale source d’inspiration. Néanmoins, la section allant de l’Avenida 9 de Julio à la Diagonal Presidente Luis Sáenz Peña a une influence espagnole marquée. Les bâtiments ont été conçus et réalisés par une génération d’architectes qui, pour la plupart, provenaient du vieux continent.
Les bars, restaurants et hôtels, encore très typiques de l’avenue de Mayo, sont peu à peu apparus. Tous portaient l’empreinte de la communauté espagnole qui était arrivée dans le pays au début du siècle dernier. C’est pourquoi l’Avenida de Mayo est souvent comparée à la Gran Vía de Madrid.
Les styles art nouveau, belle époque et art déco ont inspiré les édifices bâtis le long de l’avenue. De plus, l’Avenida de Mayo a toujours été à la pointe des progrès technologiques :
- Le premier ascenseur de Buenos Aires a été installé dans un immeuble de l’avenue.
- En 1913, l’artère a accueilli la première station de métro de Buenos Aires, qui était le premier métro construit en dehors des États-Unis et de l’Europe.
Il a fallu beaucoup de temps pour que l’Avenida de Mayo relie les deux institutions fondamentales que sont la Casa Rosada (siège du pouvoir exécutif) au Congreso de la Nación Argentina (parlement). En effet, à ses débuts, comme nous le verrons juste après, le Congreso n’était pas à son emplacement actuel.
Tout au long de ces pâtés de maisons ont eu lieu les commémorations du centenaire de l’indépendance. Depuis lors et jusqu’à nos jours, elle est le théâtre de diverses manifestations populaires et politiques.
Déclarée lieu historique national, avec ses bars notables et ses merveilleux bâtiments, elle jouit d’une protection patrimoniale, qui implique des restrictions sur les modifications des façades et l’affichage publicitaire.
Carte des lieux à visiter le long de l’Avenida de Mayo
30 min suffisent pour parcourir l’Avenida de Mayo à pied. En revanche, suivre son tracé dans une perspective touristique peut facilement prendre une journée. Sans prétendre à l’exhaustivité, cet article présente les principales attractions que vous trouverez en progressant vers l’ouest depuis la Plaza de Mayo.
Les sites d’intérêts présentés dans les lignes qui suivent figurent sur cette carte interactive :
Restaurants bon marché
Si une pause déjeuner dans l’un des bars notables de l’avenue est au-dessus de vos moyens, sachez qu’il existe des possibilités de manger équilibré à prix doux sur l’Avenida de Mayo.
La solution passe par les restaurants où la nourriture est vendue au poids (une formule très répandue en Argentine) : vous remplissez votre assiette de ce que vous voulez (choix abondant), elle est pesée et vous payez un prix en fonction du poids et du type d’aliment.
Je vous recommande 2 adresses où une assiette bien garnie (boisson non incluse) vous coûtera environ 8 000 pesos argentins (ARS) :
- DeliWok | Avenida de Mayo 1124 (à proximité de l’intersection avec l’Avenida 9 de Julio)
- Comida al peso | Avenida de Mayo 1339
Sur la carte interactive ci-dessus, les 2 établissements sont représentés par un couteau et une fourchette en croix, sur fond noir.
Plaza de Mayo
Cercle GRIS CLAIR sur la carte | Adresse : Avenida Hipolito Yrigoyen et Balcarce
La Plaza de Mayo, la plus ancienne de Buenos Aires, a été le théâtre de la majorité des événements politiques les plus importants de l’histoire argentine. Son nom est un hommage à la Révolution du 25 mai 1810, qui a eu lieu sur cette même place et qui a marqué le début de la lutte pour l’indépendance de l’Argentine. À partir de ce moment-là, les habitants ont commencé à choisir leur propre gouvernement.
Ce point de Buenos Aires est aussi le lieu de la deuxième fondation de la ville, le 11 juin 1580 par Juan de Garay. Elle portait alors le nom de Ciudad de la Santísima Trinidad et Puerto de Santa María del Buen Ayre (ouf…, Buenos Aires c’est quand même plus simple… surtout pour les élèves de maternelle ou pour les adeptes de Twitter). Autour de cette place a grandi le village primitif, jusqu’à devenir le centre politique et économique du pays.
Autour de la Plaza de Mayo se trouvent plusieurs bâtiments historiques et gouvernementaux : le Cabildo, la Catedral Metropolitana (où le pape François a célébré la messe pendant de nombreuses années), la Casa Rosada, l’ancien Palais du Gouvernement de la Ville, des banques et des ministères.
Depuis 1890, date à laquelle a eu lieu le premier acte politique de masse (lors de la fondation de l’Union civique radicale, un parti politique), elle est devenue le théâtre de grandes manifestations sociales. En 1955, elle a fait l’objet d’un bombardement meurtrier par les forces armées argentines lors du coup d’État qui a renversé Juan Domingo Perón. Depuis 1977, le jeudi à 15 h 30, les Mères de la Plaza de Mayo s’y réunissent pour dénoncer la disparition de leurs enfants pendant la dernière dictature civico-militaire (1976-1983). On peut voir au sol des inscriptions qui rappellent les assassinats commis par ce régime ainsi que des représentations du châle blanc porté par les Mères de la Plaza de Mayo :
Par ailleurs, lors de la crise économique de 2001, 5 manifestants ont été tués lors de fusillades avec la police avant que le président Fernando de la Rúa monte dans un hélicoptère pour prenne la poudre d’escampette (ce qui est bien moins létal).
Au centre de la place se trouve la Pirámide de Mayo, monument construit en 1811 pour célébrer le premier anniversaire de la Révolution, et rénové en 1856 par l’artiste et architecte Prilidiano Pueyrredón.
Par ailleurs, entre la Pirámide de Mayo et la Casa Rosada se trouve le monument à Manuel Belgrano, héros de l’indépendance et créateur du drapeau national.
Le 16 août et le 4 septembre 2021, lors des manifestations en mémoire des victimes du Covid-19 (la pandémie a fait 130 000 morts en Argentine), les familles ont décidé de poser des pierres sur les marches entourant le monument :
Desservie par plusieurs stations de métro (Plaza de Mayo, Catedral et Bolivar), la Plaza de Mayo est aisément accessible aux visiteurs. Une visite guidée permettra de découvrir l’histoire et les anecdotes de la place.
Saviez-vous, par exemple, que des courses de taureaux étaient jadis organisées sur la Plaza de Mayo et l’ont été encore quelque temps après la Revolución de Mayo ? Autre fait intéressant : jusqu’au milieu du XIXe siècle, les habitants de la ville n’osaient pas s’approcher du terrain vague voisin de la Cathédrale : ils croyaient que des esprits y erraient et appelaient ce terrain « le Trou des Âmes ». Finalement, l’endroit a disparu avec la construction du premier Teatro Colón, inauguré en 1857. On parle de premier Teatro Colón, car l’actuel théâtre se trouve dans le quartier voisin de San Nicolás, à quelques cuadras au nord de la Plaza de Mayo.
Casa Rosada
Maison VIOLET sur la carte | Adresse : Balcarce 50
La Casa Rosada, siège du pouvoir exécutif national, est un palais situé face à la Plaza de Mayo. Cet imposant bâtiment de couleur rose occupe le terrain où a été érigé en 1595 le Fort de Buenos Aires. Ce dernier a été la résidence des vice-rois espagnols et a abrité, ensuite, avec quelques modifications, les autorités des gouvernements successifs de la patrie.
Le bâtiment actuel est le produit de la fusion de 2 constructions antérieures : le siège présidentiel et le Palais des Postes (à l’angle de l’Avenida Hipólito Yrigoyen et de la rue Balcarce).
Le Palais des Postes, contigu au bâtiment, éclipsait sensiblement le siège du gouvernement. C’est pourquoi le président Julio Argentino Roca a demandé en 1882 un projet d’agrandissement et de réfection qui fusionnerait les 2 bâtiments. Pour les unir, l’architecte italien Francisco Tamburini (responsable du projet original du Teatro Colón) a conçu un grand arc central à l’entrée du 50 rue Balcarce, dont la construction s’est achevée vers 1890. Cela a marqué la fin de l’ancien Fort : seuls quelques murs et 1 meurtrière ont été conservés.
La Casa Rosada, située face à la Plaza de Mayo, est dotée d’un balcon central. Ce dernier a été utilisé par de nombreux présidents pour s’adresser à la foule, y compris par Eva Perón lorsqu’elle était première dame.
Le saviez-vous ?
- Roque Sáenz Peña est le seul président à avoir vécu à l’intérieur de la Casa Rosada, entre 1910 et 1914. Dans le Salon Blanc, des banquets étaient donnés avec jusqu’à 12 plats différents et le menu était toujours écrit en français (voilà sans doute qui a inspiré les festins d’Emmanuel Macron…). La vaisselle était en porcelaine anglaise et française, tout comme l’argenterie et la verrerie. Il reste encore aujourd’hui des palmiers africains : il a été décidé d’en planter lorsque la construction a été francisée avec une touche d’exotisme.
- La couleur rose de la Casa Rosada est souvent attribuée à une volonté de pacification entre les factions politiques en mélangeant le blanc des Unitaires et le rouge des fédéralistes. Une autre théorie plus pragmatique est que la peinture contenait du sang de bœuf pour la rendre plus résistante.
Attention : depuis la pandémie, la Casa Rosada est fermée au public. Seuls les scolaires peuvent y accéder sur autorisation.
Lot de consolation : le Museo de la Casa Rosada, situé à l’emplacement des vestiges de l’Aduana Taylor et du Fort de Buenos Aires (entrée à l’intersection de l’Avenida Hipólito Yrigoyen et de l’Avenida Paseo Colón).
Du mercredi au dimanche (de 11 h à 18 h d’octobre à avril | de 10 h à 17 h de mai à septembre), les visiteurs peuvent en apprendre davantage sur l’histoire politique de l’Argentine. L’entrée est libre et gratuite.
Antigua Sede del Congreso de la Nación Argentina | Ancien siège du Congrès national
Bâtiment avec des colonnes BLEU CLAIR sur la carte | Adresse : Balcarce 139
La chambre des députés et la chambre des sénateurs ont siégé de 1864 à 1905 dans ce bâtiment. C’est là, sous les présidences de Mitre, Sarmiento et Roca qu’il a été décidé de faire de l’Argentine le grenier du monde et de jeter les bases d’un modèle agro exportateur. Depuis, ce choix n’a jamais été remis en cause, alors que sa responsabilité dans les déséquilibres structurels de l’économie argentine est évidente.
Œuvre de Jonás Larguía (l’un des premiers architectes argentins), l’édifice a été déclaré monument historique national en 1942.
Le lieu n’avait pas été choisi par hasard : le général Antonio González Balcarce, héros de l’indépendance argentine, est né sur ce site.
Bien que l’extérieur ait été considérablement transformé, l’intérieur conserve l’estrade et le mobilier originaux, les anciennes lampes à pampilles et la décoration des galeries. Parmi les œuvres d’art présentes, un grand portrait de Valentín Alsina, qui a été sénateur et gouverneur de Buenos Aires, peint par Manzoni en 1871, se distingue particulièrement.
En 1948, les salles de séance ont été restaurées, sous la direction de l’architecte Estanislao Pirovano. Aujourd’hui, ce bâtiment abrite l’Academia Nacional de la Historia de la República Argentina, dont dépend le Museo de l’ancien siège du Congrès national.
Des visites guidées sont organisées les mardis et jeudis de 15 h à 18 h. En dehors de ces horaires, il est possible d’aller frapper à la porte et, avec un peu de chance (comme cela a été le cas pour moi), de bénéficier d’une visite particulière.
Depuis 1906, le siège du pouvoir législatif national est situé au Congreso de la Nación Argentina, à l’autre extrémité de l’Avenida de Mayo, à l’intersection des Avenidas Entre Ríos et Rivadavia. J’y reviendrai plus tard.
Banco de la Nación Argentina
Billet BLEU FONCÉ sur la carte | Adresse : Avenida Rivadavia 326
Situé à proximité de la Casa Rosada, le siège de la Banco de la Nación Argentina est un bâtiment aux caractéristiques monumentales.
Entre 1857 et 1888, le premier Teatro Colón y a fonctionné. Son histoire en tant que banque remonte à l’année 1891. Le système financier argentin était alors en crise (comme toujours diront les esprits taquins…). Le Gouvernement national sous l’impulsion du président Carlos Pellegrini a fondé cette banque avec des capitaux publics pour soutenir les agriculteurs et éleveurs. Aujourd’hui, la Banco de la Nación Argentina compte plus de 500 succursales dans le pays ainsi qu’en Amérique latine, aux États-Unis et en Europe.
Le bâtiment actuel, œuvre de l’architecte Alejandro Bustillo, avec sa façade en pierre, ses sols en granit et ses murs revêtus d’acajou et de cèdre, a été inauguré le 21 juillet 1944.
De plus, à l’intérieur du bâtiment se trouve le Museo Histórico y Numismático del Banco de la Nación Argentina, avec une collection inédite de documents, billets et pièces de monnaie. Si ce sujet vous intéresse, le Museo del Banco Central Héctor Carlos Janson, l’un des meilleurs musées de Buenos Aires, situé non loin de là, est une halte fort recommandable.
Catedral Metropolitana
Croix GRIS FONCÉ sur la carte | Adresse : Avenida Rivadavia et San Martín
Située face à la Plaza de Mayo, la Catedral Metropolitana est le principal siège de l’Église catholique d’Argentine. En plus de son emplacement-clé dans la ville, elle possède une longue histoire de déconvenues architecturales : l’édifice actuel est la 6e construction réalisée à cet endroit depuis la fin du XVIe siècle !
La première construction, en 1593, était une chapelle en adobe. Jusqu’à nos jours, en raison d’inondations, d’incendies, de précarité des matériaux et de défauts structurels, 6 bâtiments se sont succédé à cet emplacement. La construction définitive a commencé en 1752 sous la direction de l’architecte italien Antonio Masella et s’est terminée en 1852, bien que la décoration n’ait été achevée qu’en 1911.
En 1942, la Catedral Metropolitana a été déclarée monument historique national et est considérée comme l’une des œuvres architecturales les plus importantes de l’époque coloniale.
Sa structure finale est néoclassique et présente un profil peu commun pour une cathédrale. À l’instar de l’église de la Madeleine à Paris, elle s’apparente davantage à un temple grec qu’à un édifice catholique classique. En 1822, les Français Próspero Catelin et Pedro Benoit ont conçu la façade, dont les 12 colonnes symbolisent les 12 apôtres de Jésus. Un autre détail important est l’ornementation de la façade, réalisée en 1860 par le sculpteur français Joseph Dubourdieu (également auteur de la figure au sommet de la Pirámide de Mayo) : il a réalisé le bas-relief du fronton, représentant la rencontre de Jacob avec son fils Joseph en Égypte.
L’intérieur, qui comprend des nefs, des chapelles latérales et un transept sous une impressionnante coupole de 41 m de hauteur, n’est pas en reste. Les 14 peintures du Chemin de Croix sont l’œuvre de l’Italien Francesco Domenighini, et se trouvaient à l’origine dans l’Église du Pilar. L’autel principal (doré et de grandes dimensions) s’impose en son centre comme le point le plus marquant. Le sol de la cathédrale est recouvert de mosaïques vénitiennes dotées de divers symboles religieux, comme la fleur de la passion, qui symbolise la Passion du Christ. Le Christ de Buenos Aires, la plus ancienne sculpture visible dans la cathédrale, a été réalisée par le sculpteur portugais Manuel do Coyto en 1671.
En 1877, l’architecte Enrique Alberg a modifié une nef latérale pour accueillir le mausolée du héros de l’indépendance nationale, le général José de San Martín, œuvre du sculpteur Albert Ernest Carrier-Belleuse. 3 figures féminines autour du sarcophage de San Martín représentent l’Argentine, le Chili et le Pérou, pays libérés par le général :
La flamme éternelle rappelle la présence du libérateur et du soldat inconnu des guerres d’indépendance :
Enfin, la Catedral Metropolitana est également un musée en l’honneur du pape François, car, de 1998 jusqu’à sa consécration en tant que souverain pontife le 19 mars 2013, Jorge Bergoglio a été archevêque de Buenos Aires et responsable de l’archidiocèse. Les visiteurs y trouveront des objets personnels et liturgiques qu’il a utilisés durant les 15 années de son ministère pastoral dans la ville.
La Catedral est ouverte tous les jours. Des visites guidées et des audioguides en différentes langues sont disponibles. Une boutique de souvenirs permet d’acheter des objets liés au lieu de culte et au pape François.
Antiguo Palacio del Gobierno de la Ciudad de Buenos Aires | Ancien Palais du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires
Bâtiment avec des colonnes MARRON sur la carte | Adresse : Bolivar 1
Ce bâtiment a été jusqu’en 2015 le siège du pouvoir exécutif de la ville de Buenos Aires.
Il a été construit entre 1891 et 1902 selon le projet de Juan Buschiazzo et sous la direction de Juan María Cagnoni, 2 architectes italiens. Le premier a été directeur des Travaux publics de la Municipalité de Buenos Aires et l’un des artisans des réformes urbanistiques de la fin du XIXe siècle.
Le style du bâtiment est de l’académisme français avec des éléments italianisants, et il a été conçu de manière cohérente avec les principes utilisés simultanément pour l’ouverture de l’Avenida de Mayo.
À l’intérieur, les fresques, escaliers majestueux et salles de réunions sont dignes d’un palais de la République.
Cabildo
Château BLEU FONCÉ sur la carte | Adresse : Bolivar 65
Cet édifice emblématique de la Plaza de Mayo, qui a été le siège de l’administration coloniale, a été construit à partir de 1580. On sait qu’en 1608, les murs étaient en adobe et le toit en paille, ou encore qu’une salle accueillait des réunions et une autre servait de prison. Plus tard, un balcon et des tours en bois et en terre ont été ajoutés.
Mais en 1725, le bâtiment était en très mauvais état. Il a été démoli, puis reconstruit. L’édifice a alors commencé à prendre une nouvelle forme à partir du projet de l’architecte italien Andrés Blanqui. Le premier étage a été achevé en 1748. En 1763, la tour dont le dôme était couvert d’un toit en tôle – et un peu plus haute que l’actuelle – est apparue. Il est alors devenu le Cabildo (conseil communal) de la Santísima Trinidad et Puerto de Santa María del Buen Ayre (ancien nom de la ville), capitale de la vice-royauté du Río de la Plata créé en 1776.
Cette construction a également été le Cabildo des patriotes de la Revolución de 1810.
En 1821, l’institution du Cabildo ayant été abolie, il a commencé à fonctionner comme bâtiment administratif.
En 1889, pour permettre l’ouverture de l’Avenida de Mayo, 3 arches de l’aile nord ont été supprimées.
Puis, au début du XXe siècle, le tracé de l’Avenida Julio Argentino Roca (Diagonal Sur) a entraîné la démolition de 3 autres arches, de l’aile sud.
Vers 1940, l’architecte Mario Buschiazzo a réalisé la dernière grande refonte, qui a restauré en partie le design original de Blanqui. Le style architectural est principalement baroque, avec des influences coloniales espagnoles.
Depuis 1938, le Cabildo abrite également le Museo Histórico Nacional del Cabildo y de la Revolución de Mayo. Lors de son ouverture au public en 1939, seules les salles de l’étage supérieur étaient accessibles.
Aujourd’hui, le musée est ouvert du mercredi au dimanche de 10 h 30 à 18 h. L’entrée est libre et gratuite.
Son patrimoine est constitué par le bâtiment lui-même (intérieur, balcons et patio) et par des collections comprenant des documents, peintures et objets du XVIIe au XXe siècle.
Dans la salle dédiée au Cabildo en tant qu’institution, on peut observer l’activité qui s’y déroulait à l’époque de la colonie espagnole. Parmi les objets exposés, on trouve l’Étendard royal et le coffre-fort où étaient conservées les pièces collectées par le Cabildo grâce à la perception des impôts. On peut également y voir le Règlement des milices de 1801, un document décrivant comment les citoyens devaient former des corps armés en cas de nécessité de défendre la ville.
Pour les célébrations du bicentenaire de la Revolución de Mayo, des travaux de restauration du musée ont été réalisés et des systèmes de communication interactifs modernes ont été intégrés pour favoriser la participation des visiteurs. Depuis lors, le musée dispose de 2 écrans tactiles. L’un d’eux permet de comparer la localisation des points géographiques les plus importants de Buenos Aires en 1810 à leur position en 2010. Poursuivant dans cette voie, les dernières rénovations, en 2016, ont inclus l’accès à l’ancienne prison et ajouté des expositions interactives.
Casa de la Cultura de la Ciudad / Maison de la Culture de la Ville
Château ORANGE sur la carte | Adresse : Avenida De Mayo 575
Attention : depuis mi-octobre 2024, la Casa de la Cultura fait l’objet de travaux de restauration. Elle est fermée au public jusqu’à nouvel ordre.
La Casa de la Cultura est l’ancien siège du journal La Prensa et l’un des bâtiments les plus luxueux construits au du XIXe siècle. Elle appartient aujourd’hui à la ville de Buenos Aires, qui y organise divers spectacles, cours et ateliers, en plus d’y avoir des bureaux.
Construit en 1898 par les ingénieurs Carlos Agote et Alberto Gainza pour accueillir le journal de José C. Paz, fondateur de La Prensa, il possède des intérieurs majestueux réalisés par des entreprises françaises, parmi lesquels se distingue le Salon doré, au 1er étage. Le grand lampadaire en bronze doré, œuvre du sculpteur Maurice Bouval, pèse 4,5 t. Le bâtiment (de 6 étages et 2 sous-sols) s’articule autour d’une cour centrale. À son époque, il était doté des dernières technologies : un système de communication interne par tubes pneumatiques, des téléphones, et des émetteurs et récepteurs de câbles d’actualités. Le bâtiment est couronné par un magnifique lampadaire en bronze doré, représentant Athéna, la déesse de la sagesse.
Le journal La Prensa était une institution d’une importance considérable (surtout lorsqu’il s’agissait de soutenir les coups d’État contre Hipólito Yrigoyen en 1930, puis contre Juan Domingo Perón en 1955) : il avait une bibliothèque avec plus de 80 000 volumes et offrait divers services comme des consultations médicales et juridiques, une école de musique, etc. Il avait l’habitude d’annoncer les nouvelles les plus importantes en faisant retentir une sirène. Elle a été utilisée pour la première fois en 1900, lors de l’assassinat du roi Humberto Ier d’Italie, et de nouveau pour célébrer la victoire à la Coupe du Monde de Football en 1978, ainsi que le retour à la démocratie et l’investiture du président Raúl Alfonsín en 1983. Même si le journal existe toujours, faillites et multiples changements de propriétaires ont réduit son influence à peau de chagrin. Heureusement pour les partisans de l’éternel hier, le quotidien Clarín a su prendre le relais avec brio (ironie).
La Casa de la Cultura a été déclarée monument historique national en 1995. Cet engagement en faveur de la préservation du patrimoine culturel s’est traduit par des restaurations des peintures murales et des panneaux qui relatent des histoires bibliques.
London City
Tasse VIOLET sur la carte | Adresse : Avenida De Mayo 599
Les propriétaires de ce bar notable inauguré en 1954 ont choisi ce nom pour évoquer une atmosphère cosmopolite et sophistiquée, inspirée par l’élégance et le prestige associés à la capitale anglaise. Leur but était d’attirer une clientèle cultivée.
Objectif atteint : London City a été le rendez-vous de poètes, artistes et politiciens qui, dans la seconde moitié du XXe siècle, se déplaçaient du palais municipal (siège du pouvoir exécutif jusqu’en 2015, dont il a été question précédemment) au bâtiment de l’ancien Conseil délibérant (aujourd’hui, législature de la ville).
Il était également un lieu de rencontre pour les journalistes qui entraient et sortaient du bâtiment du journal La Prensa (aujourd’hui, Casa de la Cultura). L’écrivain Julio Cortázar s’asseyait souvent à ses tables. C’est précisément là qu’il a écrit le roman Les Gagnants (1960) et a fait du London le cadre de l’intrigue. Vous pourrez même aller lui demander un autographe :
Aujourd’hui, London City se définit comme « le clasique du bon goût ». A vous et à vos papilles gustatives d’en juger.
Le bâtiment avait initialement été construit en 1890 pour héberger le tailleur Schwartz & Marolda et est l’une des premières constructions de ce type à avoir été érigée sur l’Avenida de Mayo, alors qu’elle n’était pas encore achevée.
En 1910, il a été vendu à la firme Gath & Chávez, qui l’a utilisé comme magasin de vêtements. À cette époque, l’architecte italien Salvatore Mirate l’a rénové et agrandi, en utilisant des matériaux tels que le fer et le verre pour la façade, caractéristiques de l’art nouveau. Il y a également ajouté une grande coupole.
Café Tortoni
Tasse VERT FONCÉ sur la carte | Adresse : Avenida De Mayo 825
Fondé en 1858, le Café Tortoni est le plus ancien bar de la ville. Une partie importante de l’histoire de Buenos Aires est gravée dans ses tables en marbre et ses murs, car parmi ses clients les plus illustres se trouvaient les écrivains Jorge Luis Borges et Federico García Lorca, les musiciens Arthur Rubinstein et Carlos Gardel, le président argentin Marcelo Torcuato de Alvear ou encore le coureur automobile Juan Manuel Fangio. La Peña, une association culturelle encourageant les arts et les lettres, a fonctionné dans la cave du café de 1926 à 1943.
Son premier propriétaire était un immigrant français nommé Jean Touan, qui l’a baptisé en hommage à un autre célèbre Café Tortoni de Paris. La façade imposante donnant sur l’Avenida de Mayo a été réalisée par l’architecte Alejandro Christophersen en 1898.
Outre ses tables en marbre, ses vitraux, ses lampes Tiffany et son mobilier en bois contribuent à son charme. La valeur du plafond en verre est estimée à 1,4 million de dollars !
Actuellement, des spectacles de jazz et de tango sont présentés, en soirée, au sous-sol du Tortoni. Pour patienter ou simplement par gourmandise, le lieu est idéal pour engloutir quelques medialunas (croissants argentins) et facturas (pâtisseries), en les accompagnant d’un café.
Saviez-vous que Carlos Gardel avait toujours une table réservée pour lui au Café Tortoni, à l’abri des regards de ses admirateurs ? Selon le poète Enrique Cadícamo, elle se trouvait sur le côté droit du salon près de la fenêtre, en entrant par la rue Rivadavia.
Academia Nacional de Tango
Danseur ORANGE sur la carte | Adresse : Avenida De Mayo 833
L’Academia Nacional de Tango a été créée le 28 juin 1990 par décret du gouvernement argentin afin de préserver le patrimoine culturel du tango. Elle a été présidée par le poète et parolier Horacio Ferrer, jusqu’à sa mort en 2014. Elle est située juste à côté du Café Tortoni.
L’Academia abrite, en plus des bureaux administratifs, le Museo Mundial del Tango, une galerie d’art, le lycée supérieur (où est dispensé un cours de tango d’une durée de 3 ans) et des salles où se donnent des cours de danse.
Le musée est ouvert du lundi au jeudi de 14 h à 19 h. Avant sa fermeture saisonnière (il rouvrira en mars 2025), l’entrée coûtait 2 000 ARS. Pour qui veut découvrir l’histoire du tango argentin, les différents courants artistiques et comprendre les influence réciproques des grands noms , les panneaux explicatifs (par grandes périodes historiques) sont très riches en explications.
Enfin, l’Académie, qui possède une bibliothèque riche en ressources sur le tango, publie des livres et des périodiques comme El Chamuyo et El Chamuyito.
Club Español
Couverts ROUGE sur la carte | Bernardo de Irigoyen 172
La première pierre du Club Español a été posée le 27 septembre 1908, en présence du président de la Nation, le Dr. José Figueroa Alcorta.
Fidèle représentant de l’architecture éclectique de Buenos Aires, ce bâtiment, inauguré en 1911, combine des éléments stylistiques traditionnels avec ceux de l’avant-garde de l’époque. Il a été conçu par l’architecte néerlandais Enrique Folkers.
Parmi ses multiples influences, on trouve des traits néo-romantiques, néo-renaissance, de l’architecture flamande, du Jugendstil (art nouveau allemand) et du modernisme catalan. Des arcs de style néo-mudéjars couronnent les fenêtres. La coupole est surmontée de la sculpture El genio alado de l’artiste barcelonais Torcuato Tasso y Nadal. L’escalier d’honneur a été construit avec des marbres importés d’Espagne et d’Italie :
Le Club Español témoigne de l’empreinte de la communauté espagnole dans la Ville et, surtout, sur l’Avenida de Mayo. Toujours actif, il organise des visites guidées et accueille divers événements culturels et sociaux. Cerise sur le gâteau, le restaurant du club permet de déguster une excellente cuisine espagnole (même si, le temps de votre séjour, vous privilégierez sans doute les spécialités argentines).
Monumento al Quijote | Monument à Don Quichotte
Livre MARRON sur la carte | Adresse : Avenida Hipolito Yrigoyen y Lima
Arrivé en 1980, le Monumento al Quijote, est un cadeau du Gouvernement espagnol à l’occasion du 400e anniversaire de la 2e fondation de Buenos Aires. Il a été inauguré en présence de la reine Sofia.
Cette œuvre du sculpteur andalou Aurelio Teno rend hommage au protagoniste des aventures de l’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, roman écrit par Miguel de Cervantes Saavedra au début du XVIIe siècle (1605 pour la première partie et 1615 pour la seconde). Son socle en béton blanc et en pierre représente la plaine de La Mancha.
Si sa monture, Rossinante n’a pas été oubliée, on peut regretter que son fidèle écuyer Sancho Panza, éphémère (bien qu’émérite) gouverneur d’archipel, ne soit pas mis à l’honneur. Il erre peut-être dans les rues de Buenos Aires pour dénicher l’introuvable Dulcinée du Toboso. Allez savoir !
Teatro Avenida
Masque BLEU CLAIR sur la carte | Adresse : Avenida de Mayo 1222
Fondé en 1908, le Teatro Avenida fut pendant des décennies un haut lieu de la zarzuela, un genre de théâtre musical espagnol qui combine chant, danse et dialogue parlé, assez similaire à l’opéra comique.
Dans les années 1930 et 1940, il est devenu extrêmement populaire. Grâce à l’actrice Lola Membrives, plusieurs pièces de Federico García Lorca y furent jouées : Bodas de Sangre, Mariana Pineda, La zapatera prodigiosa ou encore (première mondiale) La casa de Bernarda Alba.
En 1979, endommagé à la suite d’un incendie dans un bâtiment voisin, le Teatro Avenida a été contraint de fermer ses portes. Après des travaux de restauration, il a été réinauguré en 1994. Sa salle de 1 200 places continue à accueillir des spectacles prestigieux :
36 Billares
Tasse VERT CLAIR sur la carte | Adresse : Avenida de Mayo 1265
36 Billares a ouvert en tant que café dans un bâtiment de style académique français, construit en 1894 par les architectes Tiphaine et Colmegna pour la Compagnie d’assurance « La Franco Argentina ».
Rapidement, il est devenu le point de rencontre de penseurs et d’intellectuels, qui y ont trouvé un cadre parfait pour échanger leurs idées. Il a, notamment, été fréquenté par les écrivains Federico García Lorca et Abelardo Arias.
Au sous-sol se trouve ce qui lui donne toute sa personnalité : billards, jeux de cartes et de dés, dominos y sont accessibles. Il existe même une école de billard pour ceux qui aimeraient prendre des cours. À l’origine, l’établissement abritait 36 tables de billards, d’où son nom.
En 2013, 36 Billares a été fermé pendant 1 an afin d’être restauré dans le respect de ses caractéristiques historiques.
Aujourd’hui, 36 Billares continue à combiner divertissement et détente dans une ambiance traditionnelle. Les spécialités de la maison sont la pizza à la pierre et la fugazzeta. On y trouve des desserts classiques comme la soupe anglaise, le gâteau Balcarce et la tarte à la ricotta. Mais, le classique (et non diététique) petit-déjeuner « café doble con 2 medialunas » à un prix tout à fait raisonnable n’est pas mal non plus.
Palacio Barolo
Château NOIR sur la carte | Adresse : Avenida de Mayo 1370
Le Palacio Barolo a été construit par l’architecte italien Mario Palanti, à la demande de l’entrepreneur Luis Barolo. Il a été inauguré en 1923, devenant alors le plus haut bâtiment d’Amérique du Sud. Puis, le Kavanagh l’a dépassé en 1936, avant de l’être à son tour, dure loi de l’éphémère gigantisme (viagra ou pas).
Le Barolo présente d’autres caractéristiques qui le rendent unique. Par exemple, il était le premier bâtiment en béton armé de 100 m de hauteur, ce qui a nécessité des permissions spéciales, car il dépassait les limites de hauteur de l’époque. De plus, il est couronné par un phare rotatif de 300 000 bougies au 22e étage. En 1923, ce phare a transmis avec ses lumières le résultat du combat pour le titre mondial de boxe entre Luis Ángel Firpo et Jack Dempsey à New York.
Palanti a également été le créateur du Palacio Salvo à Montevideo (Uruguay), présentant des caractéristiques similaires à celles du Barolo. Ces deux bâtiments du Río de la Plata ont été de véritables pionniers puisqu’ils ont testé l’utilisation verticale du béton, chaque record local correspondant simultanément à un record international.
Palanti et Barolo admiraient Dante Alighieri, et c’est ainsi que le design du palais s’inspire de La Divine Comédie. Le projet a été divisé en 3 parties, qui correspondent à celles de l’œuvre : l’enfer, le purgatoire et le paradis. Par exemple, les 9 voûtes du hall d’entrée représentent les 9 cercles de l’Enfer de Dante, et les motifs de chaînes sur le sol et les murs symbolisent les liens de l’Enfer.
Son style est indéfinissable, puisqu’il présente des caractéristiques du néogothique et de l’art nouveau, mais avec des techniques de construction modernes. Il a également des réminiscences de l’architecture indienne, car Palanti a pris pour référence le palais des Vents à Jaipur et le temple Rajarani à Bhubaneswar.
Malgré toute la minutieuse planification et l’inauguration en grande pompe, l’âge d’or du Palacio Barolo a été bref. La mystérieuse mort de Luis Barolo, la crise économique mondiale de 1929 et la Seconde Guerre mondiale n’ont pas favorisé les investissements dans le pays et ont affecté cet immeuble de près de 400 bureaux, qui avait été conçu pour abriter des entreprises et des professionnels.
C’est grâce à la persévérance de la copropriété que diverses restaurations ont pu être entreprises. En 1997, il a été désigné monument historique national. En 2010, au milieu des festivités du bicentenaire argentin, le gouvernement de la bille de Buenos Aires a impulsé la restauration du phare, déclaré phare du bicentenaire.
Accueillant de l’événementiel (dégustations de vin, mariages, etc.), le Palacio Barolo propose des visites guidées, y compris nocturnes. Elles permettent de découvrir les secrets architecturaux et historiques du bâtiment, et d’accéder au phare pour une vue imprenable sur Buenos Aires.
2 organismes proposent leurs services très coûteux :
- Viajes en compañía, le mardi uniquement | De 10 h à 21 h au prix de 38 500 ARS | Gratuit pour les moins de 5 ans et les personnes handicapées (sur présentation d’un justificatif) | WhatsApp : + 54 9 11 5325 7951
- Los Sombreros Tours, tous les autres jours de la semaine | 38 000 ARS la visite diurne (32 000 pour les étudiants et retraités) et 55 000 ARS la visite nocturne (gratuit pour les moins de 7 ans), avec un verre de vin inclus, sans doute pour aider à digérer le prix astronomique. WhatsApp : +54 9 11 6915-2385 | Sombrero Tours organise aussi des visites thématiques, comme celles basées sur les œuvres de Jorge Luis Borges ou celles où un acteur récite des vers de La Divine Comédie.
Attention : pas d’ascenseur du 14e au 24e étage | 160 marches vous attendent.
Une manière moins onéreuse de découvrir le Palacio Barolo consiste à s’engager dans le majestueux hall, puis d’aller prendre un verre au bar Salón 1923, au 16e étage. Un des plus célèbres rooftop de Buenos Aires.
Edificio La inmobiliaria | Immeuble La Inmobiliaria
Château ROUGE sur la carte | Adresse : Avenida de Mayo 1402
Ce complexe immobilier de 1910, construit dans le cadre de la célébration du centenaire de la Revolución de Mayo, est l’œuvre de l’architecte italien Luigi Broggi.
Il porte le nom d’une des premières compagnies d’assurances de Buenos Aires, fondée par Antonio Devoto.
Une fois encore, son style est éclectique, avec des influences néoclassiques et art nouveau. Outre des balcons en fer forgé, des ornements en stuc et des motifs floraux, des sculptures de Vénus et Apollon se distinguent au dernier étage. Les hautes coupoles rouges aux angles sont parmi les plus photographiées de l’Avenida de Mayo et de la ville :
Aujourd’hui, le bâtiment abrite des bureaux et des appartements.
Teatro Liceo
Masque GRIS CLAIR sur la carte | Adresse : Avenida Rivadavia 1499
Inauguré en 1872, c’est le plus ancien théâtre de Buenos Aires. Œuvre de Juan Bautista Arnaldi, Il est situé en face de l’extrémité nord-est de la Plaza Lorea.
L’abondance de la monnaie en circulation et l’attraction populaire que représentaient les théâtres ont fait que de nombreuses salles de spectacle somptueuses ont été inaugurées à Buenos Aires entre 1880 et 1914. Témoin de cette époque, il a été inauguré sous le nom d’El Dorado avant d’avoir différentes dénominations (Goldoni, Progreso, Rivadavia, Moderno) jusqu’à adopter l’actuelle en 1918.
Le Teatro Liceo n’est pas seulement le plus ancien théâtre de Buenos Aires. Il est aussi un témoin vivant de l’histoire culturelle de la ville. Depuis son inauguration, il a accueilli des spectacles emblématiques comme « Salsa Criolla » d’Enrique Pinti, joué plus de 3 000 fois ! Des artistes de renom comme l’Uruguayenne Luisa Vehil ont foulé ses planches, contribuant à faire du Liceo un lieu incontournable pour les amateurs de théâtre.
Le bâtiment a été remodelé en 2006 par l’architecte Ariel Aidelman, dans un projet de restauration et de conservation de la structure et des matériaux d’origine. Le théâtre a conservé son charme d’antan avec ses marbres et fresques d’origine. Avec une acoustique exceptionnelle et une programmation variée, le Teatro Liceo continue de jouer un rôle central dans la vie culturelle de Buenos Aires.
Plaza del Congreso
Arbre VERT FONCÉ sur la carte | Adresse : Avenida Rivadavia et Avenida Entre Ríos
Faisant face au Congreso de la Nación Argentina dont il sera question juste après, la Plaza del Congreso a été conçue par l’architecte paysagiste français Carlos Thays, responsable de la conception d’importants espaces verts de la ville, tels que le Parque Tres de Febrero dans le quartier de Palermo et la Plaza San Martín à proximité de la gare de Retiro.
Elle fait partie d’un ensemble de 3 places juxtaposées, les 2 autres étant la Plaza Lorea et la Plaza Mariano Moreno. De plus, elle est connectée à la Plaza de Mayo via l’Avenida de Mayo.
Elle a été inaugurée lors des célébrations du centenaire de la Revolución de Mayo de 1810. Vers l’est, sur la place voisine Mariano Moreno, se trouve une réplique du Penseur que le sculpteur français Auguste Rodin a fondue à partir du moule original et qui porte sa signature :
Le Monumento a los Dos Congresos, inauguré en 1914, est l’œuvre des Belges Jules Lagae, sculpteur des figures, et Eugenio D’Huicque, concepteur du socle construit avec de la pierre provenant de Nancy. La sculpture principale en bronze foncé symbolise la République. 2 figures féminines évoquent l’Assemblée de 1813 et le Congrès de Tucumán de 1816, lorsque l’Indépendance nationale a été déclarée. La fontaine qui s’étend vers l’est représente le Río de la Plata, et 2 figures allégoriques symbolisent les rivières Uruguay et Paraná. Sur la Place du Congrès se dresse un monolithe qui indique le kilomètre zéro des routes nationales.
La Plaza del Congreso est un lieu régulièrement choisi pour des manifestations et rassemblements politiques. Par exemple, les vétérans de la Guerre des Malouines y ont été actifs pendant de nombreuses années. Le 30 décembre 2020, elle a été un lieu de célébration par les militantes et militants féministes lorsque le Sénat a légalisé l’IVG.
Confitería del Molino
Tasse JAUNE sur la carte | Adresse : Avenida Rivadavia et Avenida Callao
Les origines de La Confitería del Molino remontent au milieu du XIXe siècle, lorsque les pâtissiers Constantino Rossi et Cayetano Brenna ont ouvert la « Confitería del Centro », à l’angle de Rodriguez Peña et de l’Avenida Rivadavia. En 1866, ils ont changé le nom pour « Antigua Confitería del Molino », en hommage au premier moulin à farine à vapeur de la ville. Mais ce n’est qu’en 1905 que Rossi et Brenna ont acheté le local à l’angle des Avenidas Rivadavia et Callao, juste en face du Congreso de la Nación Argentina pour y installer leur établissement.
Le projet architectural, confié à l’Italien Francisco Gianotti, représentait un grand défi, qui comprenait l’importation de meubles d’Italie, l’achat de verrerie de première qualité, l’ajout de détails en marbre, de vitraux, de poignées et de finitions en bronze. Finalement, l’imposante Confitería del Molino a été inaugurée le 9 juillet 1916, en commémoration du centenaire de l’Indépendance, et est rapidement devenue un emblème de l’art nouveau en Argentine.
En 1930, l’établissement a connu l’un de ses moments les plus difficiles lorsque, lors du coup d’État qui a renversé Hipólito Yrigoyen, il a subi un incendie et a fermé ses portes. La reconstruction a pris presque 1 an.
En 1978, la Confitería del Molino a fait faillite et a été rachetée par les petits-enfants de Cayetano Brenna, qui ont introduit une série d’améliorations pour l’adapter aux exigences de l’époque.
Elle a survécu jusqu’à ce qu’une nouvelle crise économique, en 1997, lui fasse finalement baisser le rideau. Cette même année, elle a été déclarée monument historique national, mais cela n’a pas empêché sa fermeture pendant un quart de siècle.
En 2014, la propriété a été transférée au Congreso de la Nación Argentina et la commission administratrice du bâtiment a commencé une série de travaux de restauration de cette icône architecturale.
Dans le cadre d’un projet conjoint entre la ville de Buenos Aires, le Congreso et le gouvernement national, une équipe multidisciplinaire de spécialistes a travaillé pour mettre en valeur le patrimoine matériel et immatériel du lieu et lui redonner son éclat.
Après plus de 2 décennies de fermeture et un grand travail de restauration, il n’est malheureusement plus possible d’y entrer pour y prendre place et consommer.
Mais, depuis le 8 juillet 2022, des visites guidées sont proposées. Ces visites permettent de découvrir les espaces restaurés et l’histoire de ce bâtiment emblématique, racontée par une équipe de spécialistes. Elles sont gratuites, mais avec des places limitées et nécessitent une inscription préalable, aussi anticipée que possible, via le site internet : delmolino.gob.ar Elles se concluent par un café (ou un thé), dans une ambiance conviviale :
En plus de nombreuses personnalités politiques, ce lieu a vu passer des artistes célèbres tels que Niní Marshall et Libertad Lamarque. De même, des auteurs de renom comme Oliverio Girondo et Roberto Arlt ont écrit sur cet endroit traditionnel de Buenos Aires.
Connue comme la troisième chambre, car elle était le lieu de rencontre par excellence entre sénateurs et députés nationaux, la Confitería est également riche en anecdotes :
- Carlos Gardel a laissé son empreinte avec le dessert Leguisamo, qu’il a demandé au pâtissier Brenna pour rendre hommage à son ami, le jockey Irineo Leguisamo.
- À la suite de la révolution bolchevique, Brenna a inventé l’« Impérial russe », un dessert qui est devenu mondialement célèbre.
- Le tango Gricel, de José María Contursi et Mariano Mores, raconte une histoire d’amour singulière entre Contursi et la protagoniste de la chanson, qui se sont retrouvés à la Confitería del Molino 22 ans après leur rupture.
- Peu avant la dernière fermeture, la chanteuse Madonna, qui était en Argentine pour le tournage du film Evita, a choisi l’établissement pour y tourner un clip.
Les démarches administratives ayant été engagées, les clients devraient y être accueillis prochainement. Pour l’heure, les nostalgiques des cabines téléphoniques piaffent d’impatience :
Congreso de la Nación Argentina
Bâtiment avec des colonnes BLEU FONCÉ sur la carte | Adresse : Avenida Rivadavia y Avenida Entre Ríos
En 1889, le président Juárez Celman a envoyé au Congreso de la Nación Argentina un projet de loi proposant comme emplacement pour un nouveau palais législatif l’îlot délimité par les rues Entre Ríos, Combate de los Pozos, Victoria (aujourd’hui Yrigoyen) et Rivadavia. Il s’agissait de doter le pouvoir législatif d’un siège définitif. Le choix du lieu impliquait de dessiner un axe civique autour de l’Avenida de Mayo : à l’une de ses extrémités se trouveraient la Casa Rosada et le Cabildo, et à l’autre extrémité le Congreso de la Nación Argentina.
La construction de ce palais a commencé en 1897, selon les plans de l’architecte Víctor Meano. Le sculpteur Jules Dormal (l’un des constructeurs du Teatro Colón, avec Meano) a achevé l’œuvre en respectant le projet original. Le bâtiment a été inauguré en 1906, mais les travaux ont continué jusqu’en 1946.
Sa coupole, de 80 m de haut, est l’une des plus grandes de la ville. Le style correspond au haut académisme italien de la fin du XIXe siècle. Le bâtiment est entièrement revêtu de pierre calcaire grise, avec un soubassement en granit. Des sculptures et statues (dont certaines ont été créées par l’artiste argentine Lola Mora) ornent le bâtiment. L’intérieur est décoré par des motifs en bois espagnol, des sols en carreaux allemands et les colonnes corinthiennes en marbre français.
Le 28 décembre 1993, le décret 2676 du Pouvoir exécutif national a élevé le palais du Congreso de la Nación Argentina au rang de monument historique et artistique national. Parmi ses considérants, le décret établit que le bâtiment constitue un repère de l’identité culturelle argentine et qu’il est jugé nécessaire de préserver et de maintenir ses valeurs historiques et esthétiques.
Outre l’activité législative et les rassemblements importants sur la place lors de l’examen de certains textes, les veillées funèbres de grandes personnalités argentines telles que le président Raúl Alfonsín (premier président après le retour de la démocratie) et la chanteuse Mercedes Sosa y ont été organisées.
Des visites guidées gratuites en espagnol et en anglais sont organisées par chacune des chambres :
- du lundi au vendredi à 11 h, 13 h, 15 h et 17 h, par la chambre des députés | entrée : Avenida Rivadavia 1864
- du lundi au vendredi à 12 h et 17 h, par le sénat | entrée : Avenida Hipólito Yrigoyen 1863
Dans les 2 cas, se présenter 15 mn avant avec son passeport (physique ou numérique). Possibilité de réserver sur les sites des institutions.
Attention :
- les visites peuvent être annulées sans préavis en cas d’événements exceptionnels ;
- si vous faites la queue sur le trottoir, par grand beau temps, pensez à emmener un chapeau ou une casquette, car le soleil cogne fort.
En conclusion
Compte tenu des multiples sites d’intérêt à découvrir en suivant son tracé, parcourir la dizaine de cuadras de l’Avenida de Mayo sera probablement l’un des temps forts de votre séjour à Buenos Aires.
N’hésitez pas à partager en commentaire vos impressions et suggestions.